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CRITIQUES DE CONCERTS 19 avril 2024

Récital du ténor Rolando Villazón accompagné par l'Orchestre national de France sous la direction de Marco Armiliato au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Le bonheur de chanter
© Ana Bloom

Il y a désormais un style Villazón bien caractérisé et à nul autre pareil. Les concerts du ténor ne ressemblent à aucuns autres. Au-delà de toute analyse de qualités vocales et musicales, incontestables, le Mexicain a su créer un rapport affectif direct avec son auditoire. Il est gagnant dès qu'il paraît en scène, et il le mérite.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 01/04/2006
Gérard MANNONI
 



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  • Il a l'air tellement heureux de chanter et se donne avec tant de générosité et d'intensité dans tous les répertoires qu'assister à l'un de ses récitals constitue une expérience à part entière. S'il entre et sort de scène quasiment au pas de charge, le sourire au lèvres, l'Âœil allumé d'un plaisir anticipé, déjà complice du public qui l'ovationne d'avance, il ne lui faut qu'un quart de seconde pour plonger dans le drame ou la grandeur d'un air avec toute son énergie et toute sa conviction.

    Charles Munch disait à ses musiciens de jouer à chaque concert comme si c'était le dernier de leur vie. Villazón, lui, chante chaque air comme s'il était vital pour lui, comme s'il voulait y investir une dernière fois toute sa puissance émotionnelle. C'est touchant, émouvant et quasiment toujours beau. Le geste, le regard, le visage, tout le corps accompagnent musique et parole avec une foi qui ne peut laisser indifférent.

    Très rares sont les artistes qui au concert, comme autrefois Elisabeth Schwarzkopf dans le domaine du Lied, donnent cette impression de vivre texte et musique du plus profond de leur corps et les traduisent justement de manière aussi physique et palpable. Le public est subjugué, conquis, et criera debout, pendant de longues minutes, son enthousiasme et sa reconnaissance devant une telle envie de donner sans la moindre restriction. Et puis, avouons-le, quand le chef est lui aussi toute décontraction, tout sourire, en totale complicité affectueuse et amicale avec le ténor, les deux hommes jeunes, simples et si talentueux, acquièrent un capital sympathie assez irrésistible.

    Magnifiques accompagnateurs

    Et la musique, dira-t-on ? Puisqu'il vient d'être question du chef, Marco Armiliato mérite déjà l'admiration pour la manière dont il sait motiver les musiciens de l'Orchestre national de France dans un exercice que bien des grandes formations symphoniques prennent d'assez haut. Ici, tant dans l'accompagnement des airs que dans les passages purement orchestraux, orchestre et chef auront été magnifiques. On aura en particulier remarqué l'intervention de la petite harmonie dans l'ouverture de la Force du destin, grand moment de musique instrumentale rarement servi avec autant de goût et d'imagination.

    Quant au ténor lui-même, inutile de rappeler les qualités de couleur et la malléabilité d'une voix au timbre rayonnant, chaleureux, riche, ni la facilité d'une émission que seules les nécessités de l'expression dramatique semblent gouverner. Il y a bien un ou deux sons et quelques attaques un peu bizarres, mais des broutilles comparées à tant de notes et de phrases si amplement délivrées avec un souffle quasi inépuisable, apanage des voix bien placées.

    Reste la question : Villazón a-t-il eu raison de débuter son concert par deux airs de Mozart, le Dies Bildnis de Tamino et Il mio tesoro de Don Ottavio ? Pourquoi pas, même si ce n'est pas là que sa carrière trouvera ses meilleurs développements. Mais au moins, à ces airs si souvent chantés de manière un peu distanciée, un peu trop coincée dans un stylistiquement correct peu expressif, il apporte une couleur latine, une force expressive et dramatique qui leur donne une vie différente, un intérêt renouvelé.

    Un ténor soucieux de belcanto

    Et puis, il montre aussi à quel point il maîtrise non seulement l'art du sanglot lyrique adapté au vérisme, mais, en vrai belcantiste, celui du phrasé et de la vocalise. Tosca, un Bal masqué, Lenski, Lucia de Lammermoor et même le très oublié air du Mage de Massenet sont néanmoins plus dans sa voix et son tempérament, comme le Mamma quel vino de Cavalleria rusticana. On retrouve d'ailleurs la plupart de ces airs sur le CD que Virgin vient de publier. Michel Plasson y est à la tête de l'Orchestre de la Radio munichoise et un DVD de quarante minutes nous initie aux secrets de l'enregistrement. Indispensable à tout amateur de belles voix en général et de ténors en particulier !

    Ne boudons donc pas notre plaisir devant un tel bonheur de donner du beau chant et du beau théâtre. Villazón rejoint ici, à sa manière, le mythe du grand ténor populaire, qu'il est sans doute le seul avec Roberto Alagna à assumer avec pareil magnétisme et, certes, une personnalité différente. Nous avons bien de la chance, en ce début de siècle, de posséder pareils artistes qui ont encore bien de l'avenir devant eux !




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 01/04/2006
    Gérard MANNONI

    Récital du ténor Rolando Villazón accompagné par l'Orchestre national de France sous la direction de Marco Armiliato au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Mozart-Donizetti-Massenet-Verdi-Tchaïkovski-Puccini-Mascagni
    Rolando Villazón, ténor
    Orchestre national de France
    direction : Marco Armiliato

     


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