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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Concert Richard Strauss de l'Orchestre national de France sous la direction de Kurt Masur, avec la participation de la soprano Deborah Voigt au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Tornade américaine sur la capitale
© Devon Cass

Deborah Voigt

Soirée particulière que ce concert Strauss du National et de son directeur musical Kurt Masur. La présence de Deborah Voigt constituait d'ailleurs un atout non négligeable, même si les réserves n'ont pas manqué dans les Quatre derniers Lieder. Mais c'était sans compter sur la véritable tempête vocale que l'Américaine allait faire souffler sur la scène finale de Salomé.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 23/06/2005
Yutha TEP
 



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  • Il aura fallu patienter de longues minutes avant de pouvoir pleinement profiter des qualités de la soprano américaine Deborah Voigt. L'orage cataclysmique qui s'abat sur la capitale en cette fin d'après-midi a des conséquences inattendues, certains musiciens ayant été retardés par les effets du ciel sur la circulation parisienne. Un peu plus d'une demi-heure de retard donc, qui explique peut-être l'extrême nervosité de l'Orchestre national de France dans le Don Juan qui ouvre cette soirée Strauss.

    Le Schwung viennois ne fait pas partie des qualités premières de Kurt Masur, et si les combinaisons de timbres sont là, la lisibilité n'est pas parfaite et surtout la raideur de la battue prive le poème symphonique de son miroitement instrumental, sans compter certaines approximations dans la cohésion générale. Le directeur du National ne recule guère devant certaines acidités, qu'on peut accepter à la limite, à condition que soient parfaitement préservées ces toiles arachnéennes que le compositeur ménage même dans les pires excès d'Elektra.

    Des Quatre derniers Lieder étonnament rapides

    Plus calme dans les Quatre derniers Lieder, Masur surprend : l'ampleur naturelle de la voix de Deborah Voigt laissait penser qu'il renouerait avec les options musicales de son célèbre enregistrement avec Jessye Norman. Or, les tempi sont ce soir relativement rapides, et la soprano américaine n'a guère le temps de déployer ses grands moyens. Pire, son manque total de legato et l'indifférence à l'égard des nuances – voire des mots – nuisent considérablement à la vocalité sinueuse de Frühling et aux courbes sensuelles de September, jusqu'à un Beim Schlafengehen où les longues envolées de l'âme montrent un contrôle du souffle plus qu'aléatoire. On tente en vain de retrouver les qualités de celle qui sut négocier habilement les coloratures de Lady Macbeth ou l'épineux réveil de l'Impératrice de la Femme sans ombre. Seul Im Abendrot conserve une certaine tenue, Kurt Masur conduisant parfaitement les grandes coulées harmoniques de sa conclusion instrumentale.

    L'impact sonore hallucinant de Deborah Voigt

    Même perplexité au début de la deuxième partie : si la science des couleurs du chef allemand est incontestable, et si la première partie de Mort et Transfiguration distille de magnifiques teintes obscures, la progression vers la lumière aurait pu être opérée avec plus de contraste. Mais il faut attendre le retour de Deborah Voigt pour voir la soirée enfin décoller pleinement. Non pas que les qualités vocales se soient soudainement transmuées.

    La salle est tout simplement saisie à la gorge par un volume sonore d'une ampleur qu'on savait phénoménale, mais qui atteint dans la scène finale de Salomé des niveaux dynamiques sans précédent. Devant le pur impact physique de cette émission – que seule une Maria Guleghina peut prétendre égaler à l'heure actuelle –, on en vient à jeter aux orties toute réserve de nature belcantiste. Le National a beau exploser dans des sonorités débridées et glorieuses, jamais la voix ne s'en laisse conter. On peut juger malsaine l'excitation ressentie face à cette débauche de décibels, mais comment résister à pareil déferlement ?

    Car cette véritable tornade américaine aura réussi en une petite vingtaine de minutes de sensations fortes – doux euphémisme – à mettre à genoux le Théâtre des Champs-Élysées.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 23/06/2005
    Yutha TEP

    Concert Richard Strauss de l'Orchestre national de France sous la direction de Kurt Masur, avec la participation de la soprano Deborah Voigt au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Richard Strauss (1864-1949)
    Don Juan, poème symphonique op. 20 (1888)
    Quatre derniers Lieder (1948)
    Tod und Verklärung, poème symphonique op. 24 (1888)
    Scène finale de Salome (1905)

    Deborah Voigt, soprano
    Orchestre national de France
    direction : Kurt Masur

     


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