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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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9e symphonie de Beethoven par l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
Véhémence beethovénienne
Dans le cadre d'une série consacrée aux dernières symphonies de compositeurs phares du premier XIXe siècle, le Philharmonique de Radio France et Myung-Whun Chung consacraient à la 9e symphonie de Beethoven une soirée peut-être pas définitive, et certainement pas novatrice, mais d'une qualité globalement très remarquable.
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Myung-Whun Chung, concentration extrême, gestique de haute précision, fait corps avec le Philharmonique de Radio France comme avec la musique de Beethoven, qu'il sert au plus près de ce qu'on peut sans doute considérer comme une certaine authenticité historique. Le chef coréen, en effet, ne tombe jamais dans le défaut propre à certains de ses confrères : interpréter Beethoven dans un sens personnel en appliquant à sa musique une grille de lecture valable, grosso modo, pour n'importe quel compositeur. Bien au contraire, Chung se met entièrement au service d'une partition suffisamment forte pour ne pas avoir besoin d'une telle appropriation.
Ainsi, si l'Allegro ma non troppo initial se déroule comme une monumentale ouverture d'opéra, solide et massive, le Scherzo, dans sa véhémence, fait trembler une salle qui retient son souffle. À l'inverse, l'Adagio, premier mouvement chantant de la symphonie, développe des couleurs oniriques de toute beauté, le Philharmonique atteignant ici au velouté parfait qui manquait peut-être aux deux premiers mouvements, et surtout à l'expressivité qui se déploie le long du second thème Andante moderato.
Au célébrissime quatrième mouvement, le grondement assourdi du récitatif des cordes graves conduit à l'explosion vocale que le Choeur de Radio France exerce avec la conviction qui s'impose. Celui-ci, force de frappe impressionnante remarquablement préparée par Matthias Brauer, confère à l'Hymne à la joie la puissance et l'intensité d'enthousiasme qui font de la 9e une oeuvre à part et dans l'oeuvre du compositeur, maître de la musique instrumentale libérée de la prééminence du vocal, et dans une histoire de la musique qui, dans les années 1820, reste sous la domination de l'opéra.
Le quatuor vocal reste relativement effacé, coincé qu'il est entre l'orchestre et le choeur. On a connu en meilleure forme un Laurent Naouri qui remplaçait ici John Relyea souffrant. Du reste, sa voix est sans doute un peu légère pour l'énormité de son O freunde, nicht diese Töne. Ni Luba Orgonasova ni Jorma Silvasti ne se distinguent particulièrement, laissant la vedette au timbre d'or et de miel de la mezzo canadienne Marie-Nicole Lemieux, ce qui est bien une première concernant une partie d'alto généralement noyée au coeur des autres solistes.
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Théâtre des Champs-Élysées, Paris Le 02/12/2005 Anne-Béatrice MULLER |
| 9e symphonie de Beethoven par l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Myung-Whun Chung au Théâtre des Champs-Élysées, Paris. | Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Symphonie n° 9 en ré mineur op. 125 (1824)
Luba Orgonasova, soprano
Marie-Nicole Lemieux, mezzo-soprano
Jorma Silvasti, ténor
Laurent Naouri, baryton-basse
Choeur de Radio France
chef de choeur invité : Matthias Brauer
Concert de l'Orchestre Philharmonique de Radio France,
direction : Myung-Whun Chung | |
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