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CRITIQUES DE CONCERTS 26 avril 2024

Nouvelle production de la Walkyrie de Wagner mise en scène par Tankred Dorst et sous la direction de Christian Thielemann au festival de Bayreuth 2006.

Bayreuth 2006 (3) :
Splendeurs et misères de la Colline

© Jochen Quast / Bayreuther Festspiele GmbH

Falk Struckmann (Wotan)

Représentation sous haute-tension que cette Walkyrie dominée par le Wotan éblouissant de Falk Struckmann et servie par un Christian Thielemann qui commence à lâcher la bride des passions. Excellente illustration du reste de ce que peut être un sauvetage quand un Siegmund malade et hué jette l'éponge après le premier acte.
 

Festspielhaus, Bayreuth
Le 23/08/2006
Yannick MILLON
 



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  • Arrivé à mi-parcours de ce nouveau Ring de Bayreuth, on aurait tendance à oublier le travail très neutre de Tankred Dorst, malgré une scénographie toujours aussi belle et bien pensée, qui ne suffit plus à notre époque à faire une mise en scène. L'intrusion des petites gens dans ce monde mythologique de dieux qui se déchirent est reprise sporadiquement au II, avant de disparaître.

    Le rocher sur lequel Wotan fait son entrée laisse découvrir en pivotant progressivement pendant son grand monologue la tête d'une statue à son effigie, avant que le roi des dieux se voie, dans un accès médiumnique, en Wanderer la lance brisée à la main. Mais la direction d'acteurs reste très faible – toute la séance d'explications entre le père et la fille au III, impossible à ressentir comme une expérience théâtrale tant les colères, les fureurs puis l'attendrissement sont mal joués.

    Si lors du premier cycle en juillet, sans doute accablé comme tout le monde par la canicule qui sévissait sur l'Europe, Falk Struckmann avait eu du mal à venir à bout de cette Walkyrie, il se montre ce soir, sous des températures presque automnales, parfaitement maître du rôle, et même en voix nettement plus égale qu'hier dans l'Or du Rhin. Le métal rugueux, les éclats, la noirceur du timbre, la plénitude du grave, ce sens de la projection dramatique accouchent d'un Wotan éloquent et d'une puissance maîtrisée comme il n'en est guère aujourd'hui, valant au Heldenbaryton un véritable triomphe.

    © Jochen Quast / Bayreuther Festspiele GmbH

    Acclamations encore pour la Canadienne Adrienne Pieczonka, Sieglinde châtiée de chant, noble de ton, sans la forte personnalité d'une Waltraud Meier ni l'outrageante santé vocale d'une Violeta Urmana, mais toujours avec cette sensibilité qui fait que l'on croit au personnage, nettement plus qu'à la Brünnhilde criarde, d'aigu bien faux et de présence balourde d'une Linda Watson pas plus convaincante qu'au Châtelet la saison dernière.

    La Fricka de Michelle Breedt n'est quant à elle qu'une petite bonne femme en colère, qui poitrine à qui mieux mieux pour donner l'impression d'avoir de l'ascendant sur son diable de mari ; le Hunding de Kwangchul Youn qu'une voix de méchant tout à fait fabriquée.

    Reste le cas Endrik Wottrich, bouc émissaire du public depuis le début du festival, essuyant soirée après soirée des huées tantôt injustes tantôt compréhensibles et qui, annoncé malade, se lance quand même dans Siegmund, connaissant lentement mais sûrement un naufrage absolu, terminant le premier acte aphone, sous les protestations d'une salle qui manifeste son mécontentement dès le tomber de rideau.

    Un sauvetage éblouissant

    Même si l'engorgement est sévère et l'émission surcouverte, comme sous une cloche de verre, le timbre, barytonnant et sombre à la Vinay, est pourtant bien celui du rôle. Mais on ne pardonne sans doute pas au jeune ténor d'être le petit-ami de Katharina, la fille de Wolfgang Wagner, et la manière détestable qu'a le public, avant le deuxième acte, d'ovationner l'annonce du remplacement de dernière minute de l'Allemand par Robert Dean Smith nous paraît de la pure grossièreté. Cela dit, le Tristan de cet été est un Siegmund éblouissant, d'un désespoir, d'une tendresse – les derniers mots à Sieglinde encore endormie – d'une élégance racée, et évidemment de voix nettement plus brillante.

    Dans la fosse, Thielemann commence à ouvrir les vannes, à lâcher la bride des passions, et opère des miracles de subtilité, de rubato, de suggestion dans les échanges motiviques entre le frère et la soeur au I, tout en sachant amener fort habilement les climax. Pour être l'égal des plus grands wagnériens du passé, manquent toujours angles plus saillants, accords plus tranchants – le déferlement vertical qui accompagne la sanction contre la Walkyrie au III, trop confortable et amorti.

    Mais les textures et la couleur sont admirablement soignées – les cuivres dans la Todverkündigung, sublimes –, le temps musical géré de main de maître, et l'autorité sur un plateau jamais couvert d'une rare efficacité – les coups de pied sur le podium qui font trembler la salle quand Wottrich, à court de tout, anticipe et écourte toutes ses interventions.




    Festspielhaus, Bayreuth
    Le 23/08/2006
    Yannick MILLON

    Nouvelle production de la Walkyrie de Wagner mise en scène par Tankred Dorst et sous la direction de Christian Thielemann au festival de Bayreuth 2006.
    Richard Wagner (1813-1883)
    Die Walküre, première journée du festival scénique Der Ring des Nibelungen (1870)
    Livret du compositeur

    Orchestre du Festival de Bayreuth
    direction : Christian Thielemann
    mise en scène : Tankred Dorst
    décors : Frank Philipp Schlössmann
    costumes : Bernd Skodzig
    éclairages : Ulrich Niepel

    Avec :
    Endrik Wottrich (Siegmund, acte I), Robert Dean Smith (Siegmund, acte II), Kwangchul Youn (Hunding), Falk Struckmann (Wotan), Adrianne Pieczonka (Sieglinde), Linda Watson (Brünnhilde), Michelle Breedt (Fricka), Satu Vihavainen (Gerhilde), Amanda Mace (Ortlinde), Martina Dike (Waltraute), Janet Collins (Schwertleite), Irene Theorin (Helmwige), Wilke Te Brummelstroete (Siegrune), Annette Küttenbaum (Grimgerde), Alexandra Petersamer (Rossweisse).

     


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