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CRITIQUES DE CONCERTS 04 octobre 2024

Concert de la Chambre philharmonique sous la direction d'Emmanuel Krivine, avec la participation de Véronique Gens au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Formes sans âme

Déception pour ce concert de la Chambre philharmonique d'une désespérante platitude. Ni la création du Cycle des gris Mantovani, ni l'interprétation de Véronique Gens dans des Airs de concert de Mozart, ni celle d'Emmanuel Krivine dans la 4e symphonie de Beethoven n'ont quitté un univers purement formel et incolore.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 07/02/2005
Gérard MANNONI
 



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  • Bruno Mantovani, compositeur au demeurant très habile et dont l'écriture est intelligente sans la moindre facilité, l'avoue lui-même : il aime la recherche formelle. Pour Le Cycle des gris, création commande du Fonds d'Action de la Sacem dédiée à Emmanuel Krivine, il s'est attaché à écrire « une pièce cyclique
    en essayant d'élaborer un discours linéaire, donnant un sentiment de perpétuelle transition
     Â». L'orchestration est subtile, les structures savamment mises en place, mais tout cela reste parfaitement intellectuel, sans l'ombre d'une émotion. Toucher autre chose que l'esprit de l'auditeur n'est apparemment pas dans la préoccupation du créateur. A la fin, on a plus envie de mettre une bonne note que d'applaudir. Dommage de ne pas utiliser une telle technique pour nous raconter quelque chose !

    Et c'est le même reproche que l'on adressera à Véronique Gens. Voix ravissante, et même exceptionnelle de timbre, belle technique mozartienne, irréprochable sens du phrasé et des nuances, mais absolument aucune intention derrière ces quatre airs de concerts au demeurant bien trop semblables pour être ainsi alignés. Véronique Gens, le visage bloqué derrière son pupitre – comment une chanteuse internationale peut-elle se présenter sans avoir appris par coeur un tel programme ? – semble totalement indifférente au contenu de ce qu'elle chante. La forme y est, sans aucun fond. D'où un ennui certain, malgré la brièveté de cette morne apparition.

    La 4e symphonie de Beethoven n'est pas la plus populaire, mais d'une certaine manière, c'est l'une des plus intéressantes. Plus calmement heureuse que beaucoup d'autres, elle se prête particulièrement bien par son orchestration et sa forme générale à un orchestre comme la Chambre philharmonique qui y montre d'ailleurs une sonorité onctueuse et claire, avec des couleurs très adaptées à ce climat rêveur, notamment dans le deuxième mouvement.

    En revanche, Emmanuel Krivine paraît ne pas vouloir investir trop de lui-même dans une exécution restée bien trop linéaire et plate. C'est étonnant de la part d'un chef doté d'une telle personnalité, mais ici encore, il ne se passe pas grand chose d'autre qu'un défilé de notes, généralement belles certes, mais sans que l'oeuvre soit portée dans une direction précise, soit animée d'un propos spécifique. Une jolie démonstration instrumentale d'où Beethoven était absent.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 07/02/2005
    Gérard MANNONI

    Concert de la Chambre philharmonique sous la direction d'Emmanuel Krivine, avec la participation de Véronique Gens au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Bruno Mantovani (*1974)
    Le Cycle des gris
    Création, commande du Fonds d'action Sacem

    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Airs de concert :
    Chi sa, chi sa, K. 582
    A questo seno, K. 374
    Vado ma dove, K. 583
    Alma grande e nobil core, K. 518
    Véronique Gens, soprano

    Ludwig van Beethoven (1770-1827)
    Symphonie n° 4 en sib majeur, op. 60

    La Chambre philharmonique
    direction : Emmanuel Krivine

     


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