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CRITIQUES DE CONCERTS 28 mars 2024

Versions de concert de la Betulia liberata et d'Idomeneo de Mozart sous la direction d'Antonio Florio et Jérémie Rhorer au Festival de Beaune 2006.

Révélations mozartiennes

Antonio Florio

Qu'y a-t-il de baroque chez Mozart ? C'est la question que semble poser le Festival International d'Opéra Baroque de Beaune avec les deux oeuvres programmées à l'occasion du 250e anniversaire de sa naissance. Si la Betulia Liberata s'inscrit parfaitement dans le sillage de ses prédécesseurs, Idomeneo représente un indiscutable point de non-retour dans le domaine de l'opera seria.
 

Cour des Hospices, Beaune
Le 08/07/2006
Mehdi MAHDAVI
 



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  • À l'instar de Mitridate dans le domaine de l'opéra, la Betulia liberata, oratorio en deux actes sur un livret de Métastase, n'a rien qui le distingue des autres oeuvres du même genre composées au tournant des années 1770. La place de l'aria da capo, particulièrement développée, y est prédominante, le choeur n'intervenant que trois fois, et la plupart du temps en dialogue avec un soliste. Malgré le ton souvent sentencieux d'un livret qui n'est pas, loin s'en faut, le meilleur de son auteur, Mozart parvient à créer de véritables caractères en parcourant le catalogue d'airs imposés par un genre calqué sur l'opera seria.

    D'une écriture plus instrumentale que vocale, tous les rôles exigent des chanteurs une tenue acrobatique sans faille. La partie d'Ozia, prince de Béthulie, est à cet égard particulièrement redoutable, exhortant son peuple à ne pas céder au désespoir dès les premières mesures avec une implacable virtuosité. Timbre et expression évangéliques, Makoto Sakurada triomphe de la plupart des embûches, modèle de concentration dans la conduite de l'air Se Dio veder tu vuoi.

    Malgré quelques acidités, Maria Grazia Schiavo confirme un abattage souverain dans l'aria di tempesta Quel nocchier che in gran procella, et Valentina Varriale s'impose par une voix éclatante de jeunesse, quand l'Achior de Sergio Foresti, remarquable de ligne et de couleur, trille avec art. Mais la Giuditta de Marina de Liso, contrainte de jongler entre les registres de sa voix de mezzo, se révèle trop floue dans l'envoûtant Prigionier che fa ritorno, après un récit de la mort d'Holopherne mené avec fougue.

    Un rien dispersée et fragile d'intonation, la Cappella de'Turchini chante superbement sous la direction toujours attentive à la respiration d'Antonio Florio, bien que l'écriture orchestrale ne fasse que rarement le poids face à la pyrotechnie vocale déployée par Mozart.

    Dans Idomeneo, de dix ans postérieur, la tendance s'inverse. Disposant des virtuoses de l'orchestre de Mannheim, que l'électeur palatin Karl Theodor, devenu Prince électeur de Bavière, avait fait venir à Munich, où l'opéra fut créé le 29 janvier 1781, le compositeur y paie son tribut au modèle français, en s'inspirant de Gluck certes, mais peut-être plus encore de Rameau, comme le montrent l'intermède qui clôt le premier acte, l'extraordinaire tempête de la fin du deuxième acte, ou encore la puissance dramatique des choeurs, où, plus lointain encore que la Betulia liberata, le Choeur de Chambre de Namur ne peut laisse que deviner son excellence.

    Jérémie Rhorer en état de grâce

    L'énergie que déploie Jérémie Rhorer à la tête de son ensemble le Cercle de l'Harmonie, où chaque musicien semble jouer comme si sa vie en dépendait, n'est sans doute pas étrangère à l'évidence de cette filiation. Car le jeune chef est en état de grâce, soignant le galbe du récitatif accompagné, le dialogue concertant entre voix et instruments, sans que jamais ne fléchisse une tension dramatique presque insoutenable : Idomeneo n'aura sans doute jamais paru si essentiel, et si court.

    Ainsi stimulés, les chanteurs ne peuvent donner que le meilleur d'eux-mêmes. Magali Léger n'en est pas moins en-deçà des exigences d'Ilia, qu'elle transforme en midinette, certes ravissante, mais d'une ligne trop superficielle. L'Idamante de Renata Pokupic déploie un mezzo lumineux, facile, mais parfois neutre d'expression, surtout face à l'Elettra électrisante de Raffaella Milanesi. La soprano italienne n'en a pourtant pas les moyens, aussi bien en termes d'ampleur que de couleur, mais la musicienne est inspirée, habitée, et trouve, bien qu'un peu courte de tessiture, des ressources inattendues pour les rires furieux de D'Oreste et d'Aiace.

    Stefano Ferrari possède en revanche l'exact profil vocal d'Idoménée, rôle quasiment impossible à distribuer. Technique sans faille, le ténor italien délivre un Fuor del mar à la vocalise intense, et ne cesse d'impressionner par une autorité naturelle dont l'affirmation devrait lui permettre d'acquérir la profondeur qui lui fait parfois défaut dans ce rôle de la maturité.




    Cour des Hospices, Beaune
    Le 08/07/2006
    Mehdi MAHDAVI

    Versions de concert de la Betulia liberata et d'Idomeneo de Mozart sous la direction d'Antonio Florio et Jérémie Rhorer au Festival de Beaune 2006.
    7 juillet :

    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    La Betulia liberata, oratorio en deux parties (1771)
    Livret de Métastase

    Choeur de Chambre de Namur
    Cappella de'Turchini
    direction : Antonio Florio

    Avec : Marina de Liso (Giuditta), Maria Grazia Schiavo (Amital), Makoto Sakurada (Ozia), Sergio Foresti (Achior), Valentina Varriale (Cabri, Carmi).

    8 juillet :

    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Idomeneo, re di Creta, dramma per musica en 3 actes (1781)
    Livret de Giovanni Battista Varesco d'après Idoménée d'Antoine Danchet

    Choeur de Chambre de Namur
    Le Cercle de l'Harmonie
    direction : Jérémie Rhorer

    Avec : Stefano Ferrari (Idomeneo), Renata Pokupic (Idamante), Magali Léger (Ilia), Raffaella Milanesi (Elettra), Robert Getchell (Arbace), Sergio Foresti (La Voix), Thibault Lenaerts (Le Grand Prêtre de Neptune).

     


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