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CRITIQUES DE CONCERTS 29 mars 2024

Concert de l'Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Georges PrĂȘtre au festival de Salzbourg 2004.

Salzbourg 2004 (4) :
L'excommunication pour Georges PrĂȘtre

© Stephan Trierenberg

AprĂšs l'inoubliable 5e de Mahler par les Wiener Philharmoniker et Eschenbach, Georges PrĂȘtre Ă©tait Ă  son tour invitĂ© Ă  diriger la mythique phalange autrichienne. Et c'est avec une Symphonie fantastique littĂ©ralement dĂ©figurĂ©e que le chef français a rencontrĂ© lui aussi un triomphe. Le public salzbourgeois n'y connaĂźt visiblement rien Ă  Berlioz ; il faut croire que PrĂȘtre non plus.
 

Großes Festspielhaus, Salzburg
Le 22/08/2004
Yannick MILLON
 



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  • Il faut dĂ©jĂ  une bonne dose de magie noire pour rĂ©ussir Ă  faire jouer mal le Philharmonique de Vienne. Georges PrĂȘtre, lui, par son geste inexistant, son allure sur le podium et ses traits taillĂ©s Ă  la serpe, ressemble de plus en plus Ă  Knappertsbusch, un autre prĂ©lat qui a officiĂ© des annĂ©es durant sur la verte colline de Bayreuth pour la grand-messe de Parsifal. Le chef allemand dĂ©testait rĂ©pĂ©ter et prĂ©fĂ©rait improviser dans l'instant, aux dĂ©pens d'une cohĂ©sion instrumentale qui passerait aujourd'hui pour une hĂ©rĂ©sie. PrĂȘtre donne un peu la mĂȘme impression, et n'Ă©taient ses tempi franchement plus vifs que ceux de Knappertsbusch, les points communs entre les deux hommes seraient lĂ©gion.

    Le chef français gagne sa chaire musicale en trottinant, et sans partition ni attente du silence attaque l'Ouverture et Bacchanale de TannhaĂŒser. Gare au mal de mer, notre pontife semblant confondre le ressac du prĂ©lude de l'Or du Rhin avec le motif des pĂšlerins qui introduit l'opĂ©ra de jeunesse du divin Wagner. Impatient, nĂ©gligent, il bouscule la mĂ©trique, Ă©courte les silences et les respirations d'un choral rien plus que majestueux. L'orchestre sonne frileux, ses violoncelles Ă©triquĂ©. Les tutti vrombissent, boursouflĂ©s, sentencieux, homĂ©liques. La Bacchanale part dans tous les sens, sans vĂ©ritable sentiment orgiaque, simple dĂ©bauche de dĂ©cibels finalement assez frigide. Un vrai chemin de croix pour l'auditeur qui se repent de s'ĂȘtre levĂ© de bonne heure en ce beau dimanche d'aoĂ»t pour assister Ă  pareille messe musicale.

    Une Symphonie fantastique horriblement ennuyeuse

    On espĂšre un autre charisme de prĂ©dicateur pour la deuxiĂšme partie, consacrĂ©e Ă  la Symphonie fantastique de Berlioz, dont raffolent les mĂ©lomanes germaniques. Mais point de misĂ©ricorde avec ce reliquat horriblement ennuyeux d'une annĂ©e Berlioz qui a pris fin il y a plus de six mois. L'introduction de RĂȘveries – Passions est aussi arythmique que celle de l'ouverture de TannhaĂŒser, son idĂ©e fixe aussi chaste qu'une prude nonne et empĂȘtrĂ©e dans des maniĂ©rismes de phrasĂ©s d'un goĂ»t pour le moins douteux. Un Bal, loin de toute vision romantique et exaltation des sens, dort Ă  poings fermĂ©s dans un tempo pĂ©pĂšre et un climat de douce priĂšre auxquels ne peuvent rien changer deux harpes pourtant fort belles. La ScĂšne aux champs, ahanĂ©e, ne surnage que par l'habiletĂ© de ses solistes.

    La Marche au supplice s'enfonce dans de bien sinistres péchés de mollesse et de vulgarité, aggravés par de soudaines accélérations absolument indéfendables, pour ne rien dire d'un Songe d'une nuit de Sabbat métronomique et précautionneux, aux cloches mal accordées, note supplémentaire de discorde berliozienne. Reste que cette Fantastique brouillonne et dépassionnée aura été la plus belle occasion d'entendre le Philharmonique de Vienne se lùcher de maniÚre éhontée, satanique et chaotique dans une coda abjecte qui mérite la mise à l'index, avec des cuivres qui feraient passer les souffleurs de Chicago pour de petits curés de campagne et des percussions bonnes pour l'inquisition.

    Et voilĂ  que s'achĂšve le sermon d'un prĂȘtre dĂ©froquĂ© qui n'y connaĂźt rien en passion. On en a dĂ©jĂ  excommuniĂ© pour moins que ça !




    Großes Festspielhaus, Salzburg
    Le 22/08/2004
    Yannick MILLON

    Concert de l'Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Georges PrĂȘtre au festival de Salzbourg 2004.
    Richard Wagner (1814-1883)
    Ouverture et Bacchanale de TannhaĂŒser (1845)
    Version de Paris (1861)

    Hector Berlioz (1803-1869)
    Symphonie fantastique op. 14, Ă©pisode de la vie d'un artiste (1830)

    Wiener Philharmoniker
    direction : Georges PrĂȘtre

     


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