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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Scènes tragiques pour Anna Giró, dans le cadre des Figures tragiques de Radio France à la salle Olivier Messiaen de la Maison de la Radio, Paris.

La diva et le clown

Marie-Nicole Lemieux

De la rencontre de Marie-Nicole Lemieux et Jean-Christophe Spinosi est née la plus éclatante fureur d'Orlando. Ces deux natures virtuoses se retrouvent pour un hommage au génie tragique d'Anna Giró, prima donna fétiche de Vivaldi. Si la contralto québécoise sait conserver sa dignité d'artiste sous une apparente décontraction, le chef français en fait insupportablement trop.
 

Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris
Le 29/05/2005
Mehdi MAHDAVI
 



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  • Anna Giró, fille d'un perruquier français installé à Mantoue où Vivaldi la découvrit, fut-elle la maîtresse du Prêtre roux ? A l'instar de Margherita Durastanti, et plus encore d'Anna Maria Strada del Pò pour Haendel, elle fut l'élève puis la muse et cantatrice favorite du maestro de' concerti de l'Ospedale della Pietà qui composa à son intention une quinzaine de rôles de premier plan de 1726 à 1740. Si l'on en croit Carlo Goldoni, l'Annina del Prete rosso, comme se plaisait à la surnommer le public vénitien, avait « peu de voix, mais beaucoup de jeu, fait rare à l'époque Â». Et ce sont bien des qualités dramatiques plus que vocales que Vivaldi sollicite de cette égérie à qui il confie des rôles de femmes humiliées, trahies ou maléfiques, amoureuses toujours, dont les tourments se déploient davantage dans les récitatifs accompagnés que dans des airs à l'ambitus restreint et à la ligne peu exigeante.

    Le programme que lui consacre Jean-Christophe Spinosi, dont les affinités avec Vivaldi ne sont plus à dire, est plus qu'un hommage, une déclaration d'amour en musique. Malheureusement, le violoniste devenu chef ne peut se contenter d'y déployer son art, et se lance, avec une spontanéité maladroite mais un véritable instinct du cabotinage, dans des monologues plus confus qu'intarissables, au risque même d'ébranler la patience souriante de Marie-Nicole Lemieux, à qui il refuse le moindre répit, brisant par des coups de coude puérils le masque dramatique intense dont la chanteuse sait se parer. Plus d'une fois, la démonstration menace de basculer dans le numéro de cirque, alors qu'il y aurait tant à dire, et sans prendre la pose, d'un répertoire en pleine renaissance.

    Mais le musicien demeure, admirable d'élan, malgré un geste chorégraphié à l'excès. Matheus le suit sans faillir, d'une remarquable concentration, répondant de l'archet virevoltant à la moindre sollicitation, par des couleurs, des contrastes grisants, débordants de vie et de drame. Le même souffle anime Marie-Nicole Lemieux. Plus que ce timbre aux reflets cendrés tour à tour bouleversant et sensuel, c'est l'instinct de théâtre qui fascine chez cette bête de scène à l'enthousiasme communicatif.

    Nul ne sait mieux que la contralto québécoise respirer le récitatif vivaldien, pas même Sara Mingardo – c'est dire les sommets atteints dans la fluidité musicale et la progression dramatique. Peu importe alors que la ligne manque parfois d'assise, que la vocalise soit un peu floue, le trille plus esquissé que battu et l'ornementation un instant plus coquette que pertinente : Tamiri, Asteria et Alcina renaissent et s'enflamment, du désespoir à la fureur.

    Mais la mâle folie d'Orlando, créée par l'alto féminin de Lucia Lancetti, balaie d'un regard enfiévré les dilemmes de la malheureuse signora Giró et les insupportables pitreries du sieur Spinosi, récitatif en transe et Nel profondo électrisant de bonheur virtuose, traduction musicale anthologique des kaléidoscopiques fureurs de l'Arioste.




    Salle Olivier Messiaen - Maison de la Radio, Paris
    Le 29/05/2005
    Mehdi MAHDAVI

    Scènes tragiques pour Anna Giró, dans le cadre des Figures tragiques de Radio France à la salle Olivier Messiaen de la Maison de la Radio, Paris.
    Scènes tragiques pour Anna Giró
    Airs extraits de Farnace, Bajazet et Orlando Furioso d'Antonio Vivaldi

    Marie-Nicole Lemieux, contralto
    Ensemble Matheus
    direction : Jean-Christophe Spinosi

     


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