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CRITIQUES DE CONCERTS |
07 octobre 2024 |
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Concert symphonique de l'Orchestre de Paris sous la direction de Claus Peter Flor, au théâtre Mogador, Paris.
L'art de la diversité et de la cohérence
Claus Peter Flor
Quelques semaines avant de se lancer dans la Tétralogie, l'Orchestre de Paris révèle sa facilité à passer d'un style à l'autre sous la houlette décisive de Claus Peter Flor. Un concert dont l'intensité musicale ira crescendo en donnant une rare leçon de diversité et de cohérence à travers Wagner, Mozart et Chostakovitch.
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De l'art de réconcilier la diversité et la cohérence. Ainsi pourrait se résumer ce concert de l'Orchestre de Paris sous la direction de Claus Peter Flor. Diversité stylistique et cohérence d'un programme d'abord : car l'ampleur opératique wagnérienne y côtoie l'efficacité symphonique mozartienne et que le concert trouve une synthèse aussi astucieuse qu'inattendue avec un Chostakovitch tant symphonique que wagnérien par ses citations.
Mais ceci ne serait qu'artifice sans la conscience pointilleuse, scrupuleuse de Claus Peter Flor qui enchaîne le programme avec une souplesse et une intelligence musicales qui forcent le respect. Son ouverture de Tannhaüser apparaît avant tout d'étoffe symphonique, reposant sur un orchestre plus soigné que narratif, éludant le théâtre au profit d'une vision éminemment architecturale.
À l'inverse, la 40e symphonie de Mozart frappe par son immédiateté, son évidence. Si la grande forme wagnérienne était conçue d'un seul tenant, la moindre articulation est ici mise en relief, l'ensemble conduit avec une urgence et une griffe sonore très XVIIIe – des cordes exemptes de tout vibrato. Tout y est à l'exact opposé de Wagner, dans le pétillant autant que dans les tempi, beaucoup plus nerveux. Un Mozart toujours respecté dans sa plus grande intégrité spirituelle, sans fétichisme aucun pour la poussière qui recouvre les vieux traités de musicologie.
Le sommet de la soirée n'en sera cependant pas moins la 15e symphonie de Chostakovitch, dans laquelle les couleurs et les talents individuels de l'Orchestre de Paris sont magnifiquement mis en valeur par une écriture privilégiant le timbre dans toute sa nudité. La formation témoigne une fois de plus de son excellence à servir le titan de la musique soviétique, digne de sa collaboration il y a quelques saisons avec Kurt Sanderling.
Sobriété dans l'épure et poigne dans la démesure
Car si quelques boitillements viennent de prime abord déséquilibrer la première moitié du mouvement initial, comme cette flûte au timbre fêlé, rarement on aura entendu un Chostakovitch aussi bien mené. La lenteur y est toujours au service de climats particulièrement prenants et on reste confondu par cette intelligence musicale jouant aussi naturellement avec la sobriété dans l'épure qu'avec la poigne dans la démesure. En résultent une gamme d'expression remarquable par sa largeur, et un souci de la qualité sonore toujours au service de l'expression, à l'image des cordes glacées ou de la noirceur granulée des cuivres dans le mouvement lent.
Le Scherzo est idéalement acerbe – des bassons goguenards – et constitue un épisode parfait pour mettre en valeur les qualités de l'orchestre ; on notera des clarinettes au phrasé burlesque et une fin en queue de poisson très réussie. Vient ensuite l'ultime passacaille qui s'épanche dans une lenteur atomisée, bien en dessous des prescriptions du compositeur mais avec une conduite si cohérente qu'elle guide le Finale jusqu'à un climax littéralement flagellé avant de retomber dans des gouffres d'une vacuité chaotique.
En somme, une maîtrise du propos remarquable, dont on peut dire sans hésiter qu'elle aura été la constante de cette soirée au programme en apparence bien hétérogène.
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Théâtre Mogador, Paris Le 22/09/2005 Benjamin GRENARD |
| Concert symphonique de l'Orchestre de Paris sous la direction de Claus Peter Flor, au théâtre Mogador, Paris. | Richard Wagner (1813-1883)
Tannhäuser, ouverture et Bacchanale (1845-65)
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Symphonie n° 40 en sol mineur, KV. 550 (1788)
Dimitri Chostakovitch (1906-1975)
Symphonie n° 15 en la majeur, op. 141 (1971)
Orchestre de Paris
direction : Claus Peter Flor | |
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