altamusica
 
       aide
















 

 

Pour recevoir notre bulletin régulier,
saisissez votre e-mail :

 
désinscription




CRITIQUES DE CONCERTS 25 avril 2024

5e symphonie de Bruckner par l'Orchestre de Paris sous la direction de Marek Janowski au Théâtre Mogador, Paris.

Un stupéfiant Bruckner parisien

Alors que sa saison symphonique venait de s'ouvrir, l'Orchestre de Paris avait invité un chef très connu du public parisien mais qui faisait là ses débuts à la tête de la formation, le grand Marek Janowski, pour un concert tout entier consacré à la gigantesque 5e symphonie de Bruckner. Une exécution admirable, d'une qualité instrumentale stupéfiante.
 

Théâtre Mogador, Paris
Le 07/10/2004
Yannick MILLON
 



Les 3 dernières critiques de concert

  • MĂ©tamorphoses sylvestres

  • Vision persistante

  • Messiaen en antichambre

    [ Tous les concerts ]
     
      (ex: Harnoncourt, Opéra)




  • Si Marek Janowski avait fait les belles heures du Philharmonique de Radio France entre 1984 et 2000, il n'avait jamais dirigĂ© l'Orchestre de Paris, oĂą il a pu retrouver ce soir certains musiciens transfuges du Philharmonique. Pour un premier contact, le chef polonais n'a pas eu peur de s'attaquer Ă  la 5e symphonie de Bruckner, imposant chef-d'oeuvre de contrepoint d'un compositeur disparu sans avoir jamais pu l'entendre.

    Janowski gagne le podium le pas ferme et décidé, et attaque par coeur une partition de soixante dix minutes, complexe au-delà de l'imaginable pour la mémorisation. D'entrée de jeu, l'Orchestre de Paris affiche une cohésion instrumentale impressionnante. Le tapis de cordes, somptueux, joue comme un seul homme, les cuivres font preuve d'une homogénéité sans faille, doublée d'une intonation millimétrée. Le chef polonais ne fait qu'une bouchée d'un premier mouvement qu'on n'aura jamais trouvé aussi cohérent dans sa succession de blocs thématiques, jouant les cassures d'ambiance comme d'orchestration avec un art consommé.

    Le sommet de cette 5e reste l'Adagio, à la respiration ample, au beau lyrisme, très précis dans les superpositions rythmiques binaire-ternaire. Janowski y laisse s'épancher de fort belles sonorités, et délivre un second thème aux violons dans le grave confondant de pertinence musicale, son geste de levée puissamment impulsé (sehr kräftig), mais amorti sur la retombée (seulement forte), exactement comme le prescrit le compositeur. Du grand art !

    Le Scherzo pèche dans un premier temps par manque de pugnacité rythmique, mais le Trio, bucolique à souhait, et le da capo s'avèrent beaucoup mieux négociés. Arrive alors l'immense Finale, que Janowski aborde avec détermination, en une fugue décidée, jouée à plein archet par des cordes qui manquent juste de mordant dans l'attaque pour sonner typiquement germaniques. Quant au grand choral central, énoncé fortissimo aux cuivres, le chef de l'Orchestre de Monte-Carlo lui refuse toute grandiloquence, balayée d'un revers de main par une fermeté rythmique sans concession, qui atteindra son point d'acmé dans une coda ardente, sans boursouflure ou alanguissement, avec des cuivres vaillants et des cordes ne faiblissant jamais dans leurs redoutables trémolos.

    Le timbalier a malheureusement bien du mal à galvaniser l'ensemble de l'orchestre et maintenir la tension nécessaire à un fortississimo généralisé. A Vienne en juin dernier, Nikolaus Harnoncourt, pourtant connu pour son attitude résolument musicologique, s'était montré beaucoup plus pragmatique en recourant à deux timbaliers pour les codas des premier et dernier mouvements.

    Janowski, impressionnant de maîtrise intellectuelle et sonore, ne semble guère intéressé par la portée mystique de l'oeuvre, optant au contraire pour une lecture très terrienne, rythmique et analytique, aux tempi médians. Avec des cuivres parfois plus appuyés que véritablement rayonnants à la manière de Wand ou Celibidache, il délivre une interprétation assez traditionnelle mais toujours passionnante, fortement charpentée, à la pâte sonore toujours généreuse.

    Dernier détail réjouissant, un théâtre Mogador presque plein deux soirs de suite pour la seule 5e de Bruckner. Il faut croire que le public commence à savoir que, tout comme aux Galeries Lafayette, il se passe toujours quelque chose à l'Orchestre de Paris, qui atteint un niveau d'excellence dont il pourra se montrer fier lors de sa très prochaine tournée en Chine.




    Théâtre Mogador, Paris
    Le 07/10/2004
    Yannick MILLON

    5e symphonie de Bruckner par l'Orchestre de Paris sous la direction de Marek Janowski au Théâtre Mogador, Paris.
    Anton Bruckner (1824-1896)
    Symphonie n°5 en sib majeur, A. 96
    Edition Nowak

    Orchestre de Paris
    direction : Marek Janowski

     


      A la une  |  Nous contacter   |  Haut de page  ]
     
    ©   Altamusica.com