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CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Reprise du Barbier de Séville de Rossini mis en scène par Coline Serreau à l'Opéra Bastille, Paris.

Damnée routine !
© Eric Mahoudeau

Ce Barbier de Séville avait tout pour être un spectacle de fin d'année idéal : reprise à l'identique, ou presque, de ce tube rossinien dans la jolie production de Coline Serreau, agrémentée de la voix lumineuse de la soprano Maria Bayo. Mais l'ennemi juré du théâtre lyrique s'en est mêlé : damnée routine.
 

Opéra Bastille, Paris
Le 20/12/2004
Mehdi MAHDAVI
 



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  • Les prĂ©tentions de Coline Serreau, qui a voulu son Barbier placĂ© sous le joug musulman et plus fĂ©ministe que de raison, ne passent heureusement pas la rampe, et c'est finalement une production de belle tradition que propose l'OpĂ©ra de Paris. La direction d'acteurs tient plus souvent de l'agitation que de l'animation, la caractĂ©risation des personnages est riche d'idĂ©es conventionnelles certes, mais souvent amusantes : la cinĂ©aste sait rendre ses personnages attachants. Davantage encore, ce sont les merveilleux dĂ©cors en nuit d'Orient de Jean-Marc StehlĂ©, magicien des toiles peintes, et Antoine Fontaine qui font les ravissements de la soirĂ©e par le souci du dĂ©tail, les couleurs vives, la mobilitĂ© mĂŞme, qui fera surgir une palmeraie, pimpante image du bonheur, derrière les tourtereaux.

    La piquante Maria Bayo n'est pas la plus évidente Rosina, bien qu'elle ait beaucoup chanté le rôle à ses débuts. Sans suraigus pépiants, la soprano espagnole assume avec panache la tessiture centrale, même si le chant peut laisser perplexe. La voix est d'une rayonnante richesse, et ce timbre de miel s'épanouit délicieusement, mais la vocalisation n'est guère naturelle, sans legato authentique, et le vibrato vrillant condamne la ligne aux à-coups, la justesse parfois mise à mal. Néanmoins, le personnage enchante, avec cette pointe d'accent de Navarre qui peut ajouter au charme de l'andalouse Rosina.

    Bruce Ford n'a plus vraiment le profil vocal d'un Almaviva, et sa voix assombrie convient sans doute mieux aux Idomeneo, Mitridate et Bajazet dont il est un interprète recherché. L'agilité est assez hasardeuse, et la sérénade en paraît pesante. Pourtant, le ténor américain est bien le seul à posséder une vraie conscience du style, une vraie dynamique, un phrasé subtil. Si la caractérisation demeure assez conventionnelle, ce Don Alonso à la voix aigrelette n'en est pas moins cocasse.

    Dalibor Jenis possède un aigu d'insolent métal et réitère son vif et sympathique Figaro. Mais de graves enflés, l'émission est toujours aussi anarchique, et en deux ans seulement, la voix a perdu bien de sa souplesse. Les trente-huit années de bons et loyaux services d'Alberto Rinaldi autorisent en revanche ce parlando idiomatique qui fait un touchant Bartolo. Kristinn Sigmundsson est toujours aussi peu italien de voix, mais ce Basilio colossal à l'aigu esquivé est irrésistiblement tonnant. Enfin, l'irremplaçable Jeannette Fischer offre le meilleur moment de la soirée avec son improbable numéro de « hip-hopéra ».

    Malgré ces belles silhouettes, un Rossini privé de feu d'artifice vocal n'intéresse pas longtemps. Et Daniel Oren n'aide pas, de sa baguette amorphe, vraiment décevante, d'excellent chef de fosse. Une Ouverture sous tranquillisant permet d'en savourer le caractère concertant, mais la verve reste prisonnière de la fosse qui, même rehaussée, ne peut rien pour les crépitantes textures rossiniennes. Il est vrai que l'orchestre joue ce soir sa plus somnolente routine, comme il le faisait dans l'Italienne à Alger en début de saison.

    Dès le 11 janvier prochain, Joyce DiDonato, première et succulente Rosina sur cette scène, devrait faire souffler un vent de folie sur le charme coloré de cette production qui le mérite.



    Opéra Bastille jusqu'au 6 février.




    Opéra Bastille, Paris
    Le 20/12/2004
    Mehdi MAHDAVI

    Reprise du Barbier de Séville de Rossini mis en scène par Coline Serreau à l'Opéra Bastille, Paris.
    Gioacchino Rossini (1792-1868)
    Il Barbiere di Siviglia, Opera-buffa en deux actes (1816)
    Livret de Cesare Sterbini d'après la comédie de Beaumarchais

    Choeurs et Orchestre de l'Opéra national de Paris
    direction : Daniel Oren
    mise en scène : Coline Serreau
    décors : Jean-Marc Stehlé et Antoine Fontaine
    costumes : Elsa Pavanel
    éclairages : Geneviève Soubirou
    préparation des choeurs Peter Burian

    Avec :
    Bruce Ford (Il Conte d'Almaviva), Alberto Rinaldi (Bartolo), Maria Bayo (Rosina), Dalibor Jenis (Figaro), Kristinn Sigmundsson (Basilio), Sergei Stilmachenko (Fiorello), Jeannette Fischer (Berta), Yves Cochois (Un Ufficiale).

     


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