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CRITIQUES DE CONCERTS 13 octobre 2024

Concert de l'Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Zubin Mehta, avec la participation du pianiste Daniel Barenboïm au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Une insolite soirée viennoise

Dernière des trois prestations des Wiener Philharmoniker au TCE cette saison, ce concert sous la houlette de Zubin Mehta restera marqué par un Daniel Barenboïm exsangue dans le Deuxième concerto de Brahms, mais aussi par une étincelante Sinfonia domestica de Strauss en seconde partie. Une soirée étrange, entre fatigue et rutilance.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 13/06/2005
Yannick MILLON
 



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  • Ambiance électrique devant le TCE ce lundi 13 juin, les portes du théâtre restant closes jusqu'à 19h50. Fébrilité, cohue et pieds écrasés pour gagner la salle, on se croirait à l'entrée du dernier concert de Karajan à Paris. L'orchestre installé, Daniel Barenboïm et Zubin Mehta se font attendre, et enfin le concerto de Brahms commence, avec un quart d'heure de retard.

    Le cor ouvre le bal, avec une classe à éclipser en sept notes la totalité des orchestres français. Mais l'extase est de courte durée, Daniel Barenboïm apparaissant comme l'ombre de lui-même : nerveux, crispé au clavier, faisant maladroitement claquer sa semelle sur la pédale, dont il fait un usage immodéré. Dans un jeu très approximatif, parsemé de fausses notes, il délivre un Brahms sonore mais sans énergie, proche de la boursouflure, limité dans la virtuosité, peinant à tenir les rythmes pointés et le staccato sans amollir considérablement le phrasé. Incompréhensible lorsque l'on repense à la tenue de son tout récent Clavier bien tempéré à Gaveau.

    L'élan de la battue de Mehta n'y peut rien, et même les Wiener ont du mal à trouver leurs marques. Il faut dire que la décision, lors des tractations interminables qui ont entraîné le retard du concert, de disposer les cordes à la française, avec les violoncelles à droite afin de ne pas masquer derrière la queue du piano le solo du mouvement lent, n'est pas pour arranger la situation. Rien à faire, Barenboïm est dans un mauvais jour, et en bon chef d'orchestre, transmet sa méforme à ses troupes. Accueil très frais du public, qui ovationne par contre les musiciens autrichiens.

    L'entracte n'est pas de trop pour dissiper les mauvaises ondes, mais à croire que cette soirée devait être à part, au bout de quelques mesures de la Sinfonia domestica, Mehta arrête l'orchestre devant les problèmes d'anche du hautbois de Martin Gabriel. Et c'est reparti pour de bon, pour quarante-cinq minutes de rutilance straussienne que Mehta conduit de mémoire. Les Viennois sont maintenant dans leur jardin, et étalent leurs inimitables sonorités : hautbois d'amour délicieusement timbré, cors en état de grâce, trombones coupants comme des lames de rasoir, dans des interventions presque chostakoviennes, cordes électrisantes.

    Un Finale chauffé à blanc

    Même si l'on peut noter tout du long de petites imprécisions qui trahissent une certaine fatigue chez des musiciens sur-sollicités, dans la double fugue, la mécanique parfaitement huilée, le sens de la virtuosité instrumentale et la narrativité de la direction de Mehta font des miracles et permettent un Finale chauffé à blanc, aux cuivres conquérants – les trompettes de la coda.

    En bis, l'orchestre offre un de ces moments qui en font un instrument plus luxueux encore que les Berliner, dans un Nimrod des Variations Enigma d'Elgar au tapis de cordes à pleurer, au decrescendo final infinitésimal, majestueux, comme rêvé. Devant l'enthousiasme de la salle, Mehta annonce : « Après le beau Elgar, il serait de très mauvais goût de donner une polka viennoise, mais quand même ! Â» et attaque aussitôt une roborative Tritsch-Tratsch polka.

    Comme quoi dans une soirée aussi insolite, le « mauvais goût Â» autrichien le plus assumé peut tout à fait emballer un public prétendument garant du bon goût à la française.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 13/06/2005
    Yannick MILLON

    Concert de l'Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Zubin Mehta, avec la participation du pianiste Daniel Barenboïm au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Johannes Brahms (1833-1897)
    Concerto pour piano et orchestre n° 2 en sib majeur op. 83 (1881)
    Daniel Barenboïm, piano

    Richard Strauss (1864-1949)
    Sinfonia domestica, op. 53 (1903)

    Wiener Philharmoniker
    direction : Zubin Mehta

     


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