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CRITIQUES DE CONCERTS 18 avril 2024

Reprise d'Idoménée de Mozart dans la mise en scène d'Ursel et Karl-Ernst Herrmann sous la direction de Roger Norrington au festival de Salzbourg 2006.

Salzbourg 2006 (13) :
Un Idoménée royal

© Bernd Uhlig

Ramón Vargas (Idoménée)

Spectacle probablement le plus abouti de ce Mozart 22 au festival de Salzbourg, Idoménée reprenait la mise en scène efficace des époux Herrmann sous la direction éblouissante d'un Norrington inspiré et soigneux, et avec une distribution rien moins que royale. De quoi réaffirmer que Salzbourg est encore capable de pleines réussites musicales.
 

Haus für Mozart, Salzburg
Le 30/08/2006
Thomas COUBRONNE
 



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  • On n'y croyait peut-être plus vraiment, mais les distributions de rêve existent encore en ces temps où la mise en scène dicte leur conduite aux maisons d'opéra. Bien sûr, il y avait eu cette année à Salzbourg de beaux plateaux, des stars, des jeunes prometteurs. Mais une production comme Don Giovanni stigmatisait bien le problème du festival, sans doute initié sous l'ère Mortier : à force de vouloir être créatif dans la mise en scène, on en avait presque oublié que l'opéra se chante aussi. D'où des chanteurs engagés et comédiens, mais pas toujours à la hauteur des exigences vocales du répertoire.

    Au sortir de cet Idoménée, on croirait se réveiller d'un mauvais rêve : la mise en scène des Herrmann, par ailleurs très esthétique, est servie par de vraies belles voix qui chantent admirablement. Ramón Vargas est un Idoménée souverain, d'une émission racée, puissante, très homogène, lumineuse et vaillante. À peine lui manque-t-il un rien de délicatesse viennoise pour être le parfait roi de Crète, mais la ligne de souffle inépuisable – un Fuor del Mar stupéfiant, sans coupure –, la vocalisation très propre, la déclamation énergique et le legato très soigné donnent à son monarque toute l'humanité et la classe requises.

    Magdalena Kožená incarne avec beaucoup d'énergie un Idamante juvénile, avec une chaleur typiquement haendélienne fonctionnant à merveille dans ce rôle de travesti adolescent. L'enthousiasme est là, l'androgynie, l'agilité, la fébrilité, et en scène un côté dégingandé qui fait mouche. La délicieuse Ilia d'Ekaterina Siurina déploie dans la Haus für Mozart un timbre miraculeux, très riche en harmoniques, avec un vibrato très féminin à la Janowitz, une émission très égale et beaucoup de douceur lumineuse. Parfaitement à l'aise dans la légèreté du rôle mais sans jamais rien de grêle ou de blanc, c'est un ravissement que ce chant toujours coloré et en finesse.

    © Bernd Uhlig

    L'Elettra d'Anja Harteros serait plus discutable, car en dépit d'une fièvre et d'accents furieux tout à fait idoines, la voix paraît en comparaison bien lâche et dure. Cela fonctionne dans le spectacle, et il n'est pas gênant d'entendre vociférer la jalouse de service ; mais dans l'absolu on reste un peu dubitatif sur cette utilisation d'une voix par ailleurs large et longue. Les emplois secondaires sont tous efficaces, à commencer par l'Arbace très vaillant de Jeffrey Francis, le tout secondé par un très beau Salzburger Bachchor.

    De son côté, Norrington sert la scène avec beaucoup d'imagination, de recherche dans les couleurs, et surtout une vie trépidante qui force l'adhésion. Il faut entendre la Camerata Salzburg sonner avec ce panache, cette vigueur d'accents, mais aussi ce moelleux et cet art de l'inflexion dans les tenues, pour apprécier à sa juste valeur la musique très inventive de cet opera seria éblouissant et truffé de trouvailles.

    Saisissants, les accords sacrés de la scène de la voix annonçant la fin des épreuves ; on pense à Monteverdi ou – qui sait ? – à Wagner, pas au XVIIIe en tout cas. Contrastée et colorée, la Chaconne finale, sur laquelle les Herrmann ont la bonne idée de dire enfin ce que toute leur mise en scène a gardé en réserve pendant la représentation : tout ce bonheur des puissants, tout le happy end du mariage des jeunes amoureux, le couronnement, ne sont que le résultat d'épreuves terribles où la mort n'est jamais loin, la mort et le sacrifice, la perte de l'être cher, le devoir toujours en contradiction avec l'amour.

    On pense à la Clémence vue la veille où Kušej exposait les travers destructeurs et violents du pouvoir. Assurément, et même si cet Idoménée ne délivre véritablement ces ombres qu'au tableau final, après une scénographie lumineuse et ludique, une construction d'ensemble fraîche, presque naïve, accompagnant gentiment l'intrigue pas exceptionnelle d'un livret plutôt conventionnel, les deux productions tiendront très bien l'une à côté de l'autre dans le coffret DVD attendu pour novembre.




    Haus für Mozart, Salzburg
    Le 30/08/2006
    Thomas COUBRONNE

    Reprise d'Idoménée de Mozart dans la mise en scène d'Ursel et Karl-Ernst Herrmann sous la direction de Roger Norrington au festival de Salzbourg 2006.
    Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
    Idomeneo, dramma per musica en trois actes K. 366 (1781)
    Livret de Giambattista Varesco

    Coproduction avec le Festspielhaus de Baden-Baden

    Salzburger Bachchor
    Camerata Salzburg
    direction : Sir Roger Norrington
    mise en scène : Ursel et Karl-Ernst Herrmann
    décors et costumes : Karl-Ernst Herrmann
    préparation des choeurs : Alois Glaßner

    Avec :
    Ramón Vargas (Idomeneo), Magdalena Kožená (Idamante), Ekaterina Siurina (Ilia), Anja Harteros (Elettra), Jeffrey Francis (Arbace), Robin Leggate (Il Gran Sacerdote), Günther Groissböck (La Voce).

     


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