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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Récital du ténor Topi Lehtipuu accompagné au pianoforte par Arthur Schoonderwoerd à l'Auditorium du Louvre, Paris.
Un talent encore fragile
Le jeune ténor finlandais Topi Lehtipuu avait fait excellente impression au Châtelet les saisons passées, tant dans les Troyens que dans les Paladins. Ce bref récital parisien de midi-trente à l'Auditorium du Louvre ne confirmera qu'en partie les espoirs placés en lui. Un talent de la nouvelle génération de chanteurs pour sûr, mais un talent encore fragile.
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Topi Lehtipuu a d'incontestables qualités. Ce que l'on peut appeler une jolie voix d'abord, au timbre agréable, homogène, à l'émission maîtrisée, à la technique habile lui permettant de jouer sur les différents registres de tête ou de poitrine, de détimbrer certains aigus sans leur faire perdre pour autant toute couleur. Le jeune Finlandais est musicien, comme le prouve le rapport qu'il établit entre le texte littéraire et le texte musical des Lieder et mélodies sélectionnés, malgré quelques curieux choix de phrasé. Sa diction tant en allemand qu'en français est bonne. Qu'exiger de plus, dira-t-on ?
Avant tout, des moyens qui paraissent avoir davantage de réserves pour un développement ultérieur. Avec un pianoforte pour accompagnement, aucun problème. Dans un certain répertoire baroque, pas davantage. Alors, une de ces voix vouées uniquement à un répertoire si à la mode aujourd'hui qu'il fait quasiment oublier qu'un chanteur, jeune, peut aussi posséder, au moins potentiellement, de vrais moyens de théâtre pour un répertoire plus diversifié ?
Silhouette d'adolescent – un avantage certain dans le monde des ténors – visage avenant et vrai talent de comédie, on espérait un peu que cet artiste pourrait aspirer à un destin plus vaste. Ce que l'on entend au cours de ce bref récital laisse plutôt dubitatif. L'avenir dira si cette relative déception n'est qu'une impression passagère et si nous tenons là un nouveau Wunderlich, un nouveau Gedda, ou un nouveau Tapy.
Et puis, comment ne pas s'étonner qu'un artiste qui est tout de même assez confirmé pour s'être déjà produit sur les scènes les plus importantes ne puisse mémoriser les huit mélodies de Mozart qu'il interprète, qu'il les chante avec la musique devant lui, même s'il n'a pas les yeux rivés dessus en permanence, et surtout que, rappelé plusieurs fois par le public, il ne puisse donner en bis que l'une des mélodies déjà chantées.
Cela sent un peu le concert préparé à la va-vite, avec une distanciation raffinée, sans doute, mais sans beaucoup de générosité théâtrale. Gardons-nous pourtant de tout jugement définitif, mais souhaitons qu'avec les qualités qu'il possède, Topi Lehtipuu se produise une autre fois avec plus de conviction, d'assurance et d'éclat.
Au pianoforte, instrument décidément hybride, sans le charme et l'éclat du clavecin ni la palette sonore du piano, Arthur Schoonderwoerd, dans diverses pièces de Mozart et le rôle délicat d'accompagnateur, aura fait preuve de beaucoup de science, de goût et de passion pour son instrument.
Diffusion du concert sur France Musique le 5 février 2006 à 13h.
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Auditorium du Louvre, Paris Le 19/01/2006 GĂ©rard MANNONI |
| Récital du ténor Topi Lehtipuu accompagné au pianoforte par Arthur Schoonderwoerd à l'Auditorium du Louvre, Paris. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Prélude et fugue pour piano en ut majeur, K. 394
Das Traumbild, K. 530
Das Lied der Trennung, K. 519
Als Luise
, K. 520
Rondo pour piano en ré majeur, K. 485
Oiseaux, si tous les ans, K. 307
Dans un bois solitaire, K. 308
An Chloe, K. 524
Fantaisie pour piano en ut mineur, K. 475
Abendempfindung, K. 523
Die ihr des unermesslichen Weltalls, K. 619
Topi Lehtipuu, ténor
Arthur Schoonderwoerd, pianoforte | |
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