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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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Wozzeck Ă la Scala de Milan.
Wozzeck grand classique en Italie
Waltraud Meier
Wozzeck appartient désormais au répertoire des théâtres Italiens, devant le Trouvère ! Chaque saison, ce sont au moins deux théâtres qui le mettent à l'affiche et le public l'accueille comme une vieille connaissance. Cette année Wozzeck eut les honneurs de la Scala de Milan avec la direction fervente de James Colon et Waltraud Meier dans le rôle de Marie.
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Qui se souvient de Mitropoulos dirigeant Wozzeck dans cette même Scala de Milan sous les huées et les sifflets ? Le grand maestro avait même été contraint d'interrompre la représentation pour implorer les spectateurs : " Au moins, laissez-nous jouer l'oeuvre, elle est si difficile ! " Rien de tel pour la production de février dernier, Wozzeck est désormais un classique et se rejoue dans la production dépouillée et visuellement élégante d'Erich Wonder. Si la partie décors et costumes suit une ligne nette et précise, on ne peut cependant en dire autant de la lecture scénographique qui en rajoute trop dans l'expressionnisme. Les plus voyeurs - c'est-à -dire la majorité d'entre nous- auront pu au moins apprécier comment Mme Waltraud Meier fait l'amour ! Mais Erich Wonder insiste de façon gratuite sur le rôle de l'Idiot, faisant de lui une espèce d'Innocent à la Boris Godounov. Il se voit d'ailleurs confier les dernières paroles de l'opéra : " Dein Mutter ist tot. " (" la mère est morte ") ce qui relève non seulement d'un choix arbitraire, mais fait fi de l'ambiguïté que répandent les derniers accords écrits par Berg, mélange d'innocence, de désespoir et - malgré tout - de lumière.
Les défauts de la mise en scène sont cependant rattrapés par l'exécution musicale. James Conlon a préparé l'orchestre de la Scala avec beaucoup de soin, comme le musicien compétent et raffiné qu'il est. Plutôt que de souligner ses aspects grotesques et caricaturaux, le chef a mis en valeur l'iridescence de la partition et a su étager les motifs dynamiques avec subtilité, finesse et originalité. Au sein de la distribution, on distingue naturellement la grande Waltraud Meier. Malgré quelque usure dans les aigus, elle imprime une forte personnalité et une sensualité trouble au personnage de Marie. De son côté, Peter Weber est un Wozzeck très correct, introverti à souhaits mais peut-être lui manque-t-il cette faille tragique qui caractérise le rôle. D'un point de vue dramaturgique, Günter von Kannen (le Docteur) et Graham Clark (le Capitaine) sont en revanche irréprochables. Une bonne note finale pour le choeur de la Scala dans la scène nocturne du bastringue, des plus inquiétante et mystérieuse.
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Teatro alla Scala, Milano Le 24/02/2000 Francesco Maria COLOMBO |
| Wozzeck Ă la Scala de Milan. | Wozzeck d'Alban Berg,
Direction musicale : James Conlon
Mise en scène : Erich Wonder
Avec Peter Weber (Wozzeck), Waltraud Meier (Marie), Günter von Kannen (Der Doktor), Graham Clark (Der Hauptmann), Wolfgang Schmidt (Der Tambourmajor), Ute Döring (Margret), David Kübler (Andres). | |
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