A soirée exceptionnelle, moyens exceptionnels : trois formations majeures de la pratique médiéviste française (Alla Francesca, Discantus et Alta) pour une prestation de poids, au sens littéral du terme, puisque pas moins d'une vingtaine de musiciens sont ainsi présents, effectif imposant et à peu près unique à ce jour s'agissant d'un concert de musique médiévale. Une telle abondance permet bien sûr des combinaisons de timbres impressionnantes et une exploration passionnante de la diversité des formes (estampie, motet, conduit, organum, chanson etc. ) que le programme, La Cité de Paris sous Saint Louis, contenait en lui-même. Puisant dans les sources écrites que l'on conserve de Paris en ce temps – notamment cette grande nébuleuse sacrée qu'est l'Ecole Notre-Dame, mais aussi dans l'inépuisable vivier des chansons de trouvères et de troubadours (Blondel de Nesle, Moniot de Paris ou encore Adam de la Halle), dont la juxtaposition en un peu moins de deux heures de concert revêt un relief saisissant.

Il faut saluer la maturité à laquelle sont parvenus les intervenants réunis à la Cité de la Musique. Brigitte Lesne et Pierre Hamon oeuvrent inlassablement depuis de nombreuses années à la promotion de leur répertoire, et comptent parmi les références qui ont peu à peu formé nos oreilles. La découverte aura pu être, pour certains, la présence de Pierre Boragno et de son ensemble de hauts instruments, Alta : une fois passée la surprise que provoquent des timbres d'une verdeur étonnante, on ne peut que s'incliner devant leur participation à ce véritable feu d'artifice sonore. Ces artistes ont démontré avec éclat que l'immense diversité sonore du Moyen Âge dépasse amplement les cadres souvent étroits qu'on lui assigne.

On ne le répétera jamais assez : voilà un programme passionnant, et que l'on rêve de voir parcourir la France. Le public, venu en rangs serrés (là aussi, un événement à saluer), lui a fait un triomphe mérité.