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CRITIQUES DE CONCERTS 19 avril 2024

Riccardo Chailly dirige l'orchestre du Concertgebouw à Londres

Un Concertgebouw mal concerté
© Decca classics

La venue du Royal Concertgebouw d'Amsterdam à Londres est toujours un événement. Sous la baguette de son titulaire, cette prestigieuse phalange s'est largement montrée à la hauteur de sa réputation en février dernier. Dommage que le concertiste Andreas Haefliger lui fût de si mauvaise compagnie.
 

Le 05/02/2000
Barry MILLINGTON
 



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  • Dans un concerto, il est malheureux qu'un pianiste et un chef ne puissent se regarder, car ce dernier devient alors totalement impuissant jusqu'à la fin de la réexposition par l'orchestre. Ce fut pourtant la disposition scénique que choisit Riccardo Chailly, pour une robuste et dynamique lecture du Concerto en la majeur K 488 de Mozart, au Festival Hall en février dernier. Mais dès l'entrée du pianiste Andreas Haefliger, on plonge dans une banalité qui perdurera toute la soirée dans son jeu. Son phrasé fut en effet dénué de distinction, par moment grumeleux (par exemple, l'annonce du deuxième thème), et dans le finale, franchement anti-musical. Il n'y a en effet aucun sens à asséner avec le même poids les trois premières notes de ce mouvement, comme Haefliger l'a fait à chacune de ses interventions. Pourtant, Chailly a montré le chemin, en s'assurant que l'orchestre, le Royal Concertgebouw, dessine son phrasé avec intelligence. Comme pour compenser son manque d'expressivité dans les mouvements extrêmes, Haefliger entraîna l'Adagio aux limites du style classique, s'aventurant même dans un romantisme déplacé pour assouvir sa vaine quête de profondeur. Son respect figé de la partition fut néanmoins compensé, dans une certaine mesure, par le jeu d'une netteté rafraîchissante des bois du Concertgebouw.
    L'approche musclée de Chailly dans Mozart eut au moins l'avantage de mettre l'orchestre en condition pour une lecture vigoureuse et très articulée de la Symphonie n° 7 de Bruckner. Mention spéciale à nouveau pour les vents à cet égard. Le premier et le dernier mouvement furent propulsés en avant avec puissance et énergie, renforcée par un phrasé résolu n'hésitant jamais à faire un sort aux plus petites cellules. Il en résulta peut-être la perte de ces monumentales arches, ces vastes paragraphes musicaux qui doivent se déployer selon leur propre élan. Par voie de conséquence, les sommets cruciaux de la partition furent plus impressionnants que sublimes. Les meilleurs moments vinrent cependant dans les derniers épisodes de l'Adagio, pendant le climax de l'orchestre en tutti auquel un triangle et des cymbales lui disputent la note la plus intense. D'ailleurs, pour ajouter sa touche à la solennité à cet instant, le joueur de triangle enleva ses lunettes avant de se lever et d'apporter sa contribution, les remettant immédiatement après. Les sonorités endeuillées des tubas de Wagner achevèrent de souligner cet épilogue. Puis vint le lamento plus métallique des cors, suivi par l'hommage sincère à un Wagner qui venait juste de s'éteindre : une errance chromatique alourdie de toute la fatigue du monde, mais convoquée ici comme pour conjurer le redoutable prélude du Troisième Acte de Parsifal.




    Le 05/02/2000
    Barry MILLINGTON

    Riccardo Chailly dirige l'orchestre du Concertgebouw à Londres
    Mozart : Concerto pour piano en la majeur K 488 - Bruckner : Symphonie n° 7
    Andreas Haefliger, piano
    Orchestre du Royal Concertgebouw
    Riccardo Chailly, direction

     


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