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CRITIQUES DE CONCERTS 29 mars 2024

Suite de l'intégrale pour piano à quatre mains de Schubert par Christian Ivaldi et Jean-Claude Pennetier à la salle Cortot, Paris.

Menu pour gourmets

Le duo à 4 mains Ivaldi-Pennetier

Si, au début de cette intégrale, c'est Schubert que l'on venait écouter, c'est bien maintenant Christian Ivaldi et Jean-Claude Pennetier que l'on vient applaudir. Et rendons-leur grâce, car leur talent nous fait déguster des chefs-d'oeuvre parfois méconnus du compositeur viennois. Au risque de nous faire devenir parfois trop gourmands.
 

Salle Cortot, Paris
Le 14/01/2004
Eugénie ALECIAN
 



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  • En ce beau milieu d'intégrale, on déguste tellement la musique de Schubert que parfois les fondus-enchaînés des pianistes trompent le public qui en reste souvent à compter le nombre de titres pour savoir ce qu'il écoute, voire se demande si le programme a été amputé !

    En grande verve, nos deux compères débutent brillamment par Trois marches héroïques aussi impertinentes qu'héroïques, parfois tristes voire mystérieuses, qui s'achèvent dans un surprenant dialogue masculin-féminin traduit par le croisement de cellules rythmiques aussi entêtées dans des basses coléreuses que dans des aigus sensuels.

    Petit piège ensuite avec l'enchaînement des Ländler et de la Sonate en sib marqué par des applaudissements que Jean-Claude Pennetier arrête d'une main tout en souriant. Amusant lien entre des oeuvres si inspirées de thèmes folkloriques, flirtant de très près avec la Mazurka, et une sonate au profil mozartien, au récit parfois aussi dramatique que celui du Roi des Aulnes.

    Le final très riche en modulations semble faire virevolter des feuilles pour s'achever dans une mini-tornade enthousiasmant le public, qui abordera l'entracte complètement survolté juste après des Variations sur le thème de Hérold aux contrastes ahurissants, dans lesquelles Schubert torture ses interprètes avec des chromatismes infernaux dont se jouent, hilares, les deux pianistes complices.

    Un trou normand que l'entracte fait apprécier avant la Grande marche funèbre écrite in memoriam Alexandre Ier de Russie. L'écriture de Schubert exprime avec pudeur un profond chagrin, sans langueur ni concessions, dont les basses en tréfonds lancinants évoquent souvent La Jeune fille et la Mort. Suit alors une belle détente avec Trois polonaises proches de l'esprit des Ländler, ne seraient les rythmes bien polonais, qui nous transportent donc dans des campagnes plutôt viennoises, où l'on peut presque entendre iouler le piano. La troisième polonaise, toute de velours et d'acier mêlés, prépare parfaitement à l'audition du moment fort – et fort attendu – de cette intégrale : la fameuse Fantaisie en fa mineur D.940.

    Nous sommes au dessert après un festin déjà fort copieux. Trop copieux ? Pas pour le public qui établit un silence quasi religieux pour écouter cette fantaisie. Chef-d'oeuvre absolu du répertoire pour quatre mains, peut-être l'une des rares oeuvres de Schubert qui ne se réfère qu'à elle-même, belle et si redoutable pour les pianistes, la Fantaisie parle à tous les coeurs et traduit tous les sentiments. Le génial duo nous a tant fait sourire à traverser les pièges de tout le programme en s'en gaussant presque qu'il ne craindrait plus rien en abordant cette oeuvre ? Hélas non !

    Les pièges de la Fantaisie ne les épargnent pas en cette fin de programme, et nos héros sont fatigués : sages, timides, oubliant parfois qu'ils sont deux – se percutant comme s'ils cherchaient plus une béquille qu'un partenaire – ou pire, au bord de l'indifférence, notamment à la réexposition. A peine revenus quelques instants dans leur vivacité stimulée par la fugue, ils nous offrent une coda seulement polie.

    A force de délicatesses, on devient trop gourmand peut-être ?


    Prochains concerts de l'intégrale:
    19 février et 4 mars à 20h30
    Reprise à l'été 2004 à la Roque d'Anthéron.




    Salle Cortot, Paris
    Le 14/01/2004
    Eugénie ALECIAN

    Suite de l'intégrale pour piano à quatre mains de Schubert par Christian Ivaldi et Jean-Claude Pennetier à la salle Cortot, Paris.
    Franz Schubert (1797-1828)
    Trois marches héroïques D. 602 (1818)
    Quatre Ländler D.814 (1824)
    Sonate en Sib Majeur D. 617 (1818)
    Variations sur un thème de Hérold D. 908 (1827)
    Grande Marche Funèbre D. 859 (1825)
    Trois Polonaises D.824 (1826)
    Fantaisie en fa mineur D. 940 (1828)

    Christian Ivaldi et Jean-Claude Pennetier, piano à quatre mains

     


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