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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 octobre 2024 |
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Concert Mahler de l'Orchestre National de France sous la direction de Bernard Haitink avec la participation du baryton Matthias Goerne au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Fusion et inspiration
Rencontre, au Théâtre des Champs-Élysées, d'un des plus grands chefs de sa génération, Bernard Haitink, et d'un des meilleurs interprètes dans le domaine du lied, Matthias Goerne. Deux artistes d'exception, qui obtiennent un triomphe sur le nom de Mahler avec les Kindertotenlieder et la 5e symphonie.
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Dès les premières mesures du cycle des Kindertotenlieder, on a le sentiment d'une adhésion parfaite entre Bernard Haitink et Mathias Goerne, comme si, ensemble, ils s'engageaient dans un dialogue où les choses allaient êtres dites et ressenties sur le même registre émotionnel et avec la même intensité. Au lyrisme contenu de l'un répond le chant intériorisé, presque somnambulique, de l'autre.
La plénitude du timbre et la beauté de la ligne de chant font de la voix du baryton allemand un instrument parmi les autres. Et l'orchestre lui fait allégeance en adoptant des sonorités de musique de chambre pour accompagner le récit de la tragédie des enfants morts et l'impossible consolation du père. La fusion est telle qu'on ne regrette pas un instant l'absence de théâtralité donnée aux poèmes de Rückert, au profit d'un climat d'une intimité bouleversante.
Dédiée à Alma, la jeune épouse du compositeur, « mon compagnon fidèle et courageux sur tous les chemins », la Cinquième Symphonie, contemporaine de Salomé, dont elle garde l'opulence et la violence orchestrales, nous est donnée dans une exécution inoubliable. Pendant une heure un quart, c'est un Bernard Haitink souverain qui domine avec une science et une maîtrise confondantes l'irruption caricaturale des cuivres dans un premier mouvement où la trompette et le cor mènent une étrange procession funèbre, les orages qui se déchaînent ensuite sans réussir à couvrir le chant obstiné de l'orchestre, et se calment dans un Scherzo à la viennoise où passent les échos d'une valse, avant de laisser les cordes exprimer toute la tendresse du monde dans un sublime Adagietto, pour enfin céder à l'exubérance d'un Finale qui semble célébrer la victoire de la vie sur le désespoir. Et tout au long de la soirée, l'Orchestre National de France a donné toute sa mesure à cette soirée d'exception.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 30/06/2004 Françoise MALETTRA |
| Concert Mahler de l'Orchestre National de France sous la direction de Bernard Haitink avec la participation du baryton Matthias Goerne au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Gustav Mahler (1860-1911)
Kindertotenlieder, sur des poèmes de Friedrich Rückert
Matthias Goerne, baryton
Symphonie n°5 en ut dièse mineur
Orchestre National de France
Direction : Bernard Haitink | |
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