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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Reprise de Parsifal de Wagner dans la mise en scène de Bernd Eichinger et sous la direction de Daniel Barenboim, dans le cadre des Festtage 2006 de l'Opéra de Berlin.

Fête sonore pour le Graal
© Monika Rittershaus

Michaela Schuster (Kundry)

Les Festtage berlinoises, inaugurées en 1996, sont traditionnellement consacrées aux opéras de Wagner. Ces dix dernières années, le cycle wagnérien était assuré par le tandem Barenboim-Kupfer. Aujourd'hui, le chef d'orchestre s'adjoint le concours d'autres metteurs en scène, comme dans ce Parsifal qu'on retiendra avant tout pour sa partie musicale.
 

Staatsoper unter den Linden, Berlin
Le 14/04/2006
Hermann GRAMPP
 



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  • Après l'omniprésence des mises en scène wagnériennes de Harry Kupfer, les Festtage 2005 de la Staatsoper de Berlin innovaient en confiant pour la première fois Parsifal à un autre régisseur. Le réalisateur Bernd Eichinger, connu pour ses comédies légères, puis, plus récemment pour son film sérieux la Chute, s'essayait alors pour la première fois à la mise en scène d'opéra.

    La presse allemande avait alors unanimement sanctionné cette tentative de rétablir une esthétique conventionnelle, dont le plus grand tort était son absence de véritable direction d'acteurs. Pour cette reprise, le constat nous apparaît moins dramatique. Certes, les décors sont assez classiques et se démarquent en cela du Regietheater, mais on peut très bien y voir un atout : un ensemble de troncs d'arbre énormes symbolise la forêt du Graal au I ; les costumes suivent la tendance intemporelle : Klingsor en rouge méphistophélique, Kundry en noir pécheresse. Métaphore simple, mais qui a le mérite d'être claire.

    © Monika Rittershaus

    Néanmoins, le concept manque parfois de cohérence. Les chevaliers du Graal, ensemble de guerriers égyptiens au I, deviennent au III un street gang post-nucléaire vêtu de cuir et prêt à trucider Amfortas avec force bâtons, chaînes et couteaux. Mais cette faute de goût mis à part, la conception d'Eichinger ne perturbe pas la concentration outre mesure, et ne gâche jamais la splendeur musicale de la production.

    Car pour cette reprise, les forces musicales apparaissent conformes à ce qu'on peut attendre des meilleures salles lyriques, avec au premier chef un plateau exceptionnel. Burkhard Fritz – membre de la troupe de la Staatsoper depuis 2004 – est un Parsifal jeune, au timbre héroïque reposant sur une assise de véritable baryton, au beau lyrisme, à l'aigu rayonnant. Michaela Schuster, excellente comédienne, chante Kundry avec un timbre plein de chaleur et un volume intense, même si elle a parfois tendance à forcer ses moyens.

    L'Amfortas de Hanno Müller-Brachmann, qui manque pourtant d'élégance dans les éclats douloureux du haut de la tessiture, est constamment expressif, avec ce ton grave et douloureux si typique du roi maudit. René Pape incarne enfin un exceptionnel Gurnemanz. L'instrument, sonore, de magnifique qualité, l'intelligence musicale, la capacité à faire vivre chaque mot du texte, à structurer le récit, font certainement de l'Allemand la plus grande basse wagnérienne de notre époque.

    Barenboïm au sommet de son art

    Restait un détail d'importance, la fosse. Daniel Barenboim est un wagnérien aux humeurs instables, chez qui des soirées splendides suivent des représentations molles et peu inspirées. Ce soir, il apparaît au plus haut de son art, et de surcroît servi à merveille par la Staatskapelle de Berlin. Le célèbre son allemand (le deutsche Klang), préservé dans les orchestres d'ex-Allemagne de l'est, avec des cordes et des bois chaleureux, une sonorité d'ensemble si harmonieuse, est d'une intensité dans la couleur très rare aujourd'hui.

    Le chef argentin opte pour des tempi posés, lents – le prélude – avec lesquels font contraste de soudaines accélérations, parfois excessives, dans les passages dramatiques – au II particulièrement. Il réussit néanmois à rester toujours en phase avec le rythme naturel de la partition. La salle ne s'y trompe pas, qui lui réserve une ovation frénétique aux saluts. Les choeurs splendides d'Eberhard Friedrich achèvent de faire de ce Parsifal une véritable fête sonore, dans une mise en scène qui a finalement le mérite de ne pas trop déranger.




    Staatsoper unter den Linden, Berlin
    Le 14/04/2006
    Hermann GRAMPP

    Reprise de Parsifal de Wagner dans la mise en scène de Bernd Eichinger et sous la direction de Daniel Barenboim, dans le cadre des Festtage 2006 de l'Opéra de Berlin.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Parsifal, festival scénique sacré en trois actes (1882)
    Livret du compositeur

    Choeurs de la Staatsoper Unter den Linden
    Staatskapelle Berlin
    direction : Daniel Barenboim
    mise en scène : Bernd Eichinger
    décors : Jens Kilian
    costumes : Andrea Schmidt-Futterer
    éclairages : Franz Peter David
    vidéo : fettFilm
    préparation des choeurs : Eberhard Friedrich

    Avec :
    Hanno Müller-Brachmann (Amfortas), Christof Fischesser (Titurel), René Pape (Gurnemanz), Burkhard Fritz (Parsifal), Jochen Schmeckenbecher (Klingsor), Michaela Schuster (Kundry), Sylvia Schwartz (première fille fleur / premier écuyer), Julia Baumeister (deuxième fille fleur), Simone Schröder (troisième fille fleur / deuxième écuyer / une voix d'alto), Anna Samuil (quatrième fille fleur), Carola Höhn (cinquième fille fleur), Katharina Kammerlohr (sixième fille fleur), Peter-Jürgen Schmitt (premier chevalier du Graal), Yi Yang (deuxième chevalier du Graal), Florian Hoffmann (troisième écuyer), Peter Menzel (quatrième écuyer).

     


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