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CRITIQUES DE CONCERTS |
04 octobre 2024 |
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Reprise de l'Amour des trois oranges de Prokofiev dans la mise en scène de Gilbert Deflo, sous la direction d'Alexander Lazarev à l'Opéra de Paris.
Un spectacle plein de vitamines
Reprise de l'excellente production de l'Amour des trois oranges de Prokofiev signée Gilbert Deflo, créée la saison dernière sur cette même scène. Tout y paraît encore plus adéquat, joyeux, attrayant, intelligent. Quelques changements plus ou moins heureux dans la distribution n'entament en rien notre plaisir.
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Nous avions souligné dans ces colonnes il y a bientôt un an la réussite presque sans ombres de cet Amour des trois oranges de Gilbert Deflo, placé alors sous la baguette de Sylvain Cambreling. Onze mois plus tard, le plaisir est identique. On apprécie autant cette vision extrêmement poétique située dans l'univers du cirque et dont les choeurs débordent dans la salle à cour comme à jardin, utilisation vraiment astucieuse des masses chorales qui participent tantôt en spectateurs, tantôt en acteurs à cette action déjantée. Préparés par Peter Burian, les choeurs font d'ailleurs une impressionnante démonstration tant musicale que théâtrale.
Faut-il redire aussi la si attachante composition de Charles Workman en Prince tour à tour désespéré d'ennui et mu d'une énergie incontrôlable, avec sa silhouette dégingandée et poétique de grand Pierrot à la Debureau, et sa ligne de chant magnifique ? On chante en français, comme dans la version originale, ce qui ne veut pas dire que l'on comprenne tout le monde
Mais on comprend Workman sans problèmes, comme bien souvent les artistes anglo-saxons. Simple coïncidence ou problème d'école ? Toujours irrésistible Trouffaldino de Barry Banks, aussi bon comédien que chanteur, tout comme Philippe Rouillon en Roi de Trèfle ou Victor von Halem en monstrueuse et tendre Cuisinière. Aleksandra Zamojska reste une adorable Ninette, à la voix idéalement claire et fraîche.
Parmi les nouveaux venus, on ne peut que se féliciter de la présence d'Alain Vernhes en Tchélio, dont il a la voix et la prestance comique. On pouvait craindre Jeanne-Michèle Charbonnet sous employée en Fata Morgana, mais finalement, cette voix d'Isolde et de Brünnhilde a semblé bien inutilement vaste et flageolante dans un emploi en principe en dessous de ses grands moyens. Farfarello très honnête d'Antoine Garcin mais regrettable voix sans charme et grelottante de Patricia Fernandez en Princesse Clarice. Une ligne de mannequin peut servir à l'opéra, mais il faut aussi savoir chanter.
Assez différente de celle de Sylvain Cambreling, la direction d'Alexander Lazarev, qui fut chef principal et directeur artistique du Bolchoï, apporte des couleurs souvent plus orientales, une dynamique marquée différemment, tout en s'appuyant à l'évidence sur l'acquis du travail de la saison dernière, le tout avec un enthousiasme communicatif. Car l'orchestre y sonne de manière bien gratifiante.
Une belle soirée d'opéra, pour un ouvrage majeur malgré ses allures de farce, trop mal connu en occident.
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Opéra Bastille, Paris Le 13/11/2006 Gérard MANNONI |
| Reprise de l'Amour des trois oranges de Prokofiev dans la mise en scène de Gilbert Deflo, sous la direction d'Alexander Lazarev à l'Opéra de Paris. | Serguei Prokofiev (1891-1953)
L'Amour des trois oranges, opéra en un prologue et quatre actes (1921)
Livret du compositeur d'après la pièce de Carlo Gozzi
Choeurs et Orchestre de l'Opéra national de Paris
direction : Alexander Lazarev
mise en scène : Gilbert Deflo
décors et costumes : William Orlandi
chorégraphie : Marta Ferri
éclairages : Joël Hourbeigt
préparation des choeurs : Peter Burian
Avec :
Philippe Rouillon (le Roi de Trèfle), Charles Workman (le Prince), Patricia Fernandez (la Princesse Clarice), Guillaume Antoine (Léandre), Barry Banks (Truffaldino), Jean-Luc Ballestra (Pantalon), Alain Vernhes (Tchélio), Jeanne-Michèle Charbonnet (Fata Morgana), Letitia Singleton (Linette), Natacha Constantin (Nicolette), Aleksandra Zamojska (Ninette), Victor von Halem (la Cuisinière), Antoine Garcin (Farfarello), Lucia Cirillo (Sméraldine), Nicolas Marie (le Maître de cérémonie), Rodrigo Garcia (le Hérault). | |
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