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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 février 2025 |
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Récital de Paul Badura-Skoda dans le cadre de Piano**** à la salle Gaveau, Paris.
Crise de trac inattendue
Piano**** sait toujours réserver des surprises. Une étonnante crise de trac a gâché la première partie du récital du grand maître autrichien Paul Badura-Skoda, qui a rappelé en revanche l'étendue de son immense talent après l'entracte. Une expérience inattendue.
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On peut avoir derrière soi de très nombreuses années d'une longue et glorieuse carrière et se retrouver soudain, un soir de récital à Paris, presque paralysé par le trac. C'est de ce phénomène assez inattendu chez un artiste de cette expérience et de cette renommée que vient d'être victime Paul Badura-Skoka.
Personnalité emblématique du piano autrichien, professeur vénéré, chef d'orchestre, musicologue et même compositeur, Badura-Skoda avait choisi de commencer cette soirée par plusieurs oeuvres de Chopin. Mauvaise idée, car, ce diable de trac lui rendant soudain les doigts lourds, il faut bien reconnaître que, hormis les deux Nocturnes op. 27, les autres pièces, deux valses et la 1e ballade, furent émaillées d'un nombre impressionnant d'imprécisions de toucher. Même le Carnaval de Schumann ne fut pas abordé avec assez d'aisance ni de sûreté technique pour que nous puissions vraiment bénéficier de tout ce que le pianiste aurait pu nous raconter avec ces pages qu'il a si souvent défendues de façon magistrale.
Et puis, après l'entracte, c'est un Badura-Skoda libéré qui aborde la Fantaisie sur des thèmes flamenco que Frank Martin lui a dédiée et, surtout, qui nous gratifie d'une 3e sonate de Brahms d'anthologie. Incroyable mais vrai ! Avec Brahms, on retrouve toute la subtilité analytique du grand penseur et chercheur, toute l'expérience atavique de ce musicien baigné depuis toujours dans cet univers sensible et sonore.
L'oeuvre est replacée dans ce que la musique de Brahms a de plus permanent, de plus personnel tant de point de vue des structures que du travail des sonorités. Une approche réellement lumineuse, imposant avec une évidence foudroyante la vérité de cette musique, tout en donnant l'impression du plus parfait naturel, d'une quasi improvisation. C'est bien naturellement le souvenir de ces instants miraculeux qui resteront dans nos mémoires, et qui nous feront vite oublier l'étrange brouillamini chopinien du début de récital !
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Salle Gaveau, Paris Le 29/11/2004 Gérard MANNONI |
 | Récital de Paul Badura-Skoda dans le cadre de Piano**** à la salle Gaveau, Paris. | Chopin, Schumann, Martin, Brahms
Paul Badura-Skoda, piano |  |
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