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CRITIQUES DE CONCERTS 16 avril 2024

Concert de l'Orchestre symphonique de San Francisco pour la direction de Michael Tilson Thomas au festival de Lucerne 2006.

Lucerne 2006 (5) :
Le sens dramatique sans la couleur

L'édition 2006 du festival de Lucerne s'achève sur deux concerts du San Francisco Symphony Orchestra sous la baguette de Michael Tilson Thomas. Le programme très coloriste de la première soirée s'avère l'occasion rêvée pour juger des qualités d'un orchestre américain et d'un chef parmi les plus en vogue.
 

Konzertsaal, Kultur- und Kongresszentrum, Luzern
Le 16/09/2006
Benjamin GRENARD
 



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  • C'est en leur terre de prédilection que Michael Tilson Thomas et le San Francisco Symphony Orchestra ouvrent cette soirée, dans ce qui restera l'interprétation la plus achevée du programme : un Thanksgiving and Forefather's day de Charles Ives travaillé dans la masse, aux impressionnants blocs de cuivres dans le grave.

    Si les timbres apparaissent proches des expressionnistes dans une lecture réglée au millimètre, Tilson Thomas gère tout aussi bien les contrastes avec une musique populaire qu'il laisse sonner dans la transparence et la simplicité. Un véritable sens de l'ambiance sonore point à chaque instant dans cette oeuvre curieuse façon patchwork, jusqu'à cette sensation d'hypnotisme créée par une couleur polytonale revenant invariablement au célesta.

    En programmant par la suite deux maîtres de la couleur, chacun emblématique de son pays d'origine, le chef américain ne confronte en revanche pas son orchestre avec des oeuvres qui le mettent nécessairement en valeur. L'image sonore du San Francisco se révèle souvent sèche, avec des bois rêches et des cordes roides, apparaissant manifestement insuffisante pour traduire au mieux les couleurs bigarrées du folklore de Schéhérazade ou la sublime orchestration ravélienne.

    Le Concerto en sol commence d'ailleurs par une sortie de route : détaché patinant de la trompette, virages ratés à la flûte, le chef fait son possible pour contrebraquer le volant de ce qui ne restera pas la lecture du siècle. Hélène Grimaud n'en paraît que plus sublime, dans un style oscillant entre le lissage d'un jeu fluide et transparent et l'égrènement délicat de grappes sonores.

    Un piano tout de clarté

    Un mouvement lent diaphane achève de donner au jeu de la pianiste une nette prédilection pour la clarté la plus élémentaire et un temps apaisé : les lignes, pourtant d'un grand potentiel expressif, n'ont jamais parues aussi nues et d'une évidente simplicité. Dommage que l'aigreur du cor anglais ne puisse apporter à ces guirlandes pianistiques de rêve la saveur onirique idoine.

    L'exécution de Schéhérazade est plus convaincante, menée avec un véritable sens dramatique, mais les carences en coloris du San Francisco ressortent cruellement dans cette musique éminemment chatoyante. Malgré un phrasé soigné, une recherche du grain sonore adéquat et la volonté du disciple de Bernstein de tirer chaleur des cordes, l'orchestre peine à traduire la sensualité dont le Jeune prince et la jeune princesse aurait besoin, la matière se révélant toujours beaucoup trop aride.

    Les passages cursifs sont nettement mieux négociés, à l'image de l'ébouriffante Fête à Bagdad, de sorte que cette Schéhérazade apparaîtra finalement beaucoup plus théâtrale que folklorique. Sans doute Tilson Thomas n'est-il lui-même pas dupe de ces lacunes : l'ouverture de Russlan et Ludmila de Glinka qu'il conduit admirablement en bis sacrifie elle aussi la couleur locale au brillant et à l'impact.




    Konzertsaal, Kultur- und Kongresszentrum, Luzern
    Le 16/09/2006
    Benjamin GRENARD

    Concert de l'Orchestre symphonique de San Francisco pour la direction de Michael Tilson Thomas au festival de Lucerne 2006.
    Charles Ives (1874-1954)
    Thanksgiving and Forefather's Day (1933)

    Maurice Ravel (1875-1937)
    Concerto pour piano en sol majeur (1931)
    Hélène Grimaud, piano

    Nicolaï Rimski-Korsakov (1844-1908)
    Schéhérazade, poème symphonique op. 35 (1888)

    San Francisco Symphony Orchestra
    direction : Michael Tilson Thomas

     


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