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CRITIQUES DE CONCERTS 24 avril 2024

Premier concert de la saison 2004-2005 de Heinz Holliger à la tête de l'Orchestre national de Lyon, à l'Auditorium Maurice Ravel, Lyon.

Holliger défend ses pères spirituels
© ECM

Très présent cette saison dans la vie musicale lyonnaise, Heinz Holliger a décidé d'entamer sa série de concerts en compagnie de Robert Schumann et Sándor Veress. Un concert très attendu en raison de la grande proximité qu'entretient le musicien suisse avec ces deux compositeurs qui sont pour lui comme des pères spirituels.
 

Auditorium Maurice Ravel, Lyon
Le 14/10/2004
Benjamin GRENARD
 



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  • Régulièrement invité à diriger l'Orchestre national de Lyon, Heinz Holliger est plus que jamais présent cette saison à l'auditorium pour une série de concerts prometteurs. Considéré principalement comme chef d'orchestre et hautboïste hors-pair par le grand public, le maître suisse fait partie de ces rares personnalités dont le génie s'est illustré aussi bien dans l'interprétation que dans la composition, à l'image de ses confrères Pierre Boulez et Peter Eötvös.

    De fait, un concert de Holliger représente toujours un événement, de surcroît quand il dirige un concert où la programmation est exclusivement dédiée à ses pères spirituels : l'un direct, Veress ayant été son professeur en composition ; l'autre indirect, par l'affinité qu'a toujours ressentie Holliger pour le romantisme en général et Schumann en particulier.

    L'interprétation de Threnos représente à ce titre un moment particulièrement fort de la soirée. Holliger retranscrit idéalement l'esprit de la pièce, en en soignant autant l'expressivité que le cachet sonore typiquement hongrois. L'ambiance funèbre de la pièce est habilement rendue par des timbales d'une grande précision rythmique et dynamique, tandis que les cordes composent une texture orchestrale dont exsudent des ombres mortuaires. La parenté avec Bartók, à la mémoire duquel la pièce est dédiée, ressort avec évidence et Veress trouve en son disciple un interprète d'élection, propre à faire saillir de Threnos aussi bien la charpente que l'aspect purement émotionnel.

    Vient ensuite le Concerto pour violon de Schumann, dont la partie soliste a été confiée pour l'occasion à Thomas Zehetmair. Le violoniste et Holliger entretiennent des liens étroits, le soliste ayant créé le concerto du compositeur suisse. Les deux protagonistes s'accordent d'ailleurs parfaitement, l'orchestre et le soliste faisant jeu égal et privilégiant le même esprit, tout en cultivant soigneusement un contraste entre le jeu lumineux de Zehetmair et la coloration mate de l'orchestre de Schumann. Certains passages, à l'instar de la fin du développement dans le mouvement initial, sont confondants de maîtrise, les deux musiciens obtenant un pianissimo époustouflant.

    Orchestre schumannien à la consistance particulière

    La seconde partie, consacrée à la 1e symphonie de Schumann, met d'autant plus en relief les qualités du chef. On sait que Holliger s'impose comme un éminent défenseur de Schumann, dont les détracteurs critiquent l'orchestration. Répondant par un dosage réfléchi de l'orchestre, Holliger soigne comme dans Threnos la texture des cordes, donnant au son d'ensemble une consistance particulière. Du coup, les vents, fleurons habituels de l'ONL, s'effacent et interviennent surtout en soutien. Au plan plus général, le chef d'orchestre s'attache à la trajectoire de l'oeuvre, utilisant pour cela la logique interne entre les différents tempi, notamment pour donner l'impression d'une progression jusqu'au Finale.

    Somme toute, on ne pouvait rêver de disciple plus fidèle que Holliger pour transmettre un tel héritage. Il est clair que sur ce point, la double fonction de compositeur et d'interprète est un atout majeur, lui permettant à la fois de respecter au mieux la lettre tout en s'appropriant les oeuvres. On en regrettera d'autant plus les nombreux sièges vides à l'auditorium, à l'heure où, dans le domaine de l'interprétation, le génie d'un interprète mêlé à une fidélité non usurpée et non prétentieuse n'est pas une denrée si courante.




    Auditorium Maurice Ravel, Lyon
    Le 14/10/2004
    Benjamin GRENARD

    Premier concert de la saison 2004-2005 de Heinz Holliger à la tête de l'Orchestre national de Lyon, à l'Auditorium Maurice Ravel, Lyon.
    Sándor Veress (1907-1992)
    Threnos (in memoriam Béla Bartók), pour orchestre (1945)

    Robert Schumann (1810-1856)
    Concerto pour violon et orchestre en ré mineur (1853)
    Thomas Zehetmair, violon

    Symphonie n°1 en si bémol majeur op. 38, « Le Printemps Â» (1841)

    Orchestre national de Lyon
    direction : Heinz Holliger

     


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