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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Concert de l'Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Georges Prêtre au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Heurs et malheurs du rubato
© Stephan Trierenberg

Lorsqu'on aborde avec lui la caractéristique principale de sa direction, à savoir son important rubato, Georges Prêtre aime à dire : « ce n'est pas du rubato, c'est du phrasé Â». Mais pour que du phrasé reste du phrasé, tout est question de dosage. Un dosage plus ou moins raisonnable qui fera les heurs et malheurs de cette soirée viennoise au TCE.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 17/01/2006
Yannick MILLON
 



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  • Quelle bonne surprise ! Après le concert de l'été 2004 à Salzbourg, où Wagner et Berlioz avaient subi les ravages du tsunami rythmique de la direction de Georges Prêtre, la 3e symphonie de Brahms qui ouvre cette soirée a quelque chose de rassurant. Le chef français s'y montre calme, patient, et installe un climat rêveur, presque pastoral, pas si éloigné de la 2e symphonie, en usant du rubato avec modération.

    Le vieux maestro se sépare pour les deux mouvements centraux de sa baguette, qu'il glisse entre la partition et le pupitre du konzertmeister Werner Hink, comme pour mieux travailler la matière sonore à mains nues – un Andante qui chante librement, un Poco allegretto bénéficiant de la couleur inimitable, à la fois lumineuse et crépusculaire, des violoncelles viennois.

    Mais comme les bonnes choses ont une fin, Prêtre abuse d'artifices agogiques dans un Finale bien attaqué mais vite entaché de scories d'un autre âge – les ralentis « pancarte Â» qui introduisent le grand thème lyrique des cordes. Heureusement, le magnifique équilibre des vents dans le choral qui achève l'oeuvre laisse sur une note positive. Un Brahms où l'on ne cherchera pas une exégèse de la construction, mais plutôt une émotion de l'instant, une inspiration presque rhapsodique qui sont, finalement, question de goût.

    Après la pause, la suite de l'Oiseau de feu démarre au mieux – Introduction aux angles saillants, Danse de l'oiseau aux belles irisations de la matière orchestrale, Khorovod à la tendresse bienvenue, même si la battue commence à jouer au yo-yo. Du fait de la réorchestration sèche et dure, des transferts de solos de la version de 1919, mais aussi des choix du chef français, elle s'achèvera nettement moins bien – Danse infernale un rien too much, Finale partagé entre la magnifique envolée des violons et la scansion boursouflée, presque bouffie, du thème de choral en tutti, suivie d'une coda trois fois plus rapide.

    La flûte magique de Dieter Flury

    Dans la suite de Daphnis et Chloé, ce sont les premiers instants les plus pénibles. Le pauvre Ravel, dont on connaît la minutie des indications agogiques, a dû se retourner dans sa tombe devant la métrique indéchiffrable et les retenues de fin de mesure du Lever du jour. Par la suite, Prêtre a tendance à s'effacer derrière la partition, et hormis quelques curieuses suspensions, on peut enfin profiter de la plénitude de l'orchestre sans trop endurer de fluctuations.

    La Pantomime est un festival de saveurs, avec le solo de flûte absolument magique de Dieter Flury, qui prend génialement le contrepied de la mode actuelle des sons cuivrés. Son intervention n'est que transparence – les aigus souvent sans vibrato, l'égalité des registres – et subtilité – le dosage du grave. Puis l'autorité impériale des cuivres au début de la Danse générale laisse la place à une frénésie bien contrôlée.

    En bis, Prêtre régale les Parisiens d'une Tritsch-Tratsch Polka à même de prolonger l'ambiance festive du tout récent Concert du Nouvel An, mais aussi d'une 1re danse hongroise de Brahms à la partie centrale tanguée jusqu'à l'écoeurement. Comme quoi élégance et vulgarité peuvent se côtoyer de très près. Et on finit par se dire que ce rubato parfois insensé rappelle celui d'un Mengelberg, qui, lui, avait au moins l'excuse de son époque.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 17/01/2006
    Yannick MILLON

    Concert de l'Orchestre philharmonique de Vienne sous la direction de Georges Prêtre au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Johannes Brahms (1833-1897)
    Symphonie n° 3 en fa majeur, op. 90 (1883)

    Igor Stravinsky (1882-1971)
    L'Oiseau de feu, suite pour orchestre (1910)
    Version de 1919

    Maurice Ravel (1875-1937)
    Daphnis et Chloé, suite d'orchestre n° 2 (1912)

    Wiener Philharmoniker
    direction : Georges Prêtre

     


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