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CRITIQUES DE CONCERTS 27 avril 2024

Concert de réouverture de la Salle Pleyel par l'Orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach.

Pleyel et son lot de questions

Choix on ne peut plus emblématique que la Symphonie résurrection de Mahler pour la réouverture tant attendue de la salle Pleyel, que l'Orchestre de Paris et Christoph Eschenbach regagnent cette fois pour de bon. Une soirée inégale, émaillée de questionnements de nature musicale autant qu'acoustique.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 14/09/2006
Yannick MILLON
 



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  • Ça y est, l'Orchestre de Paris retrouve enfin Pleyel, sa salle historique, après quatre saisons dans le très inapproprié Théâtre Mogador. L'événement tant attendu mobilise le tout Paris et aiguise les curiosités. La nôtre a délaissé les mondanités et nous a poussé vers la deuxième soirée, concentrée sur l'essentiel : la 2e symphonie de Mahler et la nouvelle acoustique de la salle.

    Au bout d'une grosse heure et demie, on en ressort plus taraudé de questions qu'en y entrant. Au niveau purement musical d'abord, on est partagé entre enthousiasme devant des choix interprétatifs éminemment originaux, un abord personnel de l'oeuvre mahlérien, et circonspection devant une réalisation pas toujours aboutie. On sait les immenses réussites qu'a pu connaître Christoph Eschenbach dans ce répertoire – la 5e symphonie avec les Viennois à Salzbourg, les volets extrêmes de la 3e symphonie avec l'Orchestre de Paris à Mogador – mais on se souvient aussi de lectures plus discutables – la 4e symphonie.

    Ce soir, le chef allemand use comme souvent de tempi démesurément étirés, et de fluctuations agogiques plus ou moins heureuses. Si certains moments fonctionnent – un mouvement initial sans temps mort, avec la sensation adéquate de convoi funèbre, ce Wie ein Kondukt qui préfigure la 5e symphonie ; un Scherzo fluide et bien mené – on perd parfois la sensation de l'arche – un Andante maniériste ; un Urlicht dépourvu de sobriété et desservi par une Mihoko Fujimura qui n'a pour ligne de chant que d'artificiels soufflets ; un Finale à la conclusion trop distendue.

    On reste impressionné devant cette science du rubato, et la discipline de l'orchestre à en traduire les moindres inflexions, mais un peu en rade de frisson tant Eschenbach décompose la battue, allongeant chaque fin de phrase, chaque quatrième temps de la mesure, désarticulant petit à petit le discours dans une symphonie déjà extrêmement difficile à tenir dans des tempi modérés. De plus, le Choeur de l'Orchestre de Paris, guère à la hauteur de l'occasion, ne cesse de baisser dans les passages a cappella, occasionnant des raccords douloureux avec l'orchestre.

    Une acoustique mate

    Une Résurrection inégale donc, mais qu'on écoutait surtout pour tenter d'évaluer la nouvelle acoustique. Du milieu du parterre, la sensation est celle d'une pâte sonore bien définie, claire, d'une bonne perception des détails, mais aussi d'une restitution timbrique un peu crue, sans richesse ni chaleur, d'une sonorité mate qui plafonne facilement dans les grands tutti. De même, les fins de phrases pâtissent d'un manque d'enrobement, de réverbération – les pizz, notamment, sonnent bien secs. En revanche, les voix passent très bien, ce qui n'est pas vraiment essentiel dans un auditorium où la priorité devrait être au rendu instrumental.

    Plus gênant nous paraît le relief pris par les bruits de salle, aussi présents et détaillés que n'importe quel solo sur scène. Le moindre grincement, gigotement, toussotement prennent de l'ampleur, ne laissant rien augurer de bon les mois d'hiver pour les amateurs d'auditoires silencieux. Petite parenthèse positive, la climatisation semble efficace et fait oublier les heures à suer, en toute saison, dans le sauna de Mogador.

    À l'issue de ce premier concert, bien des questions demeurent. Partons du principe que chacun prenait ce soir ses marques, que l'Orchestre de Paris et son directeur musical vont devoir apprivoiser les nouvelles données de la salle et surtout, attendons de voir comment s'en tirera le London Symphony Orchestra en début de semaine prochaine pour en dire plus sur le nouveau Pleyel.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 14/09/2006
    Yannick MILLON

    Concert de réouverture de la Salle Pleyel par l'Orchestre de Paris sous la direction de Christoph Eschenbach.
    Gustav Mahler (1860-1911)
    Symphonie n° 2 en ut mineur, « Résurrection Â»
    Simona Saturova, soprano
    Mihoko Fujimura, mezzo-soprano

    Choeur de l'Orchestre de Paris
    direction : Didier Bouture & Geoffroy Jourdain
    Orchestre de Paris
    direction : Christoph Eschenbach

     


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