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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Concert de clôture de saison de l'Orchestre national de France sous la direction de Bernard Haitink, avec la participation de la mezzo-soprano Christianne Stotijn au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Chostakovitch entre grandeur et décadence

Concert en demi-teinte pour cette apparition de fin de saison très attendue de Bernard Haitink à la tête du National. Après des Rückert-Lieder de Mahler trop effacés, la 8e symphonie de Chostakovitch oscille entre grandeur et décadence en raison d'un orchestre qui ne trouve que trop tard les sonorités idoines d'un langage orchestral si particulier.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 30/06/2005
Yannick MILLON
 



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  • Dès les premières mesures de Blicke mir nicht in die Lieder, Haitink fait preuve des qualités de technicien d'orchestre qu'on lui connaît : textures propres et claires, toujours aérées, geste souverain, solidité de l'ossature rythmique. Mais il privilégie ce soir une atmosphère chambriste à en bannir tout élan lyrique – Liebst du um Schönheit la bride sur le cou, aux cordes éteintes. Les tempi sont lents, parfois même très lents, la dynamique cantonnée entre piano et mezzo forte. C'est évidemment Ich bin der Welt abhanden gekommen qui s'y plie le mieux, mais l'orchestre y sonne grisâtre car beaucoup plus appliqué qu'inspiré.

    La toute jeune Hollandaise Christianne Stotijn épouse à la perfection la vision du chef, et délivre un chant très soigné, riche en consonnes sans pour autant forcer le texte. Mais l'on reste sceptique devant cette voix qui n'a à l'évidence pas l'onctuosité, l'opulence de la ligne mahlérienne. De ce matériau de Sesto, de Cherubino mozartien, de cette approche schubertienne et de ce vibrato monotone, la maturité, le renoncement au monde, la résignation au bout du chemin de la souffrance sont tout juste esquissés. Un Mahler trop effacé, avant un Chostakovitch inégal.

    Une 8e de Chostakovitch trop policée

    Les qualités du Chostakovitch de Haitink ne sont plus à prouver, mais pour qui aura entendu sa 8e symphonie à la tête d'un orchestre de premier plan, le constat du concert de ce soir est celui de l'inaboutissement d'une prestation trop policée. En vingt ans, Haitink a ralenti ses mouvements lents et modéré ses mouvements rapides, et le National peine à combler autrement que par intermittence la distension du temps musical où se perdent les chocs de timbre de la partition.

    Si la maîtrise de ce geste sculptural dans la lenteur et la nuance piano confine au génie – Adagio liminaire hypnotique et comme prostré, à l'angoisse indélébile ; Largo à la désolation absolue – la plupart des forte censés prendre l'auditeur à la gorge lui effleurent seulement le cou en sonnant sans tension, sans épaisseur – entrée en matière de la symphonie aux cordes anémiées ; pâte sonore trop grasse dans l'Allegretto.

    Une lecture parsemée de tunnels d'autant plus dommageables que des cuivres parfaitement aiguisés confèrent aux climax leur juste intensité, même si les cordes peinent à asséner leurs rythmes pointés sans faiblir. Il en va jusqu'au moto perpetuo du troisième mouvement qui ne tient pas les promesses de ses premières mesures – jeu des cordes qui perd en martellato en s'éloignant du talon de l'archet ; passage central dévitalisé, impuissant à restituer le sarcasme, les pointes d'ironie désespérée du compositeur – la caisse claire, jamais perçante.

    Il n'est que le Finale, dont le tempo plutôt standard paraît rapide dans pareil contexte, pour trouver enfin le mordant, l'acuité, le tranchant des cordes et des bois qui n'appartenaient jusqu'alors qu'aux seuls cuivres. Un peu tard tout de même pour ce Chostakovitch entre grandeur et décadence.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 30/06/2005
    Yannick MILLON

    Concert de clôture de saison de l'Orchestre national de France sous la direction de Bernard Haitink, avec la participation de la mezzo-soprano Christianne Stotijn au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Gustav Mahler (1860-1911)
    Rückert-Lieder (1902)
    Christianne Stotijn, mezzo-soprano

    Dmitri Chostakovitch (1906-1975)
    Symphonie n° 8 en ut mineur, op. 65 (1943)

    Orchestre national de France
    direction : Bernard Haitink

     


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