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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Première au festival de Salzbourg 2006 de la Flûte enchantée de Mozart dans la mise en scène de Pierre Audi, sous la direction de Riccardo Muti.
Salzbourg 2006 (9) :
La bonne Flûte pour l'année Mozart ?
Excellent spectacle en soi que cette Flûte traditionnelle et figurative de Pierre Audi, belle et sans histoires, mais drôle d'effet que tant de premier degré dans un festival de Salzbourg 2006 où chacun des vingt-deux opéras mozartiens a fait l'objet d'un questionnement nettement plus fouillé. Tirée à part, une production de luxe, bien dirigée et très bien chantée.
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Question musique, carton presque plein pour cette nouvelle Flûte enchantée à laquelle Salzbourg a réservé son plus beau plateau. Genia Kühmeier, plus investie que l'été passé, est une Pamina de rêve, au timbre radieux, de ceux que le Ciel ne réserve qu'à une mozartienne par génération, avec cette couleur miraculeuse à la Janowitz, cette féminité, cette fraîcheur, ce naturel tellement rares à ce niveau d'excellence dans ce répertoire.
Paul Groves, malgré une typologie vocale désormais vouée à des emplois plus larges, reste un excellent Tamino, à tendance héroïque, toutefois un rien exotique d'accent et juste un peu inégal selon les registres – l'homogénéité – et les nuances – la demi-teinte, que négociait forcément mieux un Michael Schade.
René Pape est toujours un Sarastro impérial, de stature, de matériau, de grave ; Markus Werba un Papageno au timbre un peu gris mais bien chantant et fort sympathique. Des Knaben et des Dames de luxe, un Monostatos qui chante, une Papagena presque aussi lumineuse que Pamina, un Sprecher de tragédie complètent le tableau. La seule déception, relative, viendrait de Diana Damrau, Reine de la nuit sans réelle concurrence – la production d'Achim Freyer –, mais ce soir un rien maniérée, incertaine d'intonation sur les piqués, un peu empêtrée dans ses contre. Un jour sans, à n'en point douter ; mais le rôle est tel !
En fosse, la Philharmonie de Vienne a retrouvé le faste de l'époque Karajan, avec ce soyeux des sonorités, cette nappe d'harmoniques aiguës qui n'appartiennent qu'à elle – les cordes, la flûte, le glockenspiel. Vif de tempi et à toute rondeur, Riccardo Muti semble avoir enclenché comme souvent le pilotage automatique. Mais il commet des nuances, très attentif à l'équilibre avec le plateau, et a finalement le mérite non négligeable de ne jamais déranger.
Si l'an passé, on avait déploré la dichotomie entre la lecture orchestrale toujours bien sonnante mais routinière en diable du chef italien et les arrière-plans grinçants et stimulants de la mise en scène de Graham Vick, aucun hiatus possible cette année avec la production ultra classique de Pierre Audi, reprise d'un spectacle étrenné en 1995 à Amsterdam. Chaque option scénographique fait sens, en parfaite communion avec le livret, avec une lisibilité absolue, avec même une certaine dose d'esthétisme dans le travail de plasticien et les décors en carton-pâte de Karel Appel, dont le jaillissement de couleurs vives et bariolées, l'imagerie naïve ne sont pas sans évoquer le monde de l'enfance.
Une production « marginale » !
Le public salzbourgeois a l'air ravi, si l'on en juge par les regards émerveillés, par les exclamations béates qui accompagnent chaque changement de tableau. Reste que cette Flûte, tout efficace et belle qu'elle est, apparaît comme « marginale » – un comble ! – dans un cycle Mozart 22 où, quand bien même le résultat final ne serait pas forcément probant, pas un opéra du compositeur n'a échappé à une réflexion pertinente sur les ambiguïtés, le second degré, l'amertume sous-jacente, le vague-à -l'âme présents dans l'oeuvre entier du compositeur, qui entrent en résonance avec le monde contemporain.
La mise en scène d'Audi n'est évidemment pas en cause, mais par rapport à la ligne directrice du projet, la Flûte de Graham Vick aurait eu à notre sens nettement plus sa place.
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Großes Festspielhaus, Salzburg Le 19/08/2006 Yannick MILLON |
| Première au festival de Salzbourg 2006 de la Flûte enchantée de Mozart dans la mise en scène de Pierre Audi, sous la direction de Riccardo Muti. | Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Die Zauberflöte, Singspiel en deux actes K. 620 (1791)
Livret d'Emanuel Schikaneder
Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor
Wiener Philharmoniker
direction : Riccardo Muti
mise en scène : Pierre Audi
décors : Karel Appel
costumes : Jorge Jara
éclairages : Jean Kalman
chorégraphie : Min Tanaka
préparation des choeurs : Thomas Lang
Avec :
René Pape (Sarastro), Paul Groves (Tamino), Franz Grundheber (Sprecher / Erster Priester), Xavier Mas (Zweiter Priester), Michael Autenrieth (Dritter Priester), Diana Damrau (Königin der Nacht), Genia Kühmeier (Pamina), Inga Kalna (Erste Dame), Karine Deshayes (Zweite Dame), Ekaterina Gubanova (Dritte Dame), Solisten der Wiener Sängerknaben (Drei Knaben), Irena Bespalovaite (Papagena), Markus Werba (Papageno), Burkhard Ulrich (Monostatos), Simon O'Neill (Erster geharnischte Mann), Peter Loehle (Zweiter geharnischte Mann). | |
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