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CRITIQUES DE CONCERTS 25 avril 2024

Nouvelle production de Moïse et Aron de Schoenberg mise en scène par Peter Mussbach et dirigée par Daniel Barenboïm au Staatsoper de Berlin.

Parole de Moïse !
© D.R.

Il fallait la baguette précise mais aussi la trempe d'un Daniel Barenboïm pour diriger un opéra aussi complexe que Moses und Aron de Schoenberg. Et la mise en scène moderne de Peter Mussbach sert le spectacle dans son entier. Assurément l'une des grandes productions berlinoises de cette saison.
 

Staatsoper unter den Linden, Berlin
Le 26/06/2004
Florent ALBRECHT
 



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    Depuis 1913 déjà, le compositeur pensait mettre en scène pour le théâtre lyrique cette dispute fraternelle entre Moïse et Aron, dans une oeuvre qui ne sera créée que sept années après la mort du compositeur, en 1957 : « O, parole, parole, tu me manques ! Â» clame Moïse avant que le rideau ne retombe. Et c'est bien cette problématique de l'innommable divin qui cristallise l'action, dans ce drame métaphysique de la foi. Que dire, que chanter pour signifier le divin ? En une espèce de mouvement spéculaire, d'effet de miroir, c'est le sens de l'oeuvre musicale, l'oeuvre lyrique qui se trouve du coup questionné. Et la présence d'un important choeur, véritable personnage à l'image de celui d'une tragédie antique, participant de l'antagonisme entre Aron qui chante, et Moïse, qui parle, consacrent ainsi un opéra de la modernité.

    La force de la mise en scène ne tient pas tant au décor – un vague entrepôt aux formes louches – qu'aux costumes : femmes et hommes, personnages principaux et secondaires, tous flanqués d'une perruque laissant apparaître une chevelure dégarnie, habillés d'un costume noir impeccable, affublés de lunettes de soleil très sombres, se meuvent sur scène pour dire ce drame d'un seul tenant. Même le Veau d'Or est à l'image de ce peuple absolument anonyme, dont Moïse lui-même ne parvient à se détacher. Vous l'aurez compris, nous ne sommes pas loin des clones déshumanisés de Matrix ou de Men in Black, et c'est
    obscurément efficace !

    © Ruth Walz

    Les mouvements du choeur, désorientés, hiératiques, orgiaques pour la scène du Veau d'Or, l'absence de possibilités visuelles pour discerner le sexe des personnages, tout consacre une musique qui, aussi obscure puisse-t-elle paraître, fait sens. La mise en scène évite toute naïveté picturale et descriptive pour s'attacher aux mouvements d'ensemble. De belles trouvailles telles ces innombrables mini-téléviseurs allumés qui jonchent le sol ou ce ballet de cannes fluorescentes qui s'agitent dans l'obscurité illustrent un discours cohérent au service du mythique livret et de la musique.

    Les deux chanteurs Siegfried Vogel (Moses) et Thomas Moser (Aron) forment un couple très convaincant et on arrive à les écouter ensemble comme on le ferait d'un duo amoureux à l'italienne. L'orchestre de la Staatskapelle, dirigé avec beaucoup de vigueur par Barenboïm, offre l'une de ses plus belles performances lyriques de cette saison.

    Et pour les intéressés qui l'auraient manquée, cette production revient au Staatsoper dès l'automne. Recommandé par Altamusica !




    Staatsoper unter den Linden, Berlin
    Le 26/06/2004
    Florent ALBRECHT

    Nouvelle production de Moïse et Aron de Schoenberg mise en scène par Peter Mussbach et dirigée par Daniel Barenboïm au Staatsoper de Berlin.
    Arnold Schoenberg (1874-1951)
    Moïse et Aron, opéra en trois actes

    Choeurs et Orchestre du Staatsoper de Berlin
    direction : Daniel Barenboïm
    mise en scène et décors : Peter Mussbach
    costumes : Andrea Schmidt-Futterer
    préparation des choeurs : Eberhard Friedrich

    Avec :
    Siegfried Vogel (Moses), Thomas Moser (Aron).

     


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