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CRITIQUES DE CONCERTS |
12 octobre 2024 |
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Concert de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de David Robertson avec la participation du tromboniste suédois Christian Lindberg à l'Auditorium de Lyon.
Un trombone venu du nord
Le tromboniste Christian Lindberg.
À l'occasion d'une soirée placée sous le signe de la Scandinavie, David Robertson et l'Orchestre national de Lyon accueillaient le prestigieux tromboniste Christian Lindberg pour l'un de ses trop rares apparitions en France. Un concert d'autant plus exceptionnel qu'une grève avait privé les Lyonnais de la séance du jeudi.
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Artiste atypique, Christian Lindberg mérite sans conteste une audience plus large que celle dont il bénéficie actuellement sous nos latitudes. Il faut dire que le musicien suédois se produit relativement peu en France et que le trombone ne fait guère partie des instruments solistes prisés par le grand public. Certes, le grand répertoire, pauvre en matière de concerto pour l'instrument, y est sans doute pour quelque chose, mais des personnalités de telle envergure suffisent à irradier des oeuvres quelquefois peu substantielles.
Les Quatre Impressions norvégiennes de Stravinski avec lesquelles l'orchestre ouvre le concert apparaissent relativement routinières autant par leur contenu que par la manière dont elles sont défendues. Dès son entrée sur scène, Lindberg, vêtu d'un pantalon en cuir et d'une chemise fantaisie, remédie à cette entrée en matière légèrement atone par son enthousiasme communicatif. Dans le Concerto de Leopold Mozart, on perçoit d'emblée que c'est le soliste qui porte l'orchestre, le stimulant dès sa première intervention par un ton vif et alerte. L'ensemble de l'interprétation se distingue avantageusement par sa vigueur, non exempte d'un lyrisme bienvenu et mesuré au cours du mouvement lent.
Sonorité à l'opposé de l'école parisienne
Du reste, la sonorité du trombone alto prescrite par le compositeur convient parfaitement au style de Lindberg dont l'image sonore est empreinte d'un velouté bien particulier : à l'inverse de l'école parisienne de trombone qui privilégie un son clair et droit pour ne vibrer que sur des passages choisis, Lindberg entretient presque chaque note par un vibrato constant. La gestion des attaques, favorisant volontiers la vitesse de l'air au détriment de la technique traditionnelle par coups de langue, lui est également très personnelle et lui permet d'obtenir des attaques plus douces. Néanmoins, ces considérations techniques ne doivent pas faire oublier que le tromboniste suédois est avant tout un musicien extrêmement fin. En témoigne la manière dont il gère les longues notes tenues du mouvement lent, amorçant subtilement le vibrato sur le changement d'harmonie de l'orchestre et se contentant du plus économe crescendo sans jamais sacrifier l'expression.
Retour avec le traditionnel trombone ténor, plus massif, pour ce qui constituera indéniablement le coeur du concert. Si le Motorbike concerto de Sandström ne relève pas des plus grands chefs-d'oeuvre, il est ici idéalement défendu aussi bien par le soliste que par l'orchestre. L'interprétation bénéficie en effet d'une osmose parfaite entre Lindberg et les musiciens de l'ONL, qui pouvait quelquefois faire défaut dans le concerto de Mozart.
Robertson dirige avec précision, donnant toujours la juste mesure à chacun des pupitres ; à la différence de bien de ses confrères, il ne surligne ainsi jamais les parties qu'il désire mettre en relief, soignant avec attention la cohésion sonore de l'ensemble. Ce qui ne l'empêche pas de donner leur juste intensité aux passages les plus puissants. Il démontre également qu'il a su faire de l'ONL un orchestre privilégié pour l'interprétation du répertoire contemporain. Quant à Lindberg, il joue à la perfection et offre une brillante démonstration de virtuosité.
Cursive 2e de Sibelius
Le concert s'achève par une Deuxième symphonie de Sibelius très inspirée que Robertson embrasse d'un seul souffle. Son aspect monolithique est rendu par une battue imperturbable, menant toujours le discours musical de l'avant au moyen de tempos assez rapides. Dommage cependant que cette conception perde un peu de son intérêt dans le Finale – peut-être en raison d'un tempo légèrement en deçà de ce qu'il devrait être par rapport aux mouvements précédents – alors qu'un tuba d'une touche trop grasse grève inutilement l'espace sibélien. Mais l'ensemble reste d'excellente tenue et le chef dose malgré tout avec métier l'orchestration par famille et par blocs du compositeur finlandais pour conclure cette soirée scandinave sur un point d'orgue idéal.
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Auditorium Maurice Ravel, Lyon Le 08/05/2004 Benjamin GRENARD |
| Concert de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de David Robertson avec la participation du tromboniste suédois Christian Lindberg à l'Auditorium de Lyon. | Igor Stravinski (1882-1971)
Quatre Impressions norvégiennes (1942)
Leopold Mozart (1719-1787)
Concerto pour trombone alto et orchestre en sol majeur (1756)
Jan Sandström (*1954)
Concerto pour trombone n°1 « A Motorbike Odyssey » (1989)
Christian Lindberg, trombones alto et ténor
Jean Sibelius (1865-1957)
Symphonie n°2, en ré majeur, op. 43 (1901-1902)
Orchestre national de Lyon
direction : David Robertson | |
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