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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Nouvelle production de Capriccio de Richard Strauss dans une mise en scène de Robert Carsen et sous la direction de Günter Neuhold à l'Opéra de Paris.

Le dernier caprice de Hugues Gall
© Eric Mahoudeau

Avec ce nouveau Capriccio de Strauss, ouvrage emblématique sur le monde lyrique, sur la réflexion artistique, Hugues Gall tire sa révérence et prend congé d'un Opéra de Paris qu'il aura dirigé pendant neuf saisons. Quel plus beau cadeau pouvait-il faire aux Parisiens que ce dernier caprice magnifiquement mis en scène et chanté ?
 

Palais Garnier, Paris
Le 26/06/2004
Yannick MILLON
 



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  • Pour sa dernière production Ă  l'OpĂ©ra de Paris, Hugues Gall aura misĂ© sur une valeur sĂ»re en confiant la mise en scène du nouveau Capriccio Ă  Robert Carsen, un habituĂ© de la maison. On connaĂ®t bien l'habiletĂ© du Canadien Ă  actualiser les mises en scène sans les dĂ©tourner, Ă  Ă©purer une scĂ©nographie autrefois trop chargĂ©e. Jouant simplement la carte de la mise en abyme, Carsen fait se dĂ©rouler l'action sur une scène de théâtre, avec la salle en ligne de mire. Et le spectacle dĂ©bute alors que le public finit de gagner la salle du Palais Garnier. Flamand est lĂ , Ă  s'occuper des derniers prĂ©paratifs pour l'exĂ©cution de son Sextuor, et accueille les musiciens qui s'accordent et commencent Ă  jouer pour la Comtesse, prĂ©sente Ă  la corbeille de Garnier. Troublant miroir et double mise en abyme.

    Et quelle habileté au moment de négocier le changement de décor pour la scène finale, quand, rideau redescendu, M. Taupe sort vraiment de la loge du souffleur et s'entretient avec le majordome devant le rideau. Renversement de situation enfin pour la scène finale, qui campe cette fois l'endroit du décor, la salle qu'on voyait en ligne de mire au départ, et qui à la toute fin disparaît tout entière dans les cintres pour laisser apparaître le plateau immense et vide de Garnier, d'où la Comtesse sort par la porte du fond. Quel plus bel adieu, un rien désillusionné sans doute, pour Hugues Gall ? Une merveille !

    Autre merveille, une distribution qui frôle l'idéal. Plus important que tout, la notion d'équipe vocale, de société, à même de racheter les menues faiblesses des uns ou des autres. Renée Fleming est une Comtesse émouvante aux larmes, à la beauté suffocante, dont le timbre de sirop d'érable, soutenu par un contrôle du souffle miraculeux, passe en richesse la robe somptueuse qui lui est dans la scène finale un écrin scintillant. La Clairon délicieusement star d'Anne Sofie von Otter est toujours aussi bonne comédienne et grande diseuse, malgré un timbre qui commence parfois à se fissurer.

    © Eric Mahoudeau

    En Flamand, Rainer Trost correspond bien à l'idée du jeune compositeur préromantique fou d'amour pour la Comtesse, aux accès de lyrisme bien rendus par un timbre jeune, une fougue et une intelligence du chant telles que ses quelques aigus un rien fébriles – mais tellement humains – passent pour une vertu. Rien à redire sur l'Olivier parfait de Gerald Finley, tout de classe et de noblesse, ni sur le La Roche plus vrai que nature de Franz Hawlata, qui a le bon goût, tout en étant très amusant, de ne pas nous faire un second Baron Ochs. On sera un peu plus sceptique sur le Comte de Dietrich Henschel, un peu court de projection, surtout dans le médium. Parfaits enfin, le M. Taupe de Robert Tear et les chanteurs italiens, tous drôles et très en voix.

    Reste l'orchestre, mené sans l'extrême subtilité requise par un Günter Neuhold souvent neutre, voire raide. Individuellement, les timbres se mêlent de manière remarquable – le sextuor introductif, envoûtant quoique perdu dans l'immensité de la scène – mais si certains moments sont magiques – l'Interlude au clair de lune – la lecture orchestrale reste trop souvent sommaire, sans le foisonnement de détails et la multiplicité de nuances dynamiques imposés par cette conversation en musique. Si Thielemann n'avait pas non plus cette manie d'annuler à la dernière minute ! Mais nul doute que les représentations de juillet, assurées par Ulf Schirmer, rendront à ce Capriccio le seul élément qui lui manquait : une direction aussi admirable que sa mise en scène et sa distribution.

    Quoi qu'il en soit, une fort belle sortie pour Hugues Gall, dont ce dernier caprice restera dans les annales de l'Opéra de Paris.




    Palais Garnier, Paris
    Le 26/06/2004
    Yannick MILLON

    Nouvelle production de Capriccio de Richard Strauss dans une mise en scène de Robert Carsen et sous la direction de Günter Neuhold à l'Opéra de Paris.
    Richard Strauss (1864-1949)
    Capriccio, conversation en musique en un acte (1942)
    Livret de Clemens Krauss et du compositeur

    Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : GĂĽnter Neuhold
    mise en scène : Robert Carsen
    décors : Michael Levine
    costumes : Anthony Powell
    Ă©clairages : Peter Van Praet et Robert Carsen

    Avec :
    Renée Fleming (la Comtesse), Dietrich Henschel (le Comte), Rainer Trost (Flamand), Gerald Finley (Olivier), Franz Hawlata (La Roche), Anne Sofie von Otter (Clairon), Robert Tear (Mr Taupe), Annamaria Dell'Oste (une chanteuse italienne), Barry Banks (un chanteur italien), Petri Lindroos (le majordome), Michael Smallwood, Yuri Kissin, Mihajlo Arsenski, Sergei Stilmachenko, Marcos Pujol, Jean-Luc Maurette, Xavier Mas, Henk Neven (huit serviteurs), Laura Hecquet (une danseuse), Marc Leclercq (un maître de ballet).

     


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