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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Reprise d'Adriana Lecouvreur au Teatro alla Scala, Milan.
Une Adrienne très ordinaire
La Scala vient de reprendre la production d'Adrienne Lecouvreur créée il y a une dizaine d'années par Gianandrea Gavazzeni et Mirella Freni. Mais après les défections de Placido Domingo et Bruno Bartoletti au pupitre, cette production a largement perdu de sa superbe.
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Teatro alla Scala, Milano
Le 03/02/2000
Francesco Maria COLOMBO
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Du temps de Gavazzeni et Freni, la presse avait parlé de représentations inoubliables. Il faut dire l'ancien chef Gianandrea Gavazzeni démontait littéralement l'écriture de Cilea en un enchantement crépusculaire et morbide, d'une infinie beauté. Cette Adrienne avait été, avec Madame Butterfly, Fedora, La Bohème et La Rondine, l'une de ses extraordinaires réinterprétations du vérisme italien, alors que le chef était alors âgé de quatre-vingts ans. Pour la reprise, cette année, on attendait la venue de Placido Domingo et la présence au pupitre de Bruno Bartoletti, très applaudi la saison dernière pour sa lecture lucide de L'Ange de feu. Mais Domingo comme Bartoletti ont dû annuler, et l'opéra de Cilea a glissé dans la routine.
Appelé pour la première fois à diriger une première à la Scala, Roberto Rizzi Brignoli laisse le drame se dérouler dignement et en ordre. Mais il ne possède pas ce sens maladif et sensuel de la décadence qui est le propre de Cilea : même les moments les plus importants, comme l'Interlude et le finale de l'acte II, passent sans éclat ; et l'orchestre joue toujours un peu trop fort par rapport à la scène. Côté vocal, si Daniela Dessì assume le rôle d'Adrienne mieux que l'on ne pouvait s'y attendre, il demeure toujours en elle quelque chose d'irrépressiblement ordinaire. Elle ne possède ni l'éclat ni le prestige d'une diva comme Adrienne ou comme Fedora, il lui manque une dimension aristocratique. Cependant, elle fait preuve d'une émission et d'un style correct. Elle parvient ici à se contenir bien mieux que dans la récente Tosca de Bologne. Sergueï Larin est dans l'ensemble décevant, sans le moindre soupçon de passion ni de séduction. Splendide est en revanche Olga Borodina dans le rôle de la princesse de Bouillon : solide, intense, autoritaire, elle fait valoir son timbre sombre, et la seule limite que nous lui reconnaissions est celle d'une diction pas assez articulée.
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Teatro alla Scala, Milano Le 03/02/2000 Francesco Maria COLOMBO |
| Reprise d'Adriana Lecouvreur au Teatro alla Scala, Milan. | Adrienne Lecouvreur de Francesco Cilea
Direction : Roberto Rizzi Brignoli
Mise en scène : Lamberto Puggelli
Décors : Paolo Bregni
Costumes : Luisa Spinatelli
Chorégraphie : Robert De Warren
Avec Sergueï Larin (Maurice), Daniela Dessi (Adrienne Lecouvreur), Olga Borodina (princesse de Bouillon), Carlo Guelfi (Michonnet). | |
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