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CRITIQUES DE CONCERTS 27 juillet 2024

Concert de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Daniel Harding, avec la participation du violoncelliste Heinrich Schiff, à l'Auditorium Maurice Ravel, Lyon.

Sibelius sans matière ni esprit
© Virgin Classics

Un temps pressenti pour prendre la direction de l'Orchestre national de Lyon, Harding revient diriger la phalange française pour un concert consacré à Elgar et Sibelius. Malgré la présence du violoncelliste Heinrich Schiff, le jeune chef, marquant le concert de sa griffe implacable, monopolise la soirée sans concession alors que sa lecture avoue des insuffisances de construction.
 

Auditorium Maurice Ravel, Lyon
Le 21/10/2004
Benjamin GRENARD
 



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  • Les générations d'interprètes entretiennent quelquefois entre elles des rapports bien curieux. À chaque génération ses partis pris, les plus jeunes choisissant de perpétuer un héritage repensé et revigoré ou bien se situant en totale réaction contre leurs aînés. Mais lors de leur collaboration, il est tout de même rare que les plus jeunes, déférence oblige, éclipsent l'aura de ces derniers. Néanmoins, le jeune et talentueux Daniel Harding n'est pas le genre de chef à s'en laisser conter par un soliste, fût-il son aîné.

    Alors que dans le Concerto d'Elgar, le violoncelliste Heinrich Schiff fait son possible pour cultiver un jeu expressif dans une optique postromantique, il est pourtant effacé par un Daniel Harding qui canalise l'ensemble au moyen d'une gestique inflexible et autoritaire. Le chef, tout en dirigeant de main de maître un orchestre très travaillé, ne laisse guère d'espace à l'expression soliste. Du coup, le Concerto d'Elgar, chef-d'oeuvre emblématique d'un homme solitaire brisé par la tragédie de la guerre, perd un élément essentiel de sa poétique. Invariablement, le violoncelle n'apparaît plus ce soir que comme une voix supplémentaire dans le reste de la masse orchestrale.

    La conception d'Harding, quoique intéressante et vivante, fait l'impasse sur la nécessaire lame de fond qui devrait habiter l'ensemble de la pièce et qui donnerait au tout une cohérence. Les lignes sont toujours conduites avec souplesse et intelligence mais l'absence d'une vision commune et d'un indispensable équilibre entre le soliste et le chef empêchent l'interprétation de faire véritablement saillie.

    Tout ceci incombe probablement au chef qui n'a manifestement pas su mettre de côté sa forte personnalité. D'ailleurs, son geste bref et discret lors des saluts, tapotant nonchalamment sur ses cuisses pour applaudir son soliste, n'est probablement pas innocent. Tellement peu innocent que Harding s'empressera tout de même dans un élan de décence de rectifier son attitude en honorant le soliste de manière plus conventionnelle.

    5e de Sieblius manquant d'espace

    La 5e symphonie de Sibelius réussit mieux au jeune Britannique. Il faut dire qu'il s'agit d'une véritable oeuvre de chef, et l'ouvrage s'accommode mieux de sa forte personnalité. Au plan orchestral, tout est méticuleusement soigné, les partis pris agogiques sont toujours intéressants et bien maîtrisés, particulièrement dans le deuxième mouvement. Cependant, il manque deux éléments essentiels de l'esprit sibélien : une conception vaste de l'espace servie par une certaine épaisseur sonore.

    Dans cette même pièce, Robertson, pourtant moins original, obtenait de l'ONL une densité orchestrale plus mate mais aussi plus adéquate. Du coup, l'ensemble était de meilleure tenue. Harding, lui, manque indéniablement du sens de l'espace propre à Sibelius. L'ouverture de la symphonie par les cors – instruments par excellence des grands espaces ouverts – ne suffit pas à donner au propos sa véritable ampleur.

    Faute d'une matière sonore suffisamment dense, l'esprit sibélien n'arrive donc pas à s'incarner. Et si le discours acquiert plus de consistance sur la fin du concert, Harding gérant mieux la densité orchestrale, on sent que la grande arche n'a pas été tendue et l'on reste définitivement sur sa faim.




    Auditorium Maurice Ravel, Lyon
    Le 21/10/2004
    Benjamin GRENARD

    Concert de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Daniel Harding, avec la participation du violoncelliste Heinrich Schiff, à l'Auditorium Maurice Ravel, Lyon.
    Edward Elgar (1857-1934)
    Concerto pour violoncelle et orchestre en mi mineur, op. 85 (1919)
    Heinrich Schiff, violoncelle

    Jean Sibelius (1865-1957)
    Symphonie n° 5 en mi bémol majeur, op. 82 (1915)

    Orchestre national de Lyon
    direction : Daniel Harding

     


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