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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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Concert de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Graeme Jenkins à l'Auditorium de Lyon.
Texture à l'anglaise
Graeme Jenkins
Après un concert dédié à une musique française peu jouée, l'ONL continue son exploration d'un répertoire moins commun en invitant Graeme Jenkins à diriger les grands maîtres de la musique anglaise du XXe siècle. Le chef anglais est manifestement à l'aise sur ses terres, tandis que le choeur Bernard Tétu lui ravit la vedette dans le Requiem de Fauré.
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Vaughan Williams, Britten, Tippett : après la lignée française de la semaine dernière, la programmation de la première partie du concert de ce soir s'inscrit dans la plus pure des traditions anglaises. De surcroît, les pièces sont toutes écrites pour orchestre à cordes et, hormis Corelli pour la Fantaisie concertante de Tippett, l'arche de la tradition anglaise est tendue : Vaughan Williams avec sa célèbre Fantaisie sur un thème de l'anglais Thomas Tallis, Britten se confrontant quant à lui au matériau de son maître direct, Frank Bridge.
Pour défendre les lettres de noblesse de ce répertoire, Graeme Jenkins est tout désigné : il retravaille le son de l'ONL pour donner aux cordes une texture spécifiquement anglaise, dans le droit chemin de ce que réalisait Britten en matière de direction d'orchestre. Les cordes se caractérisent par une certaine densité sonore, sans pour autant prendre assise sur les graves comme le ferait une lame de fond typiquement allemande ; les aigus se marquent quant à eux par leur lisibilité et leur transparence, dans une autre manière que la clarté française et la brillance italienne.
Ce tapis sonore authentiquement anglais, avec ces sonorités à la fois sensibles et glacées, est idéal pour Vaughan Williams comme pour Britten. Jenkins soigne particulièrement la grande diversité de timbres qui composent la Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis et restitue ce magnifique ouvrage avec une profonde sensibilité. Quant aux Variations sur un thème de Frank Bridge de Britten, composées une génération plus tard, le chef anglais les situe indubitablement dans la même lignée, en ajoutant la vigueur rythmique et la verve nécessaires, tout en affirmant la parenté d'esprit avec Vaughan Williams par la texture orchestrale. Quoi qu'il en soit, les deux pièces sont superbes et ont l'avantage de se mettre l'une et l'autre en lumière.
Plus décevante est en revanche la Fantaisie concertante sur un thème de Corelli, composée par Michael Tippett. L'oeuvre souffre d'un néoclassicisme artificiel, laborieux et pour tout dire, ennuyeux. Là encore, on distingue au fur et à mesure le cachet anglais donné à l'ouvrage baroque, mais la pièce n'a jamais le brio stylistique d'un Stravinski.
Moins naturellement à son aise dans la musique française, Jenkins passe au second plan pour le Requiem de Fauré. Ici, ce sont les choeurs de Lyon-Bernard Tétu qui, comme à l'accoutumée, livrent une interprétation remarquable de lisibilité et de clarté, restituant parfaitement les couleurs fauréennes. Tandis que Rebecca Nash et Paul Gay tiennent avec soin leur partie mais de manière impersonnelle, Graeme Jenkins laisse les choeurs tenir le haut du pavé, s'attachant autant que possible à une certaine sobriété dans l'accompagnement, qui convainc plus ou moins selon les passages. On reste toutefois un peu déçu de ne pas avoir entendu Jenkins dans un Britten avec choeur, car le chef britannique est indéniablement plus brillant sur ses terres.
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Auditorium Maurice Ravel, Lyon Le 19/03/2005 Benjamin GRENARD |
| Concert de l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Graeme Jenkins à l'Auditorium de Lyon. | Ralph Vaughan Williams (1872-1958)
Fantaisie sur un thème de Thomas Tallis, pour double orchestre à cordes (1910)
Benjamin Britten (1913-1976)
Variations sur un thème de Frank Bridge, pour orchestre à cordes, op.10 (1937)
Michael Tippett (1905-1998)
Fantaisie concertante sur un thème de Corelli, pour orchestre à cordes (1935)
Gabriel Fauré (1845-1924)
Requiem op.48 (1900)
Rebecca Nash, soprano
Paul Gay, baryton
Choeurs et Solistes de Lyon-Bernard Tétu
préparation des choeurs : Catherine Molmerret
Orchestre national de Lyon
direction : Graeme Jenkins | |
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