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CRITIQUES DE CONCERTS 25 avril 2024

Création à Paris de Crépuscule des Dieux de Wagner dans la mise en scène de Bob Wilson et sous la direction de Christoph Eschenbach au Théâtre du Châtelet.

Ring 2005-2006 (4) :
Record crépusculaire

© M. N. Robert

Mihoko Fujimura (Waltraute) et Linda Watson (Brünnhilde).

Point final au Ring de Bob Wilson au Châtelet avec la confirmation du mieux déjà entrevu dans Siegfried la semaine passée. L'imagerie wilsonienne semble n'avoir jamais aussi bien collé au temps musical wagnérien, avec en prime un record de durée dans la direction de Christoph Eschenbach, qui porte à presque cinq heures ce dernier volet.
 

Théatre du Châtelet, Paris
Le 02/02/2006
Yannick MILLON
 



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  • Tenir un premier Ring sans coup férir relève pour un chef d'orchestre de la gageure. Après avoir dirigé la Tétralogie à Bayreuth entre 1976 et 1980, Pierre Boulez avouait n'avoir réussi à dominer le colosse wagnérien qu'au bout du troisième été. À Paris, Christoph Eschenbach aura naturellement connu pour son premier essai des hauts et des bas.

    Si on retrouve, certes, dans ce dernier volet, la même tendance à appuyer des forte qui saturent vite dans la fosse du Châtelet, à lâcher par trop la bride de la dynamique dans les grands passages symphoniques, on commence à percevoir un fil conducteur tout au long de cette partition fleuve alors que la battue, inouïe au sens premier, n'aura jamais été aussi lente : cinq heures pour ce Crépuscule, dont presque deux heures et quart pour le seul premier acte.

    Mais cette lenteur s'intègre bien à la mise en scène et se voit, dans les nuances médianes, assortie d'une certaine transparence, d'un beau sens de la couleur – une scène des Nornes sombre et désabusée, aux cuivres bouchés inquiétants ; une scène du Rhin fluide et lentement ondulante. Les affrontements du II y perdent quelques plumes, la Marche funèbre de Siegfried et l'Immolation finale apparaissent démesurées, quoique parfaitement défendues par un Orchestre de Paris à qui l'on tire un grand coup de chapeau pour avoir servi, jusqu'à presque minuit et de manière aussi professionnelle, une conception inhabituellement étirée.

    © M. N. Robert

    La distribution reste aussi inégale que dans les trois premiers volets, et oscille entre l'excellent – le Hagen effrayant de noirceur, de puissance et de sonorités charbonneuses, de Kurt Rydl, seul véritable wagnérien du plateau ; la Waltraute hypnotique de Mihoko Fujimura, qui delivre en son long monologue des pianissimi suspendus à en perdre la notion du temps –, le tout venant wagnérien de notre époque – la Brünnhilde toujours guère réveillée de Linda Watson, dont la placidité est en cause, non les joliesses ; le Gunther veule à souhait mais court de projection de Dietrich Henschel ; la Gutrune transparente de Christine Goerke ; – et l'erreur de distribution – si Jon Frederic West avait nettement plus la voix de Siegfried que son physique, constat inverse pour Nikolai Schukoff : il est inconscient de faire chanter au jeune ténor lyrique un rôle dont il n'a ni l'héroïsme ni l'endurance, même s'il s'en sort courageusement eu égard à l'absurde de cette prise de rôle.

    © M. N. Robert

    Toutefois, la relative cohésion de ce Crépuscule reste avant tout le fait de l'orfèvrerie scénique de Bob Wilson, dont l'art touche ici au sublime, sans chute de tension au III comme dans Siegfried. La scène des Nornes distille au mieux ce sentiment d'inévitable, de fin du monde que la musique étale en pleine obscurité, avec l'immense traîne que se partagent, prisonnières du destin, des Parques portant à bout de bras quelques restes du frêne du monde. Le passage dans l'au-delà de Siegfried assassiné, vécu comme une vision de cauchemar, restera dans les esprits, tout comme le changement de dispositif après la veille de Hagen au I, qui n'a jamais autant suivi la musique et facilité la digestion d'un acte plus long que de raison, surtout ce soir.

    Reste à voir comment l'ensemble de ce Ring inégal tiendra le choc lors des exécutions en cycle en avril prochain, dont on sait déjà qu'elles auront lieu sans le Siegmund de Domingo, annoncé démissionaire tout récemment.




    Théatre du Châtelet, Paris
    Le 02/02/2006
    Yannick MILLON

    Création à Paris de Crépuscule des Dieux de Wagner dans la mise en scène de Bob Wilson et sous la direction de Christoph Eschenbach au Théâtre du Châtelet.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Götterdämmerung, troisième journée en un prologue et trois actes du festival scénique Der Ring des Nibelungen (1876)
    Livret du compositeur

    Choeur du Théâtre du Châtelet
    Orchestre de Paris
    direction : Christoph Eschenbach
    mise en scène : Robert Wilson
    costumes : Frida Parmeggiani
    éclairages : Kenneth L. Schutz
    préparation des choeurs : Stephen Betteridge

    Avec :
    Nikolai Schukoff (Siegfried), Dietrich Henschel (Gunther), Kurt Rydl (Hagen), Sergei Leiferkus (Alberich), Linda Watson (Brünnhilde), Christine Goerke (Gutrune), Mihoko Fujimura (Waltraute), Qiu Lin Zhang (Première Norne), Daniela Denschlag (Deuxième Norne ; Wellgunde), Marisol Montalvo (Troisième Norne ; Woglinde), Annette Jahns (Flosshilde).

     


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