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CRITIQUES DE CONCERTS 25 avril 2024

Nouvelle production de l'Or du Rhin de Wagner mise en scène par Tankred Dorst et sous la direction de Christian Thielemann au festival de Bayreuth 2006.

Bayreuth 2006 (2) :
Une mythologie figée

© Jochen Quast / Bayreuther Festspiele GmbH

Impression pour le moins mitigée après ce prologue du nouveau Ring de Bayreuth confié au dramaturge Tankred Dorst, d'un statisme, d'un jeu théâtral on ne peut plus convenus, et servi de surcroît par un plateau fort médiocre. Seule la direction de Christian Thielemann délivre quelques sortilèges, mais pas vraiment là où on les attendait.
 

Festspielhaus, Bayreuth
Le 22/08/2006
Yannick MILLON
 



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  • On sait que Tankred Dorst, dramaturge allemand majeur de notre Ă©poque, 81 ans Ă  la fin de l'annĂ©e, jamais rompu Ă  l'exercice lyrique, n'a eu qu'un temps limitĂ© pour concevoir et rĂ©aliser sa mise en scène, après le retrait tardif du cinĂ©aste Lars von Trier. On sait aussi que se faire la main sur pareil ouvrage pour un homme de théâtre relève du challenge, surtout dans un lieu mythique comme Bayreuth. Comment pourtant ne pas ressentir une franche dĂ©ception devant cet Or du Rhin qui ne tient pas les promesses que laissaient augurer tant les forces musicales que l'Ă©quipe dramaturgique ?

    Aucune scorie dans ce travail scénique, aucune provocation gratuite ni contresens dans ce Rheingold littéral, à tendance mythologique et dont la principale lacune reste la placidité du jeu, le statisme, la gaucherie des chanteurs livrés à eux-mêmes – une Fricka empotée, une Freia nunuche au-delà de l'imaginable, un Loge mou et sans caractère. Écueil d'autant plus préjucidiable que les décors évocateurs de Frank Philipp Schlössmann, loin de la laideur qu'on nous inflige si souvent de nos jours à l'opéra, offraient un espace idéal au metteur en scène.

    Seule originalité, la présence de passants, monsieurs tout le monde évoluant au milieu des dieux sans les voir – un badaud qui prend en photo les tags de l'un des murs de béton entourant le contrefort du Walhalla ; un électricien venant relever les compteurs au Nibelheim ; des gamins qui jouent à se faire la guerre au tomber de rideau.

    © Jochen Quast / Bayreuther Festspiele GmbH

    Une distribution très faible ne risque pas d'atténuer la déception. Des voix féminines ne surnage que l'Erda de Mihoko Fujimura, voix naturelle déjà haut perchée et pointue pour Fricka, mais qui triche admirablement. Car ses comparses font peur à entendre : des filles du Rhin grêles, dont une Woglinde étranglée dans l'aigu ; une Fricka blanche de timbre, sans une once de personnalité ; une Freia épouvantable.

    Côté masculin, constat à peine moins effrayant. Kwangchoul Youn, beau timbre noble, chante Fasolt tout dans la gorge pour faire géant, Jyrki Korhonen est un Fafner inexistant, Ralf Lukas un Donner sans subtilité, Arnold Bezuyen un Loge ni lyrique ni bouffe, sans séduction et souvent vulgaire de ton – des sons pris par en dessous à s'en décrocher le larynx –, Andrew Shore un Alberich impersonnel et à l'aigu difficile.

    Reste le haut du panier, avec le Froh de Clemens Bieber, le Mime à tendance fort-ténor de Gerhard Siegel et le Wotan de Falk Struckmann, trogne vocale et moyens adéquats, aigu puissant, autorité et projection impressionnantes, même si la voix n'est pas la plus séduisante, avec cette émission vérouillée et écrasée, ces nasalités, et surtout cet allemand rugissant, aux consonnes surarticulées jusqu'à la triphtongue.

    Une direction aérée et fluide

    Christian Thielemann, très attendu pour son premier Ring sur la Colline, frappe là où on ne l'attendait guère. Pourtant grand chantre à l'ancienne, il ne renoue jamais avec la tradition de puissance, de massivité, de sculpture au burin de la matière wagnérienne, leur préférant des textures aérées – les harpes –, un discours fluide, de la souplesse dans les transitions.

    Le prélude, hypnotique, est l'un des plus lents que l'on ait entendus, sans ce débordement terminal nécessaire à lancer l'action, les cuivres manquent de mordant et d'ampleur au Walhalla, mais toujours cette majesté, que le chef allemand pourrait parfois troquer contre plus de tranchant – l'entrée des géants –, ce rubato très à propos dans les fins de phrase, qui sont d'un authentique interprète à personnalité.




    Festspielhaus, Bayreuth
    Le 22/08/2006
    Yannick MILLON

    Nouvelle production de l'Or du Rhin de Wagner mise en scène par Tankred Dorst et sous la direction de Christian Thielemann au festival de Bayreuth 2006.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Das Rheingold, prologue au festival scénique Der Ring des Nibelungen (1869)
    Livret du compositeur

    Orchestre du Festival de Bayreuth
    direction : Christian Thielemann
    mise en scène : Tankred Dorst
    décors : Frank Philipp Schlössmann
    costumes : Bernd Skodzig
    Ă©clairages : Ulrich Niepel

    Avec :
    Falk Struckmann (Wotan), Ralf Lukas (Donner), Clemens Bieber (Froh), Arnold Bezuyen (Loge), Kwangchul Youn (Fasolt), Jyrki Korhonen (Fafner), Andrew Shore (Alberich), Gerhard Siegel (Mime), Michelle Breedt (Fricka), Satu Vihavainen (Freia), Mihoko Fujimura (Erda), Fionnuala McCarthy (Woglinde), Ulrike Helzel (Wellgunde), Marina PrudenskaĂŻa (Flosshilde).

     


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