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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Récital de Nelson Freire dans le cadre de Piano**** au Théâtre du Châtelet, Paris.

L'angoisse romantique du piano de Chopin

Nelson Freire

Invité de Piano****, le grand pianiste brésilien Nelson Freire a consacré son programme parisien à Chopin. Une soirée de bonheur absolu, une leçon de piano et de musique, qui replace le compositeur franco-polonais au coeur de l'angoisse romantique, à des années-lumière d'un art bourgeois et salonard.
 

Théatre du Châtelet, Paris
Le 31/01/2005
Gérard MANNONI
 



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  • C'est finalement un récital tout Chopin que Nelson Freire avait décidé de donner au lieu du programme éclectique initialement prévu. Personne ne s'en plaindra car il est utile d'entendre cette musique abordée avec un art aussi magistral. En hors d'oeuvre, l'Impromptu n° 2 en fa dièse mineur op. 36 fixe d'emblée la barre très haut. Nous ne serons pas dans un univers anecdotique ni superficiellement sentimental. Chopin est replacé là où il doit être, parmi les plus éminents maîtres du clavier, ceux qui connaissent tout ce que le piano peut dire, et qui s'en servent non comme un divertissement de salon mais comme le compagnon des heures les plus sombres et les plus violentes de leur vie.

    Et la Fantaisie en fa mineur op. 49 vient le confirmer, tout comme la Sonate funèbre qui suivra. Même la grâce du phrasé bellinien de certains passages, même l'ornementation qui s'envole soudain vers les aigus ne sont futilité ni diversion. Nous sommes toujours au coeur de l'angoisse romantique, comme chez Schubert ou chez Beethoven. Et que dire la fabuleuse fluidité du Finale de la Sonate funèbre ? Ici, le piano n'est plus un instrument à percussion. Il a la souplesse, la mouvance, les ondulations de l'archet du violoncelle.

    Un moment prodigieux de technique, mais encore plus de conception, venant après les martèlements de la Marche funèbre, eux-mêmes mis en relief par l'incroyable délicatesse de toucher et de phrasé de sa partie médiane. Et l'on n'en reste jamais aux aspects les plus extérieurement dramatiques de cette musique grâce à une retenue permanente des effets qui laisse finalement l'écriture parler d'elle-même
    au moins en apparence, car cela est le résultat d'une très subtile et profonde analyse maîtrisée par un exceptionnel rapport au clavier.

    Après l'entracte, les Douze études op. 10, ou plutôt Onze études op. 10, Nelson Freire ayant sauté – volontairement ou pas ? – la deuxième. On sait qu'il s'agit d'une série de tableaux aussi différenciés, sous leur prétexte technique, qu'un cycle de mélodies. Tout pianiste professionnel les domine techniquement. Mais le reste, ce qui leur donne personnalité et relief, est bien délicat à ajouter. Avec toujours cette extraordinaire capacité à faire couler les notes sans heurts indispensables, ce sens des couleurs et des accentuations qui donnent vie à la phrase, Nelson Freire à déroulé ces images vibrantes ou mélancolique, scintillantes ou assombries avec une imagination fascinante.

    Après pareille démonstration, le public ne voulait vraiment plus le laisser partir !




    Théatre du Châtelet, Paris
    Le 31/01/2005
    Gérard MANNONI

    Récital de Nelson Freire dans le cadre de Piano**** au Théâtre du Châtelet, Paris.
    Chopin
    Nelson Freire, piano

     


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