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CRITIQUES DE CONCERTS |
12 octobre 2024 |
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Concert des Wiener Philharmoniker sous la direction de Riccardo Muti et des Berliner Philharmoniker sous la direction de Simon Rattle Ă la Philharmonie de Berlin.
Match nul pour un choc de Titans
En ces temps émérites de footballomania, la métaphore sportive s'impose presque quand l'on sait qu'à deux jours d'intervalle, deux des plus géniaux orchestres mondiaux, dirigés par de non moins talentueux chefs, se produisaient dans la capitale allemande. Histoire d'un match musical passionnant.
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On raconte qu'il est toujours plus aisé de recevoir son adversaire chez soi, fût-ce pour un simple match amical. Ce n'est pas la première fois que les Wiener Philharmoniker se produisent chez leur illustre collègue. A la baguette, un chef bien connu de l'orchestre, Ricardo Muti. De l'autre côté, les Berliner Philharmoniker conduits par Simon Rattle, avec en guest star la délicieuse soprano finlandaise Karita Mattila. L'accueil du public a été pour les deux des plus chaleureux d'emblée, et on le comprend : trouve-t-on à l'heure actuelle mieux sinon aussi bien que ces deux orchestres en Europe, dans le monde ?
Le programme italien – Verdi, Busoni, Respighi – a pu a priori jouer en la défaveur des Viennois, dont ce n'est pas le répertoire de prédilection, répertoire que les Berlinois eux-mêmes ne proposent qu'en de très rares occasions. Fût-ce dans Verdi – l'ouverture de la Force du Destin, la musique de ballet des Vêpres siciliennes – ou encore dans Busoni, on a comme l'impression que les Wiener Philharmoniker peinent à s'envoler vers des horizons trop méridionaux pour eux. C'est grâce à cette sonorité impeccable, et ce savoir-faire indéniable qu'on connaît aux Autrichiens que l'oeuvre mineure Les Fêtes Romaines d'Ottorino Respighi, peu jouée, devient l'un des moments les plus riches de la soirée. Malgré tout, et malgré Muti, on reste sur notre faim.
Les Berliner, quant Ă eux sous la baguette de Sir Simon, proposent comme toujours un programme au subtil mĂ©lange de raretĂ©s et de grand rĂ©pertoire. Cabotine, Karita Mattila pimente la soirĂ©e de ses formes gĂ©nĂ©reuses qui faillirent lui coĂ»ter une chute sur le Konzertmeister après un baiser trop longtemps savourĂ©. Passons sur Siegfried-Idyll, sur un des PrĂ©ludes de Parsifal, ou encore sur le poème symphonique de Dvořak, Der Wassermann. Très soignĂ©s, intĂ©ressants, les Berliner deviennent vraiment irrĂ©sistibles quand, sous le charme empoisonnĂ© de Karita Mattila, ils se laissent porter par la voix envoĂ»tante et dramatique de la soprano. Dans un Sibelius tout d'abord, oĂą Mattila, en un vibrant hommage Ă ses origines, donne vie Ă cette dĂ©esse finnoise crĂ©atrice, Luonnotar, en parfait unisson avec l'orchestre : c'est lĂ une musique qu'il faudrait absolument redĂ©couvrir en France.
Le concert s'achève sur un Wagner assez spectaculaire, qui en a ému aux larmes plus d'un dans la salle, dont l'auteur de ces lignes : que ce soit dans le Prélude ou surtout dans la Mort d'Isolde, soprano et orchestre s'accordent pour faire jaillir le drame wagnérien dans toute son ampleur métaphysique. Ce qui laisse augurer de bonnes surprises pour le Ring avec Rattle et les Berliner Philharmoniker au Festival d'Aix de 2006.
Il n'y a finalement pas de vainqueur dans cette confrontation indirecte des deux orchestres les plus extraordinaires du moment. Il est vrai qu'on préfère les Wiener dans un répertoire plus germanique. Pour l'heure, ménageons les sévérités et les caprices et gageons que nos orchestres hexagonaux parviendront un jour à faire aussi bien.
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Philharmonie, Berlin Le 23/06/2004 Florent ALBRECHT |
| Concert des Wiener Philharmoniker sous la direction de Riccardo Muti et des Berliner Philharmoniker sous la direction de Simon Rattle Ă la Philharmonie de Berlin. | 21 juin :
Giuseppe Verdi (1813-1901)
La force du destin, ouverture
Musique de ballet des VĂŞpres siciliennes
Ferruccio Busoni (1866-1924)
Suite d'orchestre d'après la musique de scène de Turandot
Ottorino Respighi (1879-1936)
Feste Romane
Wiener Philharmoniker
direction : Riccardo Muti
23 juin :
Richard Wagner (1813-1883)
Siegfried-Idyll
Jean Sibelius (1865-1957)
Luonnotar, poème symphonique pour soprano et orchestre op. 70
Richard Wagner (1813-1883)
Parsifal : Prélude de l'acte I, Enchantement du Vendredi saint
Antonin Dvořák (1841-1904)
Der Wassermann, poème symphonique op. 107
Richard Wagner (1813-1883)
Tristan et Isolde : Prélude et Mort d'Isolde
Karita Mattila, soprano
Berliner Philharmoniker
direction : Sir Simon Rattle | |
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