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CRITIQUES DE CONCERTS |
11 décembre 2024 |
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La Tragédie de Carmen au Théâtre - Scène nationale - d'Angoulème
Le retour de Carmen version BonzaĂŻ
A presque deux décennies d'écart, ressusciter l'atypique Tragédie de Carmen de Jean-Claude Carrière, Peter Brook et Marius Constant semblait une gageure. Caractérisée par une petite formation instrumentale et une reformulation scénographique comme musicale considérable, on aurait pu craindre l'entreprise vouée à l'échec sans Peter Brook. Il n'en fût rien.
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Un critique doit se garder des idées préconçues et des jugements à priori mais j'avoue que je ne croyais pas à cette opération qui jadis tenait de la chirurgie esthétique et me paraissait désormais du réchauffé. Mais il faut croire que les bonnes idées sont assez rares pour qu'elles aient la peau dure. La représentation d'Angoulème (1) à laquelle j'assistai m'a paru d'une jeunesse et d'un enthousiasme communicatif. Et le public ne ménagea ni son attention (on toussait beaucoup moins que lors de certaines représentations parisiennes, ces jours derniers !), ni ses applaudissements dans les vieux murs angoumoisins.
Si la Carmen de Nona Javakhidze se rapprochait de la sensualité exacerbée d'Hélène Delavaux (2), avec des accents de tendresse stupéfiants (mais sans accent !), le Don José de Brandon Jovanovich tenait à la fois de James Dean et de Marlon Brando (jeune). Une violence dans les combats, une détermination vers la mort qui laisse sans voix, mais qui heureusement n'ôtait rien à la beauté de la sienne. Voilà un Don José qu'on aimerait réentendre dans la vraie partition de Bizet, car Laurence Dale (2) a su lui transmettre toute la grande leçon de théâtre de Peter Brook, avec ce plus de musicalité qui est sa signature propre. Quant à l'ensemble instrumental, il fut irréprochable.Au final, on retiendra que la formule de l'opéra Bonzaï est parfaitement viable dans le temps, a condition que la réduction ait été opérée par des jardiniers de grands talents. On se souviendra d'ailleurs que ce procédé s'inscrit parfaitement dans la tradition française, il existe par exemple des versions miniatures des opéras de Rameau, de la plume même du compositeur.
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(1) la production vient du TNT de Bordeaux et s'est donnée à Villeneuve sur Lot, Rochefort, Bayonne et Langon).
(2) qui créa le rôle dans la production originale de Peter Brook.
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Théâtre - Scène Nationale, Angoulême Le 25/03/2000 Antoine Livio (1931-2001) |
| La Tragédie de Carmen au Théâtre - Scène nationale - d'Angoulème | La Tragédie de Carmen d'après Bizet, Mérimée, Meilhac et Halévy, adaptation de Marius Constant, Jean-Claude Carrière et Peter Brook
nouvelle orchestration pour six instruments de Marius Constant
Responsable musical : Philip Walsh
Décors et costumes : Stéphanie Pasterkamp
Avec Carmen (Nona Javakhidze) Don José (Brandon Jovanovich) Escamillo (Laurent Alvaro) Michaëla (Laurence Malherbe) avec Frédéric Guerbert et Mirza Halilovic et aussi Nicolas Duchamp (flûte), Olivier Voize (clarinette), Laurence Vergez (alto), Paricia Berthomieu (percussions), Cécile-Elie Le Lièvre (harpe), piano (Philip Walsh). | |
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