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CRITIQUES DE CONCERTS 25 avril 2024

Reprise de la Kátia Kabanová de Janáček mise en scène par Nikolaus Lehnhoff pour le Glyndebourne Festival Opera, sous la direction de Lothar Koenigs Ă  l'OpĂ©ra de Lyon.

Trilogie Janáček (2) :
La misère pour les Kabanov

© GĂ©rard Amsellem

Eva Jenis (Kátia)

CoincĂ©e entre une bonne Jenůfa et une excellente Affaire Makropoulos, la Kátia Kabanová lyonnaise importĂ©e de Glyndebourne expose ses faiblesses au grand jour, entre une scĂ©nographie pas toujours esthĂ©tique, une direction d'acteurs faible et un plateau très moyen. Seule la direction de Lothar Koenigs sauve le spectacle de la misère.
 

Opéra national, Lyon
Le 21/05/2005
Yannick MILLON
 



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  • Dès le lever de rideau, on se prend Ă  rĂŞver que l'atmosphère visuelle, presque digne de Bob Wilson, s'installe durablement. Mais le beau lever de soleil fait place Ă  des surfaces de couleurs unies très mal assorties. La scĂ©nographie, toujours criarde, peine de surcroĂ®t Ă  se renouveler par la suite. Mais c'est surtout le jeu des acteurs, si juste hier dans Jenůfa et terriblement stĂ©rĂ©otypĂ© ce soir, qui prive la production de toute crĂ©dibilitĂ© – la gestuelle soulignant chaque phrase, les roulements d'yeux crapuleux, le penchant complètement caricatural de Tikhon pour la bouteille – et nous empĂŞche par ses scories de partager le cheminement Ă©motionnel de Kátia.

    Par ailleurs, un plateau bien morose n'arrange rien aux soucis des Kabanov. Kátia est sans doute le personnage le plus touchant, le plus humain de l'univers opĂ©ratique de Janáček. La voix pointue, souvent très dure, le timbre sans jeunesse d'Eva Jenis ne parviennent jamais Ă  traduire la fragilitĂ© et les tourments de l'hĂ©roĂŻne, pas plus qu'un legato souvent en option. D'intonation très basse dans les piano, la soprano slovaque nĂ©gocie nettement mieux le monologue final que le reste du rĂ´le, notamment par un crescendo dramatique très bien conduit, mais l'on reste très en deçà du potentiel expressif du rĂ´le-titre.

    © Gérard Amsellem

    Il en va de même des principaux rôles masculins. Le Tikhon de John Graham-Hall a autant de vibrato que de voix, tandis que le Boris de David Kuebler se voit curieusement privé de tout rayonnement par une émission serrée et nasale. Après l'accouchement difficile mais réussi de sa Sacristine la veille, Kathryn Harries apparaît ce soir presque aphone, et ne convainc jamais dans son incarnation d'une Kabanikha trop classieuse et bourgeoise, sans méchanceté ni véritable autorité. Seuls le ténor clair et bien chantant, dans une très jolie sérénade, du Kudriach de Timothy Robinson, la Varvara pourtant beaucoup trop soprano léger de Linda Tuvas et le Dikoï rocailleux et délicieusement obscurantiste de Jonathan Veira rélèvent le niveau d'un plateau nettement insuffisant.

    C'est du côté de la fosse que le spectacle trouvera un aboutissement, avec la direction toujours vive et dramatique de Lothar Koenigs, qui fait émerger des graves de l'orchestre toute la noirceur du drame. Très contrasté, son geste réussit la quadrature du cercle en englobant souci du détail et trajectoire d'ensemble. L'orchestre pourrait parfois envelopper un rien plus les sonorités de ses cordes, mais la manière dont sonnent des passages comme le petit thème populaire accompagné de grelots, repris lors du départ de Tikhon à la fin du I est un véritable ravissement.

    Car n'était la présence du chef allemand dans la fosse, la production et le plateau auraient bien du mal à tirer les Kabanov de leur misère.




    Opéra national, Lyon
    Le 21/05/2005
    Yannick MILLON

    Reprise de la Kátia Kabanová de Janáček mise en scène par Nikolaus Lehnhoff pour le Glyndebourne Festival Opera, sous la direction de Lothar Koenigs Ă  l'OpĂ©ra de Lyon.
    Leoš Janáček (1854-1928)
    Kat'a Kabanova, opéra en trois actes (1921)

    Choeurs et Orchestre de l'Opéra de Lyon
    direction : Lothar Koenigs
    mise en scène : Nikolaus Lehnhoff
    décors et costumes : Tobias Hoheisel
    Ă©clairages : Wolfgang Goebbel

    Avec :
    Eva Jenis (Kát'a Kabanová), Kathryn Harries (Kabanicha), David Kuebler (Boris Grigorjevič), John Graham-Hall (Tichon Ivanyč Kabanov), Linda Tuvas (Varvara), Timothy Robinson (Váňa Kudrjáš), Jonathan Veira (Savjol Prokofjevič Dikoj), Menai Davies (Glaša), Paolo Stupenengo (Kuligine), Adrienne Mille (Fekluša), Marie-Lys Langlois (une femme du peuple).

     


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