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CRITIQUES DE CONCERTS 08 mai 2024

RĂ©cital pour piano de Martha Argerich et Nelson Freire Ă  la salle Gaveau, Paris.

Virtuosité transcendée pour deux pianos

Nelson Freire

Soirée phare pour Piano**** avec deux stars du piano sud américain et deux des plus grands pianistes de l'époque. Une rencontre assurément fulgurante, dont la virtuosité transcendée est tout entière au service de la musique.
 

Salle Gaveau, Paris
Le 27/05/2004
GĂ©rard MANNONI
 



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  • Autant certains pianistes jouent les solitaires pendant toute leur carrière, autant Martha Argerich nous aura habituĂ©s Ă  partager l'estrade avec ses collègues. Pas n'importe lesquels, il est vrai, et en l'occurrence Nelson Freire Ă©tait un choix de tout premier ordre. Deux tempĂ©raments diffĂ©rents peuvent très bien s'harmoniser. Argerich et Freire l'ont prouvĂ©. Les emportements de la première se sont quelque peu apaisĂ©s face Ă  la raison plus analytique du second, lequel y a gagnĂ© en Ă©lans nouveaux. Mais, disons-le d'emblĂ©e, toutes ces nuances sont assez tĂ©nues quand il s'agit d'artistes de cette trempe. Leur alliance nous a en tout Ă©tat de cause procurĂ© deux belles heures de grande musique.

    Tout commence assez calmement, avec les Variations pour deux pianos de Brahms sur un thème de Haydn. Un peu trop sage ? On pouvait le penser, même si ces pages ne sont pas à confondre avec les Variations sur un thème de Paganini du même Brahms dont le propos est autre. On ne célèbre pas Haydn comme Paganini, et l'écriture de l'oeuvre monte à quel point Brahms en était conscient, ce que les deux pianistes ont aussi traduit avec la plus totale fidélité. D'ailleurs, avec la Deuxième suite pour deux pianos op.17 de Rachmaninov, on voit tout de suite après qu'ils savent aussi bien libérer dynamique et expression à deux qu'individuellement, dans ces pages assez particulières dans l'oeuvre du compositeur, mais de belle couleur et d'une écriture raffinée.


    Pourtant, c'est en deuxième partie que l'on parvient réellement au sommet espéré. Les Variations sur un thème de Paganini de Lutoslawski sont enlevées avec un abattage incroyable, juste avant de nous plonger dans un Rondo en la majeur pour piano à quatre mains de Schubert très intérieur et néanmoins plein de charme. Un moment de pur bonheur romantique, nuancé, sensible, doux-amer, d'une exactitude d'approche fascinante. Et puis, immersion intégrale dans la folie de la Valse de Ravel dans sa version pour deux pianos. La virtuosité la plus insensée devient ici séduction sensuelle, avec cet arrière plan de morbidité indissociable de ces pages où l'on sent l'angoisse et même la mort tourbillonner entre les crinolines de ce faux bal viennois. L'engagement des deux pianistes dans une osmose absolue est aussi grisant que ce qu'ils nous donnent à entendre, aussi riche que le son d'un orchestre et pourtant exemplaire des splendeurs bien spécifiques de l'art pianistique.

    Rarement la virtuosité aura paru placée aussi intelligemment au service de la musique.




    Salle Gaveau, Paris
    Le 27/05/2004
    GĂ©rard MANNONI

    RĂ©cital pour piano de Martha Argerich et Nelson Freire Ă  la salle Gaveau, Paris.
    Brahms - Rachmaninov - Lutoslawski - Schubert - Ravel
    Martha Argerich et Nelson Freire, piano

     


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