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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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La Création de Joseph Haydn par l'Ensemble Orchestral de Paris sous la direction de John Nelson au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Droit au coeur
John Nelson
Médiocrement servie par un Ensemble Orchestral de Paris en méforme, La Création de Haydn donnée au Théâtre des Champs-Élysées par John Nelson a été sauvée par de bons solistes et la subtilité d'une belle direction orchestrale. Une remarquable manière de servir une partition qui va toujours droit au coeur.
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C'est une oeuvre à la fois charmante et profonde. Il ne faut pas, en effet se laisser prendre aux tournures séduisantes de cette partition qui traite ce vaste sujet de la Genèse avec bien plus de profondeur qu'il n'y paraît au premier abord. En cette toute fin du XVIIIe siècle, les principes de base du romantisme sont déjà bien établis Outre-Rhin, même si le Siècle des Lumières n'a pas encore éteint ses feux. L'élégance reste donc de mise, avec une certaine distanciation intellectuelle, mais la sensibilité affleure partout.
Les étonnantes premières mesures qui sont censées évoquer le grand Chaos précédant la Création sont en fait une pièce qui pourrait servir d'ouverture à plus d'un opéra du XIXe siècle. De même, certains airs d'Uriel, le ravissant duo d'Adam et Eve, sont de vraies morceaux d'opéra, à mi-chemin entre Mozart et Beethoven. Tout cela demande donc à être abordé avec la plus grande lucidité pour ne tomber dans aucun excès et se situer sur cette fragile frontière qui sépare deux époques, ou plutôt qui relie deux époques.
John Nelson a su trouver le climat idoine par ses tempi, de savants équilibres et une accentuation toujours adéquate. On regrettera d'autant plus que ses musiciens aient fait preuve de si peu de poésie. Les cordes en particulier sonnent comme dans les mauvais jours des orchestres français, trop claires, trop raides, sans séduction. Dommage, car le choeur Les Eléments assure sa partie avec beaucoup plus de goût et de sens du style.
Tout comme la soprano Ruth Ziesak, voix limpide et sûre, et le jeune ténor canadien John Tessier, musical et raffiné. On peut davantage discuter les interventions de la basse Peter Lika. Curieusement, la voix paraît trop rude dans les aigus et trop absente dans les graves pendant les deux tiers du concert. Et puis, lorsqu'il se mue de Raphaël en Adam, il semble trouver soudain une émission moins agressive et plus égale.
Le Théâtre des Champs-Élysées était comble, le public ravi malgré ces inégalités d'approche, ce qui confirme que cette partition va plus que jamais droit au coeur de tout un chacun.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 09/11/2004 Gérard MANNONI |
| La Création de Joseph Haydn par l'Ensemble Orchestral de Paris sous la direction de John Nelson au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Joseph Haydn (1732-1809)
Die Schöpfung, oratorio en trois parties, Hob. XXI:2 (1798)
Texte de Gottfried van Swieten d'après le Paradis perdu de John Milton
Ruth Ziesak (Gabriel, Eve)
John Tessier (Uriel)
Peter Lika (Raphaël, Adam)
Choeur Les Eléments
direction : Joël Suhubiette
Ensemble Orchestral de Paris
direction : John Nelson | |
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