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CRITIQUES DE CONCERTS 25 avril 2024

Concert de clôture de saison des Berliner Philharmoniker au Waldbühne, Berlin.

Magie blanche ou magie noire ?

Vienne a son Concert du Nouvel An, Berlin a son Waldbühne : ce concert de fin de saison du Philharmonique de Berlin sous la direction de Sir Simon Rattle, dans un cadre superbe, est devenu l'un des événements musicaux de l'année. Fidèles à ce rendez-vous, quelque 22 000 spectateurs ont répondu présent malgré un temps incertain et un sérieux manque d'organisation.
 

Waldbühne, Berlin
Le 27/06/2004
Florent ALBRECHT
 



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  • Imaginez un amphithéâtre gigantesque au coeur de la forêt berlinoise où l'on sirote avec ses voisins une flûte de champagne, un public aussi nombreux et attentif que pour un match de football, l'un des meilleurs chefs et l'un des meilleurs orchestres du monde : c'est la magie du concert du Waldbühne, point d'orgue de la saison 2003-2004 du Philharmonique de Berlin.

    Si les apparences sont magnifiques, la réalité est un peu plus grise ! Pour acquérir des places, mieux faut s'y prendre à l'avance : un an vous suffira sans doute pour dégoter un des magiques tickets vous évitant d'atterrir à l'extrémité du théâtre, d'où l'on ne voit rien, et d'où l'on entend l'orchestre que par amplificateurs interposés. C'est une question d'atmosphère, certes. Mais n'oubliez pas aussi de vous armer d'un lexomil quand vous devrez attendre indéfiniment à l'entrée, plus de deux heures avant le concert, au milieu d'une foule énorme et passionnée, pour franchir les portes et se battre pour les places : agoraphobes s'abstenir !

    Malgré le prix dissuasif de la billetterie – ce concert était jadis gratuit –, malgré les nuages et le vent peu prometteurs, tout le monde est bien là
    Il y a même, apparemment, plus de gens que de places, et l'on regrette de ne faire partie de ce cercle restreint de VIP au milieu du théâtre, qui observent avec distance ce qui se passe autour d'eux. Spectacle de ferme du côté du public, combats de coqs, prise de becs, et autres comportements bovins, rien ne nous a été épargné, pas même les trop nombreux évanouissements, témoins d'une sévère lacune au niveau de l'organisation !

    Le concert commence toutefois à l'heure et le silence est religieux. Et heureusement il y a la musique. Le programme populaire de la soirée – 1er concerto pour piano et suite de Casse Noisette de Tchaïkovski – met en valeur l'extrême qualité de l'orchestre d'une part, flamboyant dans son style et rigoureux dans son écoute, et de Sir Simon Rattle d'autre part. Ce dernier, d'une classe prodigieuse et épanouie, développe la partie orchestrale du concerto de Tchaïkovski avec un sens du lyrisme et de la grâce que l'on se plaît à redécouvrir chez des Berliner Philharmoniker mûris dans une oeuvre de leur répertoire – on se souvient de Karajan ou d'Abbado dirigeant la même pièce.

    Pianiste « phénomène de foire »

    Que dire de Lang Lang ? Tout comme son compatriote Yundi Li, pourtant vainqueur du concours Chopin de Varsovie à l'instar de Pollini, Argerich ou Zimmermann, on monte en sauce, une fois encore avec Lang Lang, des pianistes virtuoses qui sont tout de même loin d'être des génies ! On sait bien que la Chine est la grande puissance mondiale de demain, mais il ne sert à rien de forcer le destin.

    Son dur et sec, tics stylistiques aberrants et irritants, Lang Lang fait preuve d'indéniables dons techniques, mais singe Martha Argerich si grossièrement pour la musique que l'on se demande pourquoi grandes maisons de disques et producteurs – dont les orchestres font partie – s'amusent à fournir autant de phénomènes de foire appelés sûrement à disparaître malgré eux une fois le public lassé. On oublie que Martha Argerich ou Vladimir Horowitz, à la personnalité musicale marquée, ont fait preuve musicalement d'une vraie rigueur et d'une sincère humilité vis-à-vis de la partition. Pourquoi fabrique-t-on à présent des block-busters classiques ? A quoi bon ces « coups marketing Â» quand de vrais talents peinent à se produire en concert ?

    Casse Noisette agréable mais sans surprise

    La deuxième partie du concert, quant à elle, comble le public grâce à ces pages de la suite orchestrale de Casse Noisette, agréable mais sans surprise, interrompue par moments par les applaudissements. Si le discours du charismatique Simon Rattle est une aubaine, c'est surtout cet air berlinois donné en bis, entamé par l'orchestre, tout seul, qui, en choeur avec les sifflets du public, fait assurément oublier tous les petits malheurs de l'avant-concert. Et l'on rentre chez soi certain que l'on reviendra l'année suivante !

    Et que l'on se rassure : ceux qui n'étaient pas là pourront se rattraper avec le DVD officiel du concert. Eh oui
    du grand luxe pour de la musique classique, à l'image d'un show de Johnny !




    Waldbühne, Berlin
    Le 27/06/2004
    Florent ALBRECHT

    Concert de clôture de saison des Berliner Philharmoniker au Waldbühne, Berlin.
    Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893)
    Concerto pour piano et orchestre n°1 en sib mineur, op. 23
    Lang Lang, piano

    Casse Noisette, suite d'orchestre

    Berliner Philharmoniker
    direction : Sir Simon Rattle

     


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