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CRITIQUES DE CONCERTS |
10 octobre 2024 |
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2e symphonie de Mahler par l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Jun Märkl à l'Auditorium Maurice Ravel de Lyon.
Mahler dans la filiation lisztienne
Jun Märkl
Alors que la saison de l'Auditorium de Lyon arrive à son terme, Jun Märkl termine sa première année à la tête de l'ONL avec des forces vocales de premier choix pour la 2e symphonie de Mahler. Une interprétation globalement concluante et qui fait son effet malgré quelques lacunes dans une lecture orientée très XIXe siècle.
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Après une saison ouverte sur les cercles infernaux de la Dante-Symphonie, Jun Märkl tend une arche en refermant l'année sur les chants vibrants et rédempteurs de la 2e symphonie de Mahler. À quelques mois d'intervalles ressortent de ces deux concerts des constantes dans les partis pris.
Le chef munichois est toujours brillant quand il s'agit de donner impact à un discours urgent, fort charpenté dramatiquement entre des ruptures d'écriture qu'il souligne par des tempi contrastés qui ne relèvent jamais, à la différence de Salonen au Châtelet, du caprice de chef. Le discours est conduit progressivement jusque dans le climax saisissant de la réexposition, soulignée par des timbales sèches dans l'attaque, épaisses dans le son, implacables de ton. Chaque arête du drame haletant de cet Allegro maestoso est mise en valeur dans une optique quasi furioso, dans la filiation directe de la Dante-Symphonie.
La tenue de l'orchestre est toutefois moins irréprochable : l'instrument mahlérien, souffrant ici de cors embourbés quand ils ne sont pas tout à fait vaseux, ne bénéficie pas de toute la virtuosité requise. Surtout, il reste trop compact dans sa consistance, de matière trop uniment sombre et dense, voire parfois sourde. La primauté accordée au discours au détriment du timbre et de l'orchestre situe indubitablement cette lecture très XIXe siècle, évacuant quelque peu le Mahler innovateur et précurseur de la Seconde École de Vienne.
Le chef apparaît aussi moins à l'aise dans le phrasé viennois, dont les contours galbés lui échappent manifestement. Les lignes manquent indéniablement de grâce ; sitôt que le discours se fait moins dramatique et plus sensuel, l'intérêt musical retombe : les glissandi apparaissent comme une articulation supplémentaire, la phrase viennoise, pêchant par trop d'uniformité, ne prend jamais son envol. L'Andante moderato s'avère beaucoup trop droit alors que Märkl s'approprie davantage le Scherzo et la démesure du Finale.
L'entrée de la magistrale Marjana Lipovšek apporte le surcroît d'émotion nécessaire, les lignes enfin conduites au summum de leur potentiel expressif. Cette voix ambrée reste d'une grande noblesse, à l'image des grandes wagnériennes du passé, un léger éraillement rappelant la mythique Astrid Varnay. Michaela Kaune bénéficie d'un matériau plus pur, plus lumineux, dont elle fait un usage parfaitement dosé, passant au-dessus du choeur juste ce qu'il est nécessaire. Mais ce plateau vocal ne serait pas complet sans l'excellence des Choeurs-Bernard Tétu. Quelle lisibilité dans la polyphonie jusque dans les nuances les plus infinitésimales ! Quel sens de accroche dans un saisissant Was entstanden ist !
Porté par un Märkl soucieux de soutenir un climax jusque dans sa conclusion orchestrale, ce Mahler orienté fin XIXe clôt dignement, malgré ces lacunes, une saison très lisztienne.
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Auditorium Maurice Ravel, Lyon Le 02/06/2006 Benjamin GRENARD |
| 2e symphonie de Mahler par l'Orchestre national de Lyon sous la direction de Jun Märkl à l'Auditorium Maurice Ravel de Lyon. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n° 2 en ut mineur, « Résurrection »
Choeur de Lyon-Bernard TĂ©tu
direction : Catherine Molmerret
Michaela Kaune, soprano
Marjana Lipovšek, mezzo-soprano
Orchestre national de Lyon
direction : Jun Märkl | |
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