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CRITIQUES DE CONCERTS 18 avril 2024

Récital de la mezzo-soprano Vivica Genaux accompagnée par la Cetra sous la direction d'Attilio Cremonesi au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.

Ennui virtuose

Physique de rêve, technique singulièrement virtuose, ambitus infini, Vivica Genaux a tout pour être une star, à la manière de Magdalena Kožená, dans le sillage de Cecilia Bartoli. Époustouflante au disque, la mezzo venue du froid n'en reste pas moins en deçà des exigences rhétoriques et expressives de Haendel et Hasse sur la scène du TCE.
 

Théâtre des Champs-Élysées, Paris
Le 18/12/2006
Mehdi MAHDAVI
 



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  • S'ils furent tous les deux surnommés caro Sassone par les Italiens, Haendel et Hasse n'eurent finalement que peu de choses en commun. Tandis que l'aîné introduisait l'opéra italien à Londres, où il demeura toute sa vie, cultivant – presque sans concession à la mode, et surtout aux chanteurs – un style puissamment dramatique, jusqu'à la quasi invention de l'oratorio anglais, le cadet se partageait entre Dresde et l'Italie, où il fit fleurir, au gré des gosiers les plus illustres de son temps, le style galant.

    Et si la postérité a privilégié Haendel, c'est moins, comme l'affirme Gerhard Poppe dans les notes de programme, « du fait que, précédemment, son nom était déjà dans toutes les bouches en lien avec l'oratorio et la musique instrumentale – s'y ajoute le fait que presque toutes ses oeuvres sont accessibles depuis plus d'un siècle dans diverses éditions imprimées Â» que pour la qualité d'une oeuvre capable de révéler son génie tant dramatique que musical à travers les interprétations les plus arides.

    Tel n'est pas, loin s'en faut, le cas de Hasse, auquel seuls des chanteurs hors du commun peuvent rendre justice. Rossinienne émérite, qui a su s'engouffrer, à l'instar de Magdalena Kožená, mozartienne monotone quelques jours plus tôt sur la même scène, sur la voie, ouverte par Cecilia Bartoli, des mezzo-sopranos hypervéloces et étendues, Vivica Genaux n'en a pas moins su nouer avec la vocalité du compositeur une relation privilégiée, depuis leur rencontre sous l'égide de René Jacobs.

    Sa technique singulière, basée sur le grignotage systématique de la moindre double-croche, mais aussi des trilles – voir une mâchoire bouger à une telle vitesse est une expérience aussi inédite que mémorable –, lui permet en effet de se mesurer aux plus interminables cascades de vocalises, jusqu'à en rajouter dans des da capi échevelés, où l'auteur même serait bien en peine de reconnaître sa ligne mélodique. Aussi spectaculaire soit-il au disque, cet art de la colorature devient laborieux en concert, tant, fin plus que moyen, il souligne les failles de l'instrument et de l'interprète.

    Car Vivica Genaux possède une voix longue, certes, mais d'une ampleur limitée dans ce registre de contralto où elle se meut la plupart du temps, et qui la contraint à tasser des graves non sans efficacité, mais d'une couleur particulièrement ingrate. Ainsi, le choix d'Orlando, partie la plus basse composée par Haendel pour le castrat profond de Senesino, s'avère plus que discutable : Fammi combattere a beau ouvrir le feu avec panache, la chanteuse glisse sur la déclamation hallucinée de la scène de folie.

    Cantonnée dans le mezzo-forte

    Si la tessiture d'Ariodante, destiné au mezzo-soprano surhumain de Carestini, lui convient mieux, son Scherza infida n'ira jamais au-delà d'une musicalité scrupuleuse, dans un immuable mezzo-forte. D'autant que la matité de ce timbre, qui ne s'épanouit que dans l'extrême aigu, et seulement piqué, ne tarde pas à lasser. Indiscutable, la performance n'en est pas pour autant suffisamment électrisante pour que les airs de Hasse ne donnent l'impression de tourner en rond.

    La rhétorique expressive purement vocale de l'autre caro Sassone ne peut en effet se satisfaire d'une mécanique aussi infaillible que sage, même doublée d'un charme physique ravageur : Vivica Genaux orne les da capi avec une réjouissante fantaisie, mais paraît curieusement timorée dans les cadences, comme pour ne pas froisser le bon goût, manquant quoi qu'il en soit de l'abattage et de la personnalité nécessaires au déploiement d'un authentique feu d'artifice.

    Il est vrai que le dialogue avec les cornistes, aux prises avec des instruments naturels dans la partie proprement injouable de la redoutable aria di paragone Nocchier che teme assorto extraite de Cajo Fabricio, d'ailleurs bissée in extenso, menace constamment de virer à la mauvaise plaisanterie, tandis que l'ensemble la Cetra, malgré une sonorité étonnamment chaleureuse pour un effectif d'une quinzaine de musiciens, peine à mettre à exécution les idées du très compétent Attilio Cremonesi qui, en digne disciple de René Jacobs, en aligne quinze à la mesure.




    Théâtre des Champs-Élysées, Paris
    Le 18/12/2006
    Mehdi MAHDAVI

    Récital de la mezzo-soprano Vivica Genaux accompagnée par la Cetra sous la direction d'Attilio Cremonesi au Théâtre des Champs-Élysées, Paris.
    Georg Friedrich Haendel (1685-1759)
    Water Music, suite n° 1 (extraits)
    Fammi combattere, Ah ! Stigie larve... Già latra Cerbero... Vaghe pupille (Orlando)
    Scherza infida (Ariodante)
    Sta nell'ircana (Alcina)

    Johann Adolph Hasse (1699-1783)
    Superbo di me stesso (L'Olimpiade)
    Son morta... Nelle cupe orrende grotte (Senocrita)
    Ciro riconosciuto (Sinfonia)
    Fra quest'ombre (Solimano)
    Nocchier che teme assorto (Cajo Fabricio)
    Vivica Genaux, mezzo-soprano

    La Cetra
    direction : Attilio Cremonesi

     


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