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CRITIQUES DE CONCERTS |
05 octobre 2024 |
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Concert de clĂ´ture du festival de Lucerne 2006 sous la direction de Michael Tilson Thomas.
Lucerne 2006 (6) :
ClĂ´ture sous le signe de l'Ă©quilibre
Cette année, c'est à Tilson Thomas qu'il revient de clôturer le festival de Lucerne, avec cette fois la trascendante 8e symphonie de Mahler. Une excellente tenue d'ensemble dominée par des choeurs et un quintette féminin quasi irréprochables, le tout conduit par un chef s'attachant à retranscrire l'incomparable expérience d'un ouvrage tendant vers l'absolu.
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Au lendemain d'une prestation quelque peu avare en couleurs et en chair orchestrale, il convient de considérer autrement le travail de Michael Tilson Thomas et du San Francisco Symphony Orchestra dans la 8e symphonie de Mahler. La distribution titanesque de cette Symphonie des Mille pose en effet des problèmes tout à fait inverses de par sa démesure. Dans le maelström déchaîné qu'est le Veni Creator, même cet orchestre dégraissé et ces choeurs d'une exceptionnelle lisibilité paraissent à l'étroit dans la salle du KKL. Comme si ce bouillonnement dionysiaque de la création en effervescence, ce cri primal ne pouvaient faire autrement qu'étourdir jusqu'à l'ivresse.
Le chef américain mène néanmoins cette tumultueuse dionysie de polyphonies avec vivacité, force intelligence et souplesse, privilégiant la clarté et le tranchant comme pour mieux révéler le côté solaire de cette hymne délirante à la Création et à l'Amour. L'orchestre, manquant toujours de soyeux dans les cordes et de sous-bassements dans le grave, qui auraient certainement rendu l'écoute de cette première partie plus confortable, se pare de couleurs plus vives que la veille ; la finition et la précision menées avec un remarquable souci de continuité composent une lecture d'un seul tenant. Et dans un orchestre à l'image sonore quelque peu décevante par rapport à sa stature internationale, on accordera une mention spéciale aux cuivres, apportant toujours le soutien et la densité nécessaires.
La pierre angulaire de cette interprétation reste sans doute les choeurs, impeccables de diction et de clarté, jusque dans les colorations sépulcrales du Was enstanden ist final, mais tout aussi capables d'une puissance extraordinaire. Tous les pupitres frisent le beau fixe, y compris le Knabenkantorei de Bâle, jamais vibré, angélique dans sa recherche de transparence et de pureté.
Un quintette féminin proche de l'idéal
Le plateau de solistes est largement dominé par les dames, quasi irréprochables : Erin Wall, rayonnante de mille feux, règne en souveraine dans une vocalité à la sensualité straussienne ; Michelle DeYoung bénéficie d'un timbre idéal, d'une émission fluide qui laisse s'écouler un chant roboratif ; dans une intervention aussi courte que mémorable, Laura Claycomb campe une Mater Gloriosa onirique, qui fait magnifiquement pendant à la pureté non moins virginale d'une Marisol Montalvo toujours idoine.
Le trio masculin, sans tout à fait démériter, n'est malheureusement pas du même niveau. Anthony Dean Griffey compense une émission un peu difficile par des intentions habiles mais trop systématiquement doucereuses, préférables toutefois à l'aigu bien faible de James Johnson ou aux vociférations disgrâcieuses de Raymond Aceto.
Au final, l'ouvrage bien défendu par une équipe équilibrée – ce qui n'est pas si courant –, il n'est qu'à se laisser saisir. Une bien belle manière en tout cas de refermer un Lucerne 2006 conforme aux standards d'excellence initiés par le festival suisse depuis plusieurs années.
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Konzertsaal, Kultur- und Kongresszentrum, Luzern Le 17/09/2006 Benjamin GRENARD |
| Concert de clĂ´ture du festival de Lucerne 2006 sous la direction de Michael Tilson Thomas. | Gustav Mahler (1860-1911)
Symphonie n°8 en mib majeur (1907)
Marisol Montalvo (soprano I / Magna Peccatrix)
Erin Wall (sopran II / una Poenitentium)
Laura Claycomb (soprano III / Mater Gloriosa)
Michelle DeYoung (alto I / Mulier Samaritana)
Elena Manistina (alto II / Maria Aegyptiaca)
Anthony Dean Griffey (ténor / Doctor Marianus)
James Johnson (baryton / Pater ecstaticus)
Raymond Aceto (basse / Pater Profundis)
Prager Philharmonischer Chor
direction : Miroslav Kosler
Chor der Bamberger Symphoniker
direction : Rolf Beck
Knabenkantorei Basel
direction : Beat Raaflaub
San Francisco Symphony Orchestra
direction : Michael Tilson Thomas | |
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