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CRITIQUES DE CONCERTS |
16 octobre 2024 |
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Concert d'ouverture de la deuxième biennale du Quatuor à cordes de la Cité de la musique avec le Quatuor Pražák et la participation du pianiste Alain Planès.
La sève des Pražák
À l'occasion de sa deuxième biennale du Quatuor à cordes, la Cité de la musique a convié le Quatuor Pražák et Alain Planès à ouvrir le cycle de cette saison. Un concert où la sève tchèque alimente diversement l'intensité de la soirée tandis que le pianiste français se démarque par sa platitude.
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Si le Quatuor Pražák aborde de manière aussi convaincante la musique viennoise de la première moitié du XXe siècle que les grands classiques d'Europe centrale, c'est que l'image sonore indéniablement tchèque des instrumentistes révèle la connexion entre deux cultures voisines. La densité et la tension incrustées dans la sonorité façonnent une étoffe racée, livrant un 4e quatuor de Zemlinsky d'une intense expressivité.
Car l'expressionnisme sans concession de cette pâte dense mais dégraissée place indubitablement l'ouvrage dans le sillage de la Suite lyrique d'Alban Berg. Conduisant ce Zemlinsky aux teintes Mittel-Europa avec âpreté jusqu'à la culmination d'une double-fugue aux accents bartokiens, les Pražák magnifient une texture violacée qui n'est pas sans rappeler l'austérité jadis monochrome et asséchée des Vegh.
La même sève inonde le 4e quatuor de Dusapin, précisément écrit à l'attention des Pražák, dans une interprétation encore plus radicale, qui frise comme jamais la perfection. Manifestement composée pour exploiter le cachet sonore des Tchèques, la pièce est gagnée par une saturation et une rudesse qui ressortent jusque dans l'imperceptible. De mémorables moments d'intensité habitent une écriture dépouillée parfois jusqu'à l'extrême, si bien que cette oeuvre à peine éclose trouve ici une exécution des plus accomplies.
Un Brahms au pianisme sommaire
La deuxième partie ne se chauffe hélas pas du même bois. Les caractéristiques timbriques des Pražak dérangent le Quintette de Brahms plus qu'ils ne le défendent. Le manque d'épaisseur, de chair, d'étoffe, fragilise la cohérence du quatuor, uni dans une lecture énergique dont l'exigence n'est pas à démontrer. Mais l'ensemble manque d'ampleur et de fondations de sorte que le propos s'étiole rapidement, dans une extériorité creuse.
Pire, Alain Planès se révèle indigne de sa réputation : les nombreux impairs dans les traits techniques n'apparaissent pas autrement à ce niveau que comme un manque de travail – le mouvement initial est littéralement bâclé. Musicalité sommaire, platitude, le pianiste française ruine le phrasé brahmsien, le vide de sa substance. La distance préoccupante qu'il cultive vis-à -vis du quatuor à cordes le rend en outre incapable d'étoffer ne serait-ce que d'un iota la texture trop sèche des Pražák.
La sève tchèque ne fera donc pas prendre ce fabuleux quintette de Brahms, manquant par trop d'envergure, de conduite. Le Scherzo, maladroitement repris en bis, est à l'image de l'ensemble de l'exécution : superficiel. Cette soirée laissera donc l'impression d'inachèvement où la sève tchèque, forte à propos dans la première partie, n'aura pas eu raison d'un Brahms désincarné par trop de platitude française.
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Cité de la Musique, Paris Le 04/11/2005 Benjamin GRENARD |
| Concert d'ouverture de la deuxième biennale du Quatuor à cordes de la Cité de la musique avec le Quatuor Pražák et la participation du pianiste Alain Planès. | Alexander von Zemlinsky (1871-1942)
Quatuor à cordes n° 4 op. 25 (1936)
Pascal Dusapin (*1955)
Quatuor à cordes n° 4 (1997)
Johannes Brahms (1833-1897)
Quintette pour piano et cordes en fa mineur op. 34 (1861-1864)
Alain Planès, piano
Quatuor Pražák
Václav Remes, violon I
Vlatismil Holek, violon II
Joseph Kluson, alto
Michal Kanka, violoncelle | |
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