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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Nouvelle production de Salomé de Richard Strauss en langue française dans la mise en scène de Jean-Louis Pichon et sous la direction de Laurent Campellone à l'Esplanade de Saint-Etienne.

L'asservissement du désir

Comme la princesse Salomé est belle, cette nuit, souligne Narraboth dès le lever de rideau. Ce soir, plus que belle, elle est charnellement impressionnante et d'une sanguinaire noirceur teintée de dérision et de grotesque. A Saint-Etienne, la production violente et puissante de Jean-Louis Pichon qui sera reprise à Nice voit en outre l'émergence d'un jeune chef à suivre.
 

L'Esplanade - Opéra Théâtre, Saint-Etienne
Le 03/04/2005
Nicole DUAULT
 



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  • Il est désormais de bon ton, depuis la formidable interprétation qu'en donna Kent Nagano en 1990 à Lyon, de revisiter la version en français de Salomé, opéra que Richard Strauss tira de la pièce d'Oscar Wilde, écrite pour Sarah Bernhardt. Certes, ce texte au langage affecté et même ampoulé ne mériterait guère qu'on s'y attarde s'il n'était chargé, dans chaque mot, de cet instinct théâtral qui en fait une oeuvre dramatique autant qu'un opéra.

    Jean-Louis Pichon l'a bien compris. Point d'exotisme luxuriant ou de sensualité orientalisante. Cela aurait certainement plu aux spectateurs stéphanois qui ont accueilli sa vision par quelques sifflets qu'elle ne méritait pas. Sa mise en scène coup de poing, dans un oppressant décor cauchemardesque, évoque les prisons vertigineuses de Piranèse. Elle traduit l'enfermement de personnages asservis à la puissance du pouvoir, à la perversité des désirs, à la jouissance d'une cruauté des plus morbides, jusqu'à la mutilation des corps. Ricanement décalé, sarcastique : les costumes déjantés et dérisoires, semblent sortis d'une BD. Ainsi la sensuelle Salomé, à l'issue de la Danse des sept voiles, n'apparaît pas dans la nudité de sa beauté, mais telle une prostituée des années trente, gainée et en jarretelles, bien plus malsaine.

    Le jeune chef Laurent Campellone, ancien assistant de Christoph Eschenbach, a pris depuis un peu plus d'un an à la tête de l'Orchestre symphonique de Saint-Etienne. Il se sort remarquablement d'une partition envoûtante et sensuelle, dont il imprime les justes sonorités à une formation magnifiquement préparée, précise et visiblement heureuse de jouer. Le maestro et ses musiciens sont les révélations de cette production qui en comporte une autre : la Salomé de Barbara Ducret.

    Cette soprano de tout juste trente ans fut désignée en 2004 aux Victoires de la musique : sa voix aux aigus magiques mais aux graves un peu faibles mérite un approfondissement qui pourrait lui ouvrir une belle carrière. Mais il lui faudrait aussi travailler sa diction, car elle a ce soir, en face d'elle, un modèle : Sylvie Brunet (Hérodias), dont on comprend comme toujours chaque syllabe. Belles prestances, belles interprétations de Christian Jean (Hérode) et Vincent Le Texier (Iokanaan) dans une réalisation dont le point le plus faible est la chorégraphie. Sur les escaliers piranésiens et sur la scène en pente qui symbolisent le chaos intérieur des personnages, vêtus de treillis, les danseurs crapahutent à faire non pas peur, mais pitié.




    L'Esplanade - Opéra Théâtre, Saint-Etienne
    Le 03/04/2005
    Nicole DUAULT

    Nouvelle production de Salomé de Richard Strauss en langue française dans la mise en scène de Jean-Louis Pichon et sous la direction de Laurent Campellone à l'Esplanade de Saint-Etienne.
    Richard Strauss (1864-1949) :
    Salomé, drame musical en un acte (1905)
    Livret original français d'Oscar Wilde

    Orchestre Symphonique de Saint Etienne
    direction : Laurent Campellone
    mise en scène : Jean-Louis Pichon
    décors : Alexandre Heyraud
    costumes : Frédéric Pineau
    éclairages : Michel Theuil
    chorégraphie : Laurence Fanon

    Avec :
    Barbara Ducret (Salomé), Sylvie Brunet (Hérodiade), Christian Jean (Hérode), Vincent Le Texier (Iokanaan), Jean-Luc Maurette (Narraboth), Patricia Fernandez (le page d'Hérodiade), Sébastien Lemoine (premier soldat), Jean-Pascal Introvigne (second soldat et un cappadocien), Jean Vendassi (premier nazaréen), Gil Hanrion (second nazaréen et un esclave, François Bescobo (premier juif), Dominique Rossignol (deuxième juif), Eric Chorier (troisième juif), Patricio Saxon (quatrième juif), Raphaël Marbaud (cinquième juif).

     


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