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CRITIQUES DE CONCERTS |
07 octobre 2024 |
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Récital du pianiste Yundi Li dans le cadre de Piano**** au Théâtre du Châtelet, Paris.
Le romantisme des uns n'est pas celui des autres
Yundi Li
Pour ce premier récital au Châtelet dans la série Piano****, Yundi Li a confirmé ses incroyables qualités, mais a montré aussi ce qui lui reste encore à acquérir. Des doigts en or, mais une pensée qui ne suit pas toujours. Un Mozart très tiède, un dérapage conséquent dans Schumann, puis une superbe réussite dans Liszt et Chopin.
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Petit passage obligé par Mozart, en l'occurrence la 10e sonate en ut majeur KV. 330, avant de plonger dans le Carnaval op. 9 de Schumann : Yundi Li abordait son récital en terrain miné. Rien n‘est plus difficile que de rendre leur couleur et leur relief à ces sonates de Mozart qui n'ont l'air de rien mais se transforment selon celui qui les joue soit en joyaux baroques irrésistibles soit en robinets d'eau tiède. Reconnaissons que c'est plutôt à de l'eau tiède que l'on a droit ce soir, sans toutefois une majeure erreur de goût.
Car le Carnaval de Schumann est l'occasion d'un dérapage complet. Certes, voilà du piano très brillant, virtuose, technique, qui soulève d'ailleurs l'enthousiasme d'une partie du public, mais on se situe alors aux antipodes de l'univers du compositeur, de sa dimension sensible et intellectuelle, voire philosophique et poétique. Rien des petits scintillements métaphysiques qui font la particularité de certaines de ces pièces, rien de l'intériorité des autres, rien non plus de l'arrogance du pamphlétaire porte-étendard d'un mouvement artistique, mais des couleurs clinquantes brossées à grands coups de pinceaux.
Bref, une approche à contre-sens où accents et tempi, phrasés et dynamiques ne sont qu'accumulation d'erreurs. Avec des doigts pareils, Yundi Li n'a qu'à reprendre son approche à zéro, reconstruire, et il parviendra, avec le temps, à nous proposer sans aucun doute autre chose.
Après l'entracte, on croirait avoir affaire à un autre interprète, le Yundi Li des grands soirs, avec une Sonate en si mineur de Liszt absolument somptueuse. Tout y est exact, vrai, personnel, bien pensé et exécuté de façon magistrale, dans un tourbillon technique hallucinant, mais que ponctuent de beaux moments de réflexion, de silence. Chaque passage lent est traité avec un phrasé inspiré, des sonorités recherchées, et les moments techniquement les plus fulgurants ont toujours eux aussi une dimension autre que purement instrumentale. Certainement l'une des plus captivantes interprétations de cette oeuvre entendue depuis bien longtemps.
Le récital s'achève avec l'Andante spianato et Grande polonaise brillante en mib majeur op. 22 de Chopin, un monde où le jeune pianiste est comme dans son jardin. Une preuve évidente, si besoin était, que le romantisme des uns n'est pas du tout celui des autres.
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Théatre du Châtelet, Paris Le 19/05/2006 Gérard MANNONI |
| Récital du pianiste Yundi Li dans le cadre de Piano**** au Théâtre du Châtelet, Paris. | Mozart, Schumann, Liszt, Chopin
Yundi Li, piano | |
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