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CRITIQUES DE CONCERTS 19 mars 2024

Oratorio de Noël de Bach sous la direction de William Christie à la salle Pleyel, Paris.

Les pièges de Pleyel
© Ana Bloom / Virgin Classics

On adore la nouvelle salle Pleyel. À juste titre. Mais il faudra sans doute aussi savoir en évaluer un jour les limites. Les voix baroques y ont-elles vraiment leur place ? On est tout à fait en droit de s'interroger après cet Oratorio de Noël par William Christie et ses Arts Florissants, par ailleurs brillamment défendu.
 

Salle Pleyel, Paris
Le 12/12/2006
Gérard MANNONI
 



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  • ÂŒuvre ample et magnifique, l'Oratorio de Noël de Bach n'a pas l'éclat théâtral des grandes Passions, mais son intériorité, la densité spirituelle de ses chorals, l'envolée de ses choeurs et le dessin de l'écriture vocale des parties de solistes ont un charme allié à une force sobre qui impressionnent et séduisent tout à la fois. Le choeur des Arts Florissants est sorti grand vainqueur de l'épreuve constituée par l'intégration des ensembles baroques dans les grandes salles actuelles.

    C'est un problème qu'il n'est pas politiquement correct de soulever, dans la mesure où le public que ces ensembles attirent est si nombreux qu'on peut difficilement cantonner ces concerts dans des lieux qui leur correspondraient mieux mais qui, de toute manière, ne seraient pas rentables. La situation est pour l'instant irréversible, mais ce n'est pas une raison pour ne pas en souligner les inconvénients. Ainsi donc, la partie chorale de l'Oratorio de Noël a sonné avec toute la présence et la couleur voulues, sous la baguette inspirée de William Christie, donnant relief, vie, tonicité à aux admirables structures de cette musique.

    Du premier rang du premier balcon, place normalement idéale, la partie orchestrale parvient de manière déjà bien moins satisfaisante, permettant quand même d'apprécier avec suffisamment de clarté le travail effectué par Christie, l'approche du chef étant très judicieusement située au point d'équilibre exact de la partition entre méditation et théâtralité, voyage intérieur et récit biblique didactique, avec un très subtil soin du détail parfois difficile à discerner ici. Les interventions du violon solo, par exemple, paraissent perdues dans l'espace, et cela malgré les incontestables qualités acoustiques du lieu testées avec d'autres types de formations.

    Voix inexistantes

    Quant aux solistes vocaux, il faut bien reconnaître qu'à l'exception de l'excellent baryton Markus Werba, aucun n'est à sa place dans un lieu pareil, ce qui cause déséquilibre et frustration. Le contre-ténor Tim Mead a une très jolie voix et un style sans faille, mais des moyens inadaptés à une salle de ce type. Voix plate, sans charme, portant mal, du ténor Marcel Beekman et présence bien trop fluette aussi du soprano de Marie Arnet. Quant à Nicholas Watts, chargé du rôle important de l'Évangéliste, il est insignifiant à tous égards : son, expression, musicalité. Il est plus que probable que tous ces artistes auraient existé différemment dans un lieu autre, peut-être une église ou une salle plus réduite.

    Ce type de considérations est très mal accepté, on le sait. Ceux qui les émettent sont le plus souvent soupçonnés d'agir avec les plus perverses arrière-pensées. Inutile pourtant de refuser d'affronter la vérité en acceptant sans discuter les affirmations que l'on assène à tort et à travers, pour des raisons souvent plus commerciales que musicales. N'oublions pas, toutes proportions gardées et en restant conscient des limites d'une telle comparaison, que le Palais des Congrès de la Porte Maillot, que l'on a renoncé finalement à utiliser autrement que sonorisé et pour des comédies musicales, fut à l'origine le havre de l'Orchestre de Paris et qu'on y donna même de la musique de chambre.

    Ceux qui s'insurgeaient contre cet état des choses étaient accusés de surdité et de ringardise. Essayons donc de garder la tête froide et les oreilles honnêtes. Pleyel est une salle superbe à l'acoustique quasi idéale pour les voix d'opéra et pour les vastes formations orchestrales. Est-elle idéale pour les baroqueux ? Posons la question. Tout le monde y gagnera, les salles de concert et même les ensembles baroques.




    Salle Pleyel, Paris
    Le 12/12/2006
    Gérard MANNONI

    Oratorio de Noël de Bach sous la direction de William Christie à la salle Pleyel, Paris.
    Johann-Sebastian Bach (1685-1750)
    Oratorio de Noël, BWV 248

    Nicholas Watts (l'Évangéliste)
    Marie Arnet, soprano
    Tim Mead, contre-ténor
    Marcel Beekman, ténor
    Markus Werba, basse

    Choeur et Orchestre Les Arts Florissants
    direction : William Christie

     


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